Actualités of Monday, 18 August 2025

Source: www.camerounweb.com

'Le Cameroun n’est pas à l’abri d’une crise' : une des voix imposantes prend enfin la parole

Des craintes justifiées Des craintes justifiées

Kuissu Mephou Philippe Gérard, journaliste et activiste camerounais, membre de l’association Tribunal Article 53, adresse une lettre ouverte à plusieurs sommités nationales, sous-régionales et mondiales. Dans celle-ci, il fait savoir qu’une crise sociopolitique menace le pays, alerte du danger, et propose aux organisations internationales de s’impliquer par tous les moyens du droit.

Madame, Monsieur, le Cameroun pays tampon entre le sahel et la forêt, pays tampon entre le Christianisme et l’islam. Le Cameroun traverse un moment délicat de son histoire. Le respect de la souveraineté des États et l’obligation de réserve qui vont avec vos fonctions respectives ne vous permettent pas d’agir. En même temps se taire devant le déni de justice qui a court en ce moment au Cameroun est proprement une non-assistance aux populations camerounaises. Plusieurs faits et injustice ont cours. Nous voulons nous attarder sur cinq à (05) faits saillants.

1.L’article 80 de la loi électorale oblige l’organisme qui organise les élections à publier la liste électorale. Malgré la saisine de cet organisme, et la saisine de la justice elle n’a pas été publiée.

2.Le principal leader de l’opposition le Pr Maurice Kamto est écarté sur la base d’arguments spécieux : Nous pourrions discuter de vive voix documents et arguments à l'appui.

3. A ce jour des dizaines de militants du MRC et un millier de militants anglophones croupissent dans les prisons camerounaises sans procès, en attente de justice

4. Le Cameroun est sur deux fronts une guerre contre les indépendantistes anglophones et une autre contre Boko Haram : cette situation est porteuse de gènes qui peuvent perturber la paix et la sérénité de la sous-région.

5. Plusieurs militants du parti Mouvement pour la renaissance sont arrêtés et privés de liberté pour leur simple présence aux audiences du Conseils Constitutionnel.

Toutes ces situations et ces faits sont sources de tensions sociales et d’une fracture entre les Camerounais. La mise à l'écart d'un candidat de surcroît principal leader de l'opposition est sources d'inquiétude et porte une atteinte à la crédibilité du processus électoral.

Pourquoi faut-il attendre que les conflits naissent pour agir ? Il y a des raisons de penser qu’au Cameroun la situation préélectorale actuelle est pour le moins préoccupante.

Mesdames, Messieurs, les institutions ont pour habitude d’agir après la naissance des conflits. L’exemple parfait est observable avec la Cedeao. Des tripatouillages électoraux, des manipulations de la constitution et des situations sécuritaires précaires ont abouti à des prises de pouvoirs par des militaires. Et nous avons vu tout le ramdam des sanctions et actions presque sans effets.

Aujourd’hui Mesdames, Messieurs, nous vous interpellons aux fins d’éviter une crise qui peut entraîner des conséquences lourdes. Avec une crise sécuritaire qui perdure dans la partie septentrionale du Cameroun. Une guerre contre le peuple frère anglophone ou justement un dialogue aurait pu tout gérer. Avec une frontière Poreuse côté est ou des bandes armées centrafricaines font des incursions. Aujourd’hui disions-nous une crise serait catastrophique pour le Cameroun et la sous-région.

Vous pouvez interpeller. Vous pouvez intercéder. Vous pouvez prévenir. Vous pouvez agir. Vous devez agir.

Quelques repères : 1. Le Président Biya après 43 ans de règne se présente pour un 8e mandat de 7 ans à 92 ans. 2. Les dirigeants de Elecam et le conseil électoral organisme chargé de gérer le processus électoral sont uniquement et unilatéralement nommés par le Chef de l’exécutif. 3. L’article 80 de la loi électorale qui demande la publication de la liste électorale n’a pas été respecté. Malgré les nombreuses requêtes en justice qui s’est déclarée incompétente. 4. Plusieurs partis politiques et groupes de partis ont déposé au gouvernement au parlement et à Elecam des propositions et amendements qui n’ont jamais été examiné. 5. ELECAM vient de publier la liste des candidats à la présidentielle et il se trouve que le Pr Maurice Kamto est écarté de la compétition électorale sous des prétextes fallacieux et spécieux. Le Pr Kamto est le principal opposant au Régime autocratique en place. Mise à l'écart confirmé par le Conseil constitutionnel.

Vu ces repères et plusieurs autres faits, le Cameroun n’est pas à l’abri d’une crise sociopolitique. Une nouvelle crise assise sur celles existantes et le climat social tribalisé et tendu en sus de la perte constante du pouvoir d’achat conduisent à des situations extrêmement délicates ? Nous craignons une situation critique qui basculerait le Cameroun dans l’instabilité mais pire qui aura à coup sûr un impact politique et économique sur les instabilités la sous-région.

Mesdames, Messieurs, notre cri du cœur est un appel au secours. Notre cri est un appel à assister le peuple camerounais otage d’un système politique oligarchique ou l’injustice l’imposture et la mal gouvernance ont cours.