Actualités of Saturday, 23 August 2025

Source: www.camerounweb.com

De Maurice Kamto à Paul Biya: Célestin Djamen montre son vrai visage enfin

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Le paysage politique camerounais continue de surprendre par ses recompositions. L'annonce du ralliement de Célestin Djamen, président du parti APAR, au G20 élargi et son soutien officiel au président Paul Biya suscite de vives réactions. Cette décision, loin d'être anodine, illustre une dynamique récurrente dans la scène politique nationale, celle de la transhumance, qui fragilise la confiance des citoyens dans les acteurs censés incarner des choix clairs et constants.



Le parcours de Célestin Djamen est révélateur d'une stratégie politique parfois difficile à suivre pour l'opinion publique. Ancien membre du Social Democratic Front (SDF) puis du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), il avait claqué la porte de ce dernier parti en 2020, exprimant son désaccord avec la stratégie de boycott des élections législatives adoptée par la formation de Maurice Kamto.


Cette rupture avait déjà révélé les ambitions électorales du dirigeant politique. À l'époque, plusieurs observateurs avaient souligné son appétit pour une place élective, certains allant jusqu'à affirmer qu'il aurait pu devenir le "Yebga" du MRC si cette formation l'avait investi dans une circonscription favorable.

Aujourd'hui, son alignement sur la candidature de Paul Biya marque un tournant majeur dans sa trajectoire politique. Ce repositionnement est perçu par de nombreux analystes et militants comme une quête d'opportunité plutôt qu'un véritable engagement idéologique. La création de son propre parti, l'Alliance pour la Paix et la Réconciliation (APAR), semble ainsi avoir servi de tremplin vers ce ralliement au pouvoir en place.


Cette adhésion au G20 élargi intervient à un moment crucial où cette coalition tente d'afficher une unité sans faille autour du président sortant. L'objectif affiché est de présenter un front uni face aux défis politiques et sécuritaires que traverse le pays.

Jean De Dieu Momo, figure influente de cette coalition, a résumé l'esprit qui anime ce regroupement en déclarant qu'il avait « faim de paix au Cameroun ». Cette formule, aux accents incantatoires, traduit une volonté affichée de renforcer la stabilité politique du pays dans un contexte marqué par les crises dans les régions anglophones et les défis sécuritaires dans l'Extrême-Nord.
Cependant, cette recherche de "paix" soulève des interrogations légitimes sur l'espace réellement laissé au débat démocratique, à la diversité des opinions et à la critique constructive. Ces éléments constituent pourtant des piliers indispensables pour édifier un Cameroun démocratique crédible, tant aux yeux de ses citoyens qu'à ceux de la communauté internationale.

L'enjeu dépasse largement la seule trajectoire personnelle de Célestin Djamen. Son parcours met en lumière la fragilité structurelle des partis d'opposition camerounais, souvent tiraillés entre idéalisme et pragmatisme, entre principes affichés et nécessités politiques.


Les choix répétés de leurs anciens cadres alimentent un discours récurrent sur l'absence de véritable alternance démocratique et la difficulté à bâtir des institutions solides capables d'incarner durablement la démocratie et la redevabilité. Dans ce contexte, la transhumance politique devient un symptôme révélateur d'un système où l'adhésion aux principes paraît souvent moins forte que la recherche de positions d'influence et de pouvoir.

Cette dynamique de ralliements successifs pose la question fondamentale de la crédibilité des acteurs politiques. Comment les citoyens peuvent-ils faire confiance à des dirigeants dont les convictions semblent fluctuer au gré des opportunités ? Cette interrogation est d'autant plus prégnante que le Cameroun traverse une période charnière de son histoire politique.


L'opposition, déjà fragilisée par ses divisions internes et ses querelles de leadership, voit partir certains de ses cadres vers le pouvoir en place. Cette érosion contribue à affaiblir davantage l'architecture démocratique du pays et limite les possibilités d'émergence d'une véritable alternative politique.


Sans surprise, les formations d'opposition ont vivement réagi à ce ralliement. Le MRC, ancien parti de Célestin Djamen, y voit la confirmation de ce qu'il considère comme les véritables motivations de son ancien membre. D'autres formations politiques dénoncent une démarche opportuniste qui affaiblit l'ensemble du paysage démocratique camerounais.



Ces critiques s'inscrivent dans un débat plus large sur l'éthique politique et la constance des engagements dans un contexte où les changements d'alliance sont monnaie courante.
Les enjeux pour l'avenir démocratique
L'intégrité institutionnelle, la constance idéologique et la responsabilité citoyenne devraient constituer les fondements de toute vie publique démocratique. Or, ces valeurs se trouvent régulièrement fragilisées par des choix individuels qui entretiennent un climat de scepticisme généralisé envers la classe politique.


Le ralliement de Célestin Djamen au G20 élargi en constitue une nouvelle illustration, soulevant autant de questions que de critiques sur la capacité du Cameroun à tracer la voie d'un futur politique véritablement ancré dans la démocratie et le pluralisme.


Cette nouvelle donne politique pose également la question de l'impact électoral de ces ralliements. Si le G20 élargi y voit un renforcement de sa base, l'efficacité réelle de ces adhésions sur le terrain reste à démontrer. L'électorat camerounais saura-t-il faire la différence entre conviction sincère et opportunisme politique ?



Dans un pays où les attentes démocratiques de la population sont de plus en plus fortes, ces questions revêtent une importance capitale pour l'avenir de la gouvernance et de la stabilité institutionnelle du Cameroun.