L'agent de joueurs lève le voile sur les tractations secrètes qui ont mené à la désignation du sélectionneur belge, révélant comment les rivalités entre ministère et FECAFOOT ont influencé la décision
Dans une sortie médiatique fracassante accordée à Passion Foot Invest, l'influent agent de joueurs Ivo Chi a brisé l'omerta sur les coulisses de la nomination de Marc Brys à la tête des Lions Indomptables. Ses révélations mettent en lumière un processus de sélection gangrené par les calculs politiques et les luttes d'influence entre le ministère des Sports et la FECAFOOT.
Tom Saintfiet, la victime collatérale des rivalités institutionnelles
Selon Ivo Chi, le véritable candidat idéal pour succéder à Rigobert Song n'était pas Marc Brys mais Tom Saintfiet, l'ancien sélectionneur de la Gambie. "Pour moi, c'était le meilleur profil, meilleur même que Brys", confie l'agent, soulignant l'expertise africaine du technicien belge.
Pourtant, cette candidature de choix a été torpillée par des considérations purement politiques. "Au ministère, ils ont vu que son agent c'était Ivo, celui qui avait aidé Samuel Eto'o pendant la campagne électorale à la FECAFOOT. Dès lors, il a été écarté", révèle-t-il sans détour.
Cette exclusion illustre parfaitement les tensions persistantes entre l'administration des Sports et la direction de la Fédération camerounaise de football, transformant le choix d'un sélectionneur en règlement de comptes institutionnel.
Plus surprenant encore, Ivo Chi dévoile que Samuel Eto'o, président de la FECAFOOT, n'était initialement pas convaincu par le profil de Marc Brys. Lorsque l'agent lui avait transmis le CV du technicien belge accompagné de trois autres noms, la réponse d'Eto'o fut sans appel : "Il n'a pas le niveau pour nous."
Cette révélation jette une lumière crue sur les dissensions qui ont marqué le processus de sélection. Pendant que le ministère penchait vers Brys, le président de la FECAFOOT privilégiait d'autres pistes, notamment José Peseiro, l'ancien sélectionneur du Nigeria.
L'épisode le plus cocasse révélé par Ivo Chi concerne l'élimination définitive de Tom Saintfiet. Après avoir présenté le technicien belge à Samuel Eto'o lors de la dernière CAN, les deux hommes avaient développé une relation cordiale. Mais c'est un geste d'amitié qui a scellé le sort de Saintfiet.
"Le jour où le Cameroun bat la Gambie, Tom félicite Samuel en l'embrassant. La scène a circulé partout, et au Ministère on a sûrement cru qu'il était son proche. C'est ainsi qu'on n'a pas pris Tom", raconte Ivo Chi avec amertume.
Cette anecdote révèle à quel point les décisions concernant l'équipe nationale peuvent être influencées par des perceptions et des malentendus, plutôt que par des critères strictement sportifs.
Bien que Marc Brys ait depuis prouvé ses qualités sur le terrain avec les Lions Indomptables, ces révélations questionnent la méthode de sélection des encadreurs techniques. Comment s'assurer que les meilleurs profils soient retenus quand les considérations politiques priment sur la compétence ?
L'agent Ivo Chi, par ses déclarations, espère sans doute contribuer à une prise de conscience. "Pourtant, c'est lui [Tom Saintfiet] qui devait être le coach du Cameroun", conclut-il, laissant planer le doute sur ce qu'aurait pu être l'aventure des Lions avec un autre sélectionneur.
Ces révélations rouvrent ainsi le débat sur la nécessité d'une réforme profonde des processus de nomination dans le football camerounais, pour que la compétence redevienne le critère prioritaire dans le choix des hommes appelés à porter les couleurs nationales.