Actualités of Tuesday, 29 April 2025

Source: www.camerounweb.com

L’ombre de la première dame : Chantal Biya et son influence décisive sur les remaniements ministériels

Alors que les rumeurs d'un remaniement ministériel s'intensifient au Cameroun, particulièrement suite à l'absence prolongée du ministre de la Justice Laurent Esso, l'attention se porte également sur un acteur moins visible mais tout aussi influent dans l'équation politique camerounaise : la Première Dame, Chantal Biya.



Selon plusieurs sources proches de la présidence, l'épouse du chef de l'État exercerait une influence considérable sur les nominations ministérielles, un pouvoir qui, bien que non officiel, serait déterminant dans la composition finale du gouvernement camerounais.

"Quand Paul Biya décide de faire la liste, Chantal Biya passe à côté, elle arrache le papier. Dès qu'elle ne voit pas les noms de ses gens, elle fait 'Tsuip', elle déchire", confie sous couvert d'anonymat un ancien conseiller présidentiel. Cette description colorée illustre l'ascendant que la Première Dame aurait sur son époux concernant certaines décisions stratégiques.
Au fil des années, Chantal Biya aurait constitué autour d'elle un réseau de fidèles dont elle défendrait ardemment les intérêts lors des remaniements. Ces personnalités, parfois surnommées "les gens de Chantal" dans les couloirs du pouvoir, bénéficieraient d'une protection particulière face aux turbulences politiques.

Pour l'analyste politique Jean-Marc Ekoudi, "l'influence de Madame Biya s'inscrit dans une tradition bien ancrée au Cameroun où les réseaux d'influence et les cercles de loyauté comptent souvent davantage que les compétences techniques ou l'expérience administrative."

Le contexte actuel, marqué par l'absence de Laurent Esso et la vacance de quatre postes ministériels suite à des décès en l'espace de deux ans, rend l'hypothèse d'un remaniement plus probable que jamais. Selon nos informations, le président Paul Biya aurait confié à ses proches collaborateurs la mission de constituer une nouvelle équipe gouvernementale avant l'élection présidentielle prévue en octobre 2025.
Dans ce jeu d'équilibre politique complexe, l'influence de la Première Dame pourrait s'avérer décisive, notamment dans un contexte où les tensions entre différentes factions du pouvoir – comme celle opposant Laurent Esso à Ferdinand Ngoh Ngoh, Secrétaire général de la présidence – ont parfois paralysé certains dossiers importants.

Si le rôle de Chantal Biya reste officiellement cantonné à ses activités caritatives à travers sa fondation et à ses apparitions protocolaires, son poids dans les décisions de nomination révèle les mécanismes informels qui caractérisent parfois l'exercice du pouvoir au Cameroun.

"Le système politique camerounais ne peut se comprendre uniquement à travers ses institutions formelles", explique Dr. Marie Ngoué, politologue à l'Université de Yaoundé II. "Les réseaux d'influence, les loyautés personnelles et les équilibres régionaux constituent un système parallèle tout aussi important pour comprendre les décisions au sommet de l'État."

À l'approche d'un probable remaniement, tous les regards sont donc tournés non seulement vers le palais présidentiel d'Etoudi, mais aussi vers celle qui pourrait bien avoir le dernier mot sur la composition du prochain gouvernement camerounais.