Valere Ber Bessala a été reçu à la télévision. Il a parlé de Paul Biya dans Libre expression, une émission de Parfait Ayissi. Là-bas, il a dit beaucoup de choses vérifiées, selon plusieurs personnes qui ont apprécié sa sortie franche et juste.

Il a par exemple fait savoir que « les bamilékés disent que c'est leur tour d'avoir le pouvoir et les gens disent qu'ils sont tribalistes mais pourquoi quand les nordistes disent qu'ils veulent prendre (reprendre) le pouvoir, les gens ne disent pas qu'ils sont tribalistes ? Car aujourd'hui tout le monde dit que le bamiléké est tribaliste, car il ne veut faire qu'avec son village ».

Mais, fait-il savoir, « il faut bien comprendre que le tribalisme rampant au Cameroun ne date pas d'aujourd'hui, c'est d'avant les indépendances que cela a été imposé par le colon qui a pris soin de scinder le Cameroun ». Pour le reste Bessala est cash.

Ce qu'il faut bien comprendre c'est que bien avant les indépendances, il y avait cette affaire de "laissez-passer" que le colon imposait aux bamilékés car ils étaient considérés par le colon comme des rebelles par rapport à toutes les autres tribus du Cameroun jugées plus conciliantes et soumises par le colon.

Donc le bamiléké, tout particulièrement, pour aller à Yaoundé, avait besoin d'un laissez-passer, le pont d'Ebebda n'existait même pas encore, mais on le traversait par la nage ou par des pirogues et bacs. Voilà donc les premiers fondements du tribalisme au Cameroun via le colon qui ont fait en sorte que les autres tribus des autres régions regardaient déjà les bamilékés comme des gens dangereux, tout simplement avec cette affaire de "laissez-passer".

Parce que le colon disait aux autres tribus que les bamilékés sont des rebelles qui contestent le pouvoir et qu'eux les autres tribus et tout particulièrement celles qui sont à Yaoundé et Douala, ils sont ceux qui ont tout et que tout leur appartient au Cameroun et qu'ils doivent craindre les bamilékés. Et c'était pareil du côté du Moungo où le bamiléké avait besoin également d'un laissez-passer avec le même endoctrinement du colon.

Les fondements du tribalisme partent donc de là, c'est-à-dire la crainte de certaines tribus envers les autres, la crainte du Camerounais envers un autre Camerounais. Cet endoctrinement a donc rampé jusqu'en 1982 avec l'arrivée de Paul Biya au pouvoir. Et Biya, lui, a transformé l'affaire en se questionnant sur comment se maintenir au pouvoir vu qu'il s'est dit être du centre-sud-est, car à l'époque le centre-sud-est était une seule province.

Alors qu'est-ce que Paul Biya va faire ? Il va simplement inverser la logique politique du président Ahidjo, c'est-à-dire que pour se maintenir au pouvoir, tout en empêchant ses frères d'avoir accès au pouvoir suprême, il leur a tout donné en apparence via quelques personnes (les élites) et une certaine liberté de paroles d'où le multipartisme, tout en faisant en même temps des autres tribus des aigris qui vont toujours prier au quotidien pour que lui qu'est Biya tienne le pouvoir afin de leur délivrer de la mainmise de ses propres frères au pouvoir.

Alors, aujourd'hui concrètement, qu'est-ce que ça donne : Quand vous vous plaignez au quotidien que les bulu ou fang beti ont tout, les bulu ou fang beti mangent tout, nous voulons les chasser du pouvoir, en fait Biya lui est tranquille car ce discours l'arrange, parce qu'en fait, quand vous tenez ce discours à répétition, il sait que ses frères bulu et fang beti vont se sentir en insécurité et penseront qu'ils n'auront de pouvoir que tant que lui il a ce pouvoir entre les mains et donc ils vont jouer des coudes pour le maintenir.

Voilà la logique simple de Paul Biya depuis 43 ans, le vrai "diviser pour mieux régner". Paul Biya a donc activé et instrumentalisé ce qu'on appelle aujourd'hui le tribalisme d'État dans le seul but de créer davantage de frustrations auprès des autres tribus qui verront les bulu et fang beti comme les principaux responsables de leurs malheurs et par conséquent de pousser les bulu et autres fang beti à se sentir en insécurité face aux revendications légitimes des autres tribus.

Ainsi les bulu et fang beti se sentant en danger face aux autres tribus vont tout faire pour travailler au quotidien à maintenir Paul Biya au pouvoir car se disant que tant que Biya est au pouvoir, ils sont en sécurité. Voilà exactement ce que Paul Biya a fait comme travail avec maestria pour s'éterniser au pouvoir.

« Je n'aurais pas pu autant décrire le président Paul Biya que cet administrateur civil », félicite Jorel Jacques Zang. Le lanceur d’alerte partage la même opinion que lui. D’ailleurs, il n’est pas le seul à aimer cette sortie directe de Bessala qui n’a pas froid aux yeux.