Actualités of Saturday, 23 August 2025

Source: www.camerounweb.com

G20 et soutien à Paul Biya : Jean De Dieu Momo casse tout

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Le ministre Jean De Dieu Momo, président du PADDEC, affirme que le G20 est un "mendiant de la paix" comme le chef de l'État Paul Biya. L'annonce du ralliement de Célestin Djamen, leader du mouvement APAR, au sein de cette coalition pro-gouvernementale confirme la stratégie d'élargissement menée en vue de l'élection présidentielle du 12 octobre 2025.

L'information circulait depuis quelques heures sur la toile avant d'être confirmée officiellement : Célestin Djamen, président du mouvement Alliance pour la Paix et la Réconciliation (APAR), a effectivement rejoint les rangs du G20. Cette coalition de partis politiques alliés du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) poursuit ainsi son élargissement en vue du scrutin présidentiel d'octobre.



Le ministre Jean De Dieu Momo, qui préside le Parti pour la Démocratie et le Développement Economique du Cameroun (PADDEC), s'est empressé de saluer cette adhésion par une déclaration publique particulièrement remarquée.
"Des mendiants de la paix"



Dans une publication largement relayée, le ministre a utilisé une formule pour le moins inhabituelle pour caractériser la philosophie du G20 : « Le G20 fait sa mue et renforce sa dorsale avec l'entrée de nouveaux partis politiques pour soutenir le candidat Président Paul Biya le 12 octobre 2025. Souhaitons la bienvenue au leader de l'APAR Monsieur Célestin Djamen et à de nombreux autres leaders qui viennent de rejoindre le G20 », a-t-il déclaré.



Le dirigeant du PADDEC a ensuite développé une métaphore surprenante : « Le G20 a faim de la paix, faim de la stabilité, faim de la démocratie apaisée contre le terrorisme de la pensée unique ! Le G20 est un mendiant de la paix comme le Président Paul Biya. Oui nous sommes des mendiants. Oui nous avons faim. Faim de voir notre pays s'élever au-dessus des autres nations du monde par sa prospérité sur le chemin tracé par le président Paul Biya qui a posé les fondations de l'émergence industrielle du Cameroun exemplaire ».

L'ironie de ce ralliement réside dans le fait que Célestin Djamen avait initialement déposé sa propre candidature pour l'élection présidentielle du 12 octobre 2025. Cependant, cette candidature n'avait pas été retenue par Elections Cameroon (ELECAM), l'organe chargé de l'organisation des scrutins.
Quatre motifs avaient été officiellement avancés par ELECAM pour justifier ce rejet. Parmi ces motifs figurait notamment l'absence de carte d'électeur, une exigence fondamentale pour tout candidat à la magistrature suprême.

À l'époque, Célestin Djamen avait vivement réagi à cette décision qu'il jugeait injustifiée. Dans une déclaration empreinte d'amertume, il avait contesté les motifs invoqués : « Je rappelle que j'ai inscrit des milliers de jeunes compatriotes sur les listes électorales et je suis moi-même inscrit sur ces listes dites biométriques depuis 2012 (je suis dans tout leur fichier et ils le savent), faites donc le calcul... Sacrilège !!! »



Cette réaction témoignait alors de sa frustration face à ce qu'il percevait comme une injustice administrative. Quelques semaines plus tard, le voilà qui rejoint la coalition soutenant le candidat qu'il espérait affronter.



Ce revirement spectaculaire de Célestin Djamen soulève de nombreuses interrogations sur la cohérence de sa démarche politique. Ancien membre du Social Democratic Front (SDF) puis du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) avant de claquer la porte de ce dernier en 2020, il avait créé l'APAR avec l'ambition affichée d'incarner une alternative politique.
Son ralliement au G20, après l'échec de sa candidature, pourrait être interprété comme un pragmatisme politique ou, plus sévèrement, comme un opportunisme déconcertant pour ses sympathisants initiaux.


Pour le G20, cette adhésion s'inscrit dans une stratégie d'élargissement visant à présenter un front uni derrière Paul Biya. Jean De Dieu Momo a d'ailleurs évoqué l'arrivée de « nombreux autres leaders », suggérant que d'autres ralliements pourraient suivre.


Cette dynamique vise à afficher une large adhésion au projet de société porté par le président sortant, dans un contexte où l'opposition peine à s'unifier autour d'une alternative crédible.


Les réactions à ce ralliement ne se sont pas fait attendre. Tandis que les partisans du pouvoir y voient un signe de ralliement à la "bonne cause", les opposants dénoncent un opportunisme politique qui affaiblit l'offre démocratique.


Cette adhésion pose également la question de l'impact réel de ces ralliements sur l'électorat. Les sympathisants de l'APAR suivront-ils leur leader dans cette nouvelle orientation, ou considéreront-ils ce revirement comme une trahison de leurs idéaux ?


Au-delà du cas personnel de Célestin Djamen, ce ralliement illustre la fluidité des alliances politiques au Cameroun. Il témoigne également des difficultés rencontrées par les formations d'opposition pour maintenir leurs cadres et construire une alternative durable au système en place.



Dans un contexte où les échéances électorales approchent, ces mouvements de personnel politique dessinent les contours d'un paysage où les convictions personnelles semblent parfois céder le pas aux considérations stratégiques.