Actualités of Tuesday, 26 August 2025

Source: www.camerounweb.com

La nouvelle que tous les Camerounais redoutaient vient de tomber

Une élection, deux absences : le paradoxe camerounais. La présidentielle du 12 octobre 2025 n’oppose pas des visions d’avenir : elle se résume à deux absences. Maurice Kamto, figure de l’opposition, est écarté par une décision institutionnelle qui neutralise la seule alternative crédible. Paul Biya, 92 ans, est candidat… mais invisible, absent du débat public, réduit à une présence symbolique entretenue par son appareil partisan.

Cette élection illustre avec une clarté presque cruelle les paradoxes de ce que la science politique qualifie d’autoritarisme électoral : des scrutins réguliers, organisés et médiatisés, mais dont la substance démocratique est neutralisée par l’exclusion des véritables protagonistes. Cette édition s’inscrit pleinement dans cette logique, au point que l’on pourrait la résumer à deux absences aussi éloquentes que révélatrices : celle de Maurice Kamto et celle de Paul Biya.

Maurice Kamto : l’exclusion institutionnalisée

Grand rival du régime le professeur Maurice Kamto représentait la possibilité d’une alternance crédible. Porté par une mobilisation populaire dense, il a su incarner l’idée d’un Cameroun qui pourrait s’extraire de la logique d’éternelle reconduction. Mais son éviction par l’organe électoral (Elecam), entérinée par le Conseil constitutionnel, révèle la mécanique subtile d’un pouvoir qui ne triomphe pas de ses adversaires par le débat ou par les urnes, mais par l’élimination procédurale.

Son absence ne relève donc pas d’un choix démocratique, encore moins d’une décision aux assises juridiques recevables, mais d’une neutralisation systémique : priver l’opposition de son visage le plus fédérateur et réduire la compétition à une multitude de candidatures périphériques, incapables de polariser l’opinion. En ce sens, le cas Kamto incarne la victoire du droit instrumentalisé sur le suffrage librement exprimé.

Paul Biya : l’impasse d’un pouvoir absent

À 92 ans, Paul Biya n’est pas tant un candidat invisible qu’un candidat à bout de souffle, expression vivante de l’impasse politique camerounaise. Après 43 ans au pouvoir, son maintien n’apparaît plus comme le fruit d’une stratégie concertée, mais comme l’aboutissement d’un système incapable d’imaginer l’après-Biya.

Ses rares apparitions publiques, furtives et contrôlées, deviennent des événements célébrés par ses partisans comme autant de preuves de vitalité. L’image d’un président qui marche quelques pas, qui lève une main ou prononce quelques mots est brandie comme une victoire, quand elle traduit en réalité une fragilité manifeste. On n’y lit pas la force d’un leadership, mais la mise en scène de la survie.

Plus qu’une stratégie, cette « invisibilité » est donc le symptôme d’un affaiblissement physique, politique et symbolique. Elle illustre la contradiction d’un pouvoir qui s’accroche : trop fragile pour se montrer, trop dépendant pour se retirer. Le Cameroun se retrouve ainsi prisonnier d’un président qui ne gouverne plus qu’à travers son absence, tandis que ses fidèles entretiennent le culte de sa longévité comme si elle tenait lieu de projet de société.

Une démocratie vidée de sa substance

Ces deux absences, l’une imposée, l’autre choisie se répondent comme les deux faces d’une même pièce. Elles révèlent que l’élection camerounaise n’est pas une scène de délibération citoyenne, mais un théâtre où le pouvoir se met en scène tout en neutralisant le conflit politique. Le peuple est invité à voter, mais sans véritable alternative : l’opposant est écarté, le président est invisible.

On pourrait y voir la quintessence de la démocratie procédurale sans contenu, où l’acte électoral existe mais ne fonde plus la souveraineté populaire. En d’autres termes, une élection sans choix, où l’absent et l’invisible tracent les contours d’une compétition déjà vidée de son sens.

Un point de vue de Me Jonas Fadeu, un ancien conseiller du gouvernement du Canada, avocat au barreau du Québec, relayée par le lanceur d’alerte Paul Chouta.