Actualités of Sunday, 19 October 2025

Source: www.camerounweb.com

Emmanuel Simh dénonce un « deux poids, deux mesures » : le droit de publier les résultats électoraux est-il égal pour tous ?

Sur le plateau de « Canal Presse » sur Canal 2 International, l'avocat et homme politique Emmanuel Simh a critiqué vivement ce qu'il considère comme un traitement inégal des acteurs politiques par rapport à la publication des résultats électoraux, remettant en question la cohérence gouvernementale dans la gestion post-électorale du 12 octobre.



Simh a mis en lumière une apparente contradiction : certains acteurs politiques auraient été traités avec indulgence tandis que d'autres feraient face à des accusations de sédition. Son exemple : un président de parti politique aurait félicité Paul Biya dès le 13 octobre pour sa victoire électorale, « sans qu'on ne lui fasse rien, sans qu'on ne lui demande rien, sans qu'on ne le menace ». Cette démarche, selon Simh, serait acceptée sans objection.

Or, simultanément, d'autres acteurs — dont Issa Tchiroma Bakary — qui ont proclamé leur propre victoire ou publié des comptages parallèles sont qualifiés de séditieux. « Il y a des camerounais qui donnent les résultats disant Paul Biya gagnant. Là on ne leur dit rien. Ceux qui donnent les résultats disant que Tchiroma est gagnant... c'est des séditieux », a dénoncé l'avocat, pointant du doigt une asymétrie dans l'application de la loi.


Simh a également mis en avant un argument juridique fondamental : « Il n'est nulle part écrit dans le code électoral qu'on interdit de faire des additions. » Une affirmation qui soulève une question constitutionnelle majeure : la publication de comptages parallèles basés sur des procès-verbaux signés constitue-t-elle un crime politique, ou s'agit-il simplement d'exercer un droit légitime à vérifier l'arithmétique électorale ?

En levant cette question, Simh remet en cause la légalité des poursuites ou des accusations dirigées contre ceux qui publient des résultats alternatifs. Si additionner des chiffres n'est pas interdit par la loi, alors la qualification de sédition devient, selon lui, arbitraire.


Simh s'est aussi attaqué au raisonnement d'Ernest Obama, un autre invité de l'émission. Il a noté qu'Obama « n'a jamais répondu à une question » posée sur la base de ses propres publications de résultats sur Facebook, préférant détourner le débat vers une critique de Simh lui-même. Selon Simh, Obama n'aurait pas expliqué pourquoi il publie des résultats, ni clarifié ses sources ou sa méthodologie.

Ironiquement, Obama aurait ensuite félicité Bruno Bidjang et Bia pour leurs propres publications de résultats. Cette sélectivité — approuver certains acteurs qui publient des chiffres tout en en critiquant d'autres pour le même geste — illustre, selon Simh, l'inconsistance du débat post-électoral.

La sortie de Simh soulève des questions fondamentales sur l'état de droit au Cameroun en période post-électorale :

L'égalité devant la loi : si certains peuvent publier des résultats sans conséquence légale, pourquoi d'autres font-ils face à des accusations de sédition pour le même acte ?

La clarté juridique : le code électoral interdit-il véritablement la publication de comptages parallèles, ou s'agit-il d'une interprétation administrative arbitraire ?

La légitimité du processus : un système où les règles sont appliquées différemment selon l'allégeance politique renforce le sentiment que les élections ne sont pas régies par une justice neutre.


Cette déclaration survient alors que le Cameroun traverse une période électorale particulièrement tendue. Issa Tchiroma Bakary s'est proclamé vainqueur dès le 13 octobre, déclenchant une cascade de tensions à Garoua et dans d'autres régions. Le gouvernement, divisé entre ligne dure et modérés, hésite sur la manière de répondre aux proclamations électorales parallèles.
La critique de Simh suggère que la réponse sélective du gouvernement — tolérant certaines narrations électorales tout en réprimant d'autres — alimente les perceptions d'iniquité et risque de délégitimer davantage le processus démocratique aux yeux de l'opinion publique.


En remettant en cause le « deux poids, deux mesures » dans le traitement des acteurs politiques post-électoraux, Emmanuel Simh pose une question embarrassante aux autorités : la qualité du processus démocratique camerounais ne réside-t-elle pas, en partie, dans la capacité à appliquer les règles de manière égale, indépendamment des allégeances politiques des acteurs ? Si le code électoral ne sanctionne pas explicitement la publication de comptages parallèles, alors l'accuser de sédition devient potentiellement un instrument de répression politique, plutôt qu'une application neutre de la loi.