Actualités of Tuesday, 30 December 2025
Source: www.camerounweb.com
Une scène inhabituelle au secrétariat général de la présidence de la République : Ferdinand Ngoh Ngoh aurait fait le tour des bureaux la semaine dernière dans ce qui ressemble à une tournée d'adieux. Dans les couloirs du Palais d'Etoudi, les langues se délient et les spéculations vont bon train sur un départ imminent du tout-puissant secrétaire général.
La semaine dernière, une information insolite a secoué les couloirs feutrés du Palais présidentiel. Ferdinand Ngoh Ngoh, l'inamovible secrétaire général de la présidence, aurait effectué une tournée des bureaux du secrétariat général de la République. Un geste inhabituel pour celui qui, depuis quatorze ans, incarne la continuité du pouvoir et reste l'un des hommes les plus puissants du régime.
"Les mauvaises langues du Palais disent que c'était comme un au revoir", confie une source proche de la présidence. Cette visite atypique intervient dans un contexte particulièrement tendu pour le "vice-président", comme on le surnomme à Yaoundé. Depuis plusieurs mois, Ferdinand Ngoh Ngoh cumule les revers et fait face à une résistance grandissante au sein même de l'appareil d'État.
Au sein du gouvernement, plusieurs poids lourds ne cachent plus leur hostilité envers Ferdinand Ngoh Ngoh. Laurent Esso, ministre de la Justice, René Emmanuel Sadi, ministre de la Communication, et Paul Atanga Nji, ministre de l'Administration territoriale, forment un front uni contre celui qu'ils accusent de vouloir concentrer tous les leviers du pouvoir.
"Ngoh Ngoh a voulu aller trop loin, trop vite", analyse un observateur de la vie politique camerounaise. "En essayant de prendre le contrôle de toute la filière pétrolière et en multipliant les nominations de ses proches dans les sociétés publiques, il s'est créé trop d'ennemis. Aujourd'hui, il pourrait payer le prix de son ambition."
L'histoire récente du Cameroun rappelle que les secrétaires généraux de la présidence qui ont voulu s'imposer comme des hommes forts ont souvent fini par tomber en disgrâce. Titus Edzoa, Marafa Hamidou Yaya, Jean Marie Atangana Mebara : tous ont connu une chute brutale après avoir tenté de contrôler des secteurs stratégiques de l'économie.
"La tournée des bureaux de Ngoh Ngoh ressemble étrangement aux derniers jours de ses prédécesseurs", glisse un cadre du Palais. "Quand un secrétaire général commence à faire le tour des services pour saluer tout le monde, c'est rarement bon signe."
Le prochain remaniement ministériel, dont la date circule déjà dans les cercles du pouvoir, pourrait sceller le sort de Ferdinand Ngoh Ngoh. Si Paul Biya décidait de se séparer de son bras droit, ce serait un séisme politique majeur pour le régime camerounais.
Toutefois, certains proches du président tempèrent ces rumeurs. "Ngoh Ngoh a déjà été annoncé sur le départ à plusieurs reprises, et il est toujours là", rappelle un conseiller présidentiel. "Il ne faut jamais sous-estimer sa capacité de résilience et le soutien dont il bénéficie auprès du Chef de l'État."
Reste que cette tournée des bureaux, si elle est confirmée, constitue un signal fort. Dans l'univers codifié du Palais présidentiel, chaque geste a une signification. Et celui-ci ressemble furieusement à un adieu. Le suspense devrait prendre fin avec l'annonce du prochain gouvernement. D'ici là, Ferdinand Ngoh Ngoh vit peut-être ses derniers jours au sommet du pouvoir camerounais.