Actualités of Friday, 25 July 2025
Source: www.camerounweb.com
Les tensions montent au sommet de l'État autour de la gestion des candidatures à la présidentielle de 2025. Une faille s'ouvre au sein du régime entre partisans du verrouillage total et voix dissidentes favorables à l'ouverture démocratique.
Le pouvoir camerounais traverse une crise interne sans précédent. Au cœur des tensions : la candidature de Maurice Kamto et la gestion controversée du processus électoral pour la présidentielle d'octobre 2025. Des sources concordantes font état de divisions profondes au sein même de l'appareil d'État, révélant une fracture qui pourrait redéfinir l'équilibre politique du pays.
L'origine de la discorde remonte à mercredi soir, lorsque plusieurs médias proches du pouvoir ont diffusé une prétendue liste de candidats retenus pour l'élection présidentielle. Cette publication, perçue comme prématurée et orientée, aurait été validée par un cercle restreint du pouvoir, surnommé par ses détracteurs le "gang d'Etoudi".
Selon nos sources, cette initiative aurait été pilotée par des figures influentes du régime, notamment Chantal Biya, Ferdinand Ngoh Ngoh, Oswald Baboke et Mvondo Ayolo. Leur objectif présumé : tester les réactions de l'opinion publique tout en verrouillant davantage le processus électoral.
Mais cette stratégie semble avoir produit l'effet inverse. Un cadre important du RDPC, s'exprimant sous couvert d'anonymat, a qualifié cette manœuvre de "test de la détermination du peuple camerounais". Plus significatif encore, il a révélé que plusieurs personnalités influentes du régime soutiennent désormais la démarche de Léon Theiller Onana, qui envisagerait de saisir le Conseil constitutionnel.
Ces dissensions internes traduisent un malaise croissant au sein de l'appareil d'État. Des sources proches du dossier évoquent même la présence de membres du gouvernement "profondément choqués par la fermeture du jeu politique autour de Paul Biya".
Plus préoccupant pour la cohésion du régime : certaines voix au sein du pouvoir se disent prêtes à se désolidariser publiquement du clan Biya en cas d'escalade. Ces dissidents n'hésiteraient pas à condamner ouvertement toute tentative de violence contre les Camerounais, marquant ainsi une rupture inédite avec la ligne officielle.
Cette menace de désolidarisation révèle l'ampleur de la crise de confiance qui traverse le sommet de l'État. Pour la première fois depuis des décennies, l'unité apparente du régime montre des signes de fissure majeure.
L'affaire Maurice Kamto pourrait ainsi marquer un tournant dans l'histoire politique camerounaise. Le verrouillage traditionnel du système autour de la figure présidentielle semble atteindre ses limites, confronté à des aspirations démocratiques croissantes et à des résistances internes inattendues.
Cette fracture interne, si elle venait à s'approfondir, pourrait redéfinir les équilibres politiques du pays à quelques mois d'une élection présidentielle déjà sous haute tension. Les prochains jours seront cruciaux pour mesurer l'ampleur de cette crise et ses conséquences sur la stabilité du régime.
La publication officielle de la liste des candidats par ELECAM, prévue ce samedi, sera sans doute un test décisif pour mesurer la résistance du système face à ces pressions internes et externes croissantes.
Au-delà des enjeux internes, cette crise interroge sur la crédibilité du processus électoral camerounais aux yeux de la communauté internationale. Les observateurs étrangers suivent avec attention ces développements, conscients que la légitimité du scrutin d'octobre dépendra largement de sa transparence et de son inclusivité.
Le Cameroun se trouve ainsi à la croisée des chemins : entre maintien du statu quo et ouverture démocratique, entre cohésion du régime et éclatement des consensus, l'avenir politique du pays se joue peut-être dans ces tensions actuelles qui révèlent une société en quête de renouveau démocratique.