Actualités of Friday, 5 September 2025

Source: www.camerounweb.com

Consigne de vote attendu: Maurice Kamto théorise sa vision politique, c'est officiel

Maurice Kamto Maurice Kamto

Le président du MRC vient de publier un imposant ouvrage de 557 pages sur le droit international. Loin d'être un simple exercice académique, ce livre est perçu par son parti comme la traduction intellectuelle de son projet de société. Une "obsession pour l'équité" qui transpire à travers chaque concept juridique développé.

Maurice Kamto ne se contente pas de faire de la politique de terrain. L'ancien candidat à la présidentielle de 2018 vient d'enrichir la bibliographie juridique camerounaise avec "Droit International et Polycentrisme Normatif. La règle internationale dans tous ses états. Cours général de droit international".
Un pavé de 557 pages qui pourrait passer pour un simple exercice académique de la part de cet éminent juriste internationalement reconnu. Mais c'était compter sans l'interprétation politique qu'en fait son propre parti.


Joseph Emmanuel Ateba, secrétaire national à la communication du MRC, ne s'y trompe pas. Dans sa lecture de l'œuvre, il y décèle bien plus qu'une réflexion théorique sur le droit international. "Toute l'œuvre de Maurice Kamto tourne autour de la justice et de l'équité, il en est presque obsédé", analyse-t-il.
Cette "obsession" - le terme est fort - traduirait une constante dans la pensée kamsienne. Du droit constitutionnel à la géopolitique, en passant par ses prises de position politiques, tout convergerait vers cette quête d'équité qui habiterait l'homme.



Le concept central développé dans l'ouvrage, le "polycentrisme normatif", ne relève pas du hasard selon le MRC. Cette théorie, qui prône la multiplicité des centres de décision dans l'élaboration des normes internationales, trouverait sa traduction politique dans la vision décentralisatrice de Kamto.


Pour le parti de l'opposition, il s'agit ni plus ni moins des fondements théoriques d'un modèle de gouvernance alternatif. Une approche qui privilégierait la répartition équitable des richesses et l'harmonie territoriale, à rebours du centralisme jacobin qui caractériserait le pouvoir actuel.


Cette grille de lecture transforme l'exercice académique en véritable manifeste politique déguisé. Le MRC y voit la matrice intellectuelle du projet de société qu'il porte. Une société où les décisions ne seraient plus le monopole d'un centre unique, mais émaneraient d'une multiplicité d'acteurs légitimes.
L'harmonie territoriale et l'amélioration de la qualité de vie découleraient naturellement de cette redistribution du pouvoir décisionnel. Un modèle qui s'opposerait diamétralement à la gouvernance actuelle, selon cette interprétation partisane.


Au-delà de la simple parution d'un livre, cet épisode illustre la sophistication croissante du débat politique camerounais. Les idées ne se construisent plus seulement dans l'arène électorale ou lors des meetings, mais aussi dans le champ intellectuel et académique.


Maurice Kamto, fort de sa stature d'universitaire, investit ce terrain avec une légitimité que peu d'opposants peuvent revendiquer. Sa production intellectuelle devient ainsi un soft power au service de ses ambitions politiques.


La sortie de cet ouvrage, en pleine effervescence politique nationale, ne doit rien au hasard. Alors que les échéances électorales se profilent à l'horizon, Kamto consolide son statut d'intellectuel de référence de l'opposition.
Cette stratégie de légitimation par la production académique s'inscrit dans une démarche de long terme. Elle vise à ancrer son leadership au-delà des simples considérations électoralistes, en s'appuyant sur une pensée structurée et documentée.


Si "obsession" il y a, comme l'affirme son parti, elle semble structurer l'ensemble du discours kamtien. De ses interventions sur la gouvernance économique à ses positions sur la décentralisation, cette recherche d'équité constituerait le fil rouge de son action politique.


Reste à savoir si cette cohérence intellectuelle trouvera sa traduction dans les urnes. L'histoire politique regorge d'exemples de brillants théoriciens qui ont échoué dans l'art plus prosaïque de conquérir le pouvoir.