Infos Sports of Thursday, 25 December 2025

Source: www.camerounweb.com

CAN 2025 : Sébastien Bassong décode le retour aux sources des Lions - "Le Cameroun a pris ce qui lui appartenait"

L'ancien défenseur international camerounais livre une analyse philosophique et puissante de la victoire des Lions face au Gabon. Pour lui, le succès camerounais ne relève pas du hasard, mais d'un retour assumé à l'identité profonde du pays. Une leçon de vie qui dépasse largement le cadre du football.

Au lendemain de la victoire inaugurale du Cameroun face au Gabon (1-0), Sébastien Bassong, ancien pilier de la défense des Lions Indomptables, a livré une analyse qui transcende la simple lecture tactique du match. Dans une réflexion profonde partagée sur les réseaux sociaux, l'ex-international propose une grille de lecture inédite du renouveau camerounais : le retour à l'essence même de ce qui fait la force du football camerounais.


« C'était un rappel. Une nouvelle équipe, de nouveaux visages, presque un nouveau départ. Mais une chose n'a jamais changé : l'état d'esprit », entame Sébastien Bassong, posant d'emblée le cadre de son analyse. Pour l'ancien défenseur de Tottenham et Newcastle, la victoire des Lions ne marque pas une rupture totale, mais plutôt une reconnexion avec des valeurs fondamentales.
Cette vision fait écho aux déclarations de David Pagou qui, à la veille du match, avait revendiqué une rupture avec l'ère Marc Brys. Mais selon Bassong, au-delà des changements de visages et de staff, c'est bien la permanence d'un état d'esprit qui explique le succès camerounais.

« Le Cameroun n'a pas essayé d'être ce qu'il n'est pas. Pas de suranalyse, pas de faux-semblants. Juste un retour aux bases : la force, la discipline, la solidité mentale, la fierté », poursuit l'ancien international, qui semble critiquer implicitement les tentatives passées de vouloir plaquer sur le football camerounais des modèles étrangers.

Cette analyse résonne particulièrement dans le contexte des turbulences récentes, où les Lions ont été dirigés par des techniciens européens cherchant parfois à imposer des systèmes de jeu éloignés de la culture footballistique locale. « L'équipe s'est simplement alignée avec sa véritable identité en tant que nation », résume Bassong.

C'est sur ce concept d'alignement que Sébastien Bassong développe sa pensée la plus profonde : « Et quand on est aligné avec qui l'on est vraiment, les choses deviennent plus simples, plus claires, et surtout, elles fonctionnent. »
Une philosophie qui dépasse largement le cadre sportif et qui, sous la plume de l'ancien défenseur, prend des allures de leçon de vie universelle. « Il y a une vraie leçon là-dedans pour chacun de nous. Quand tu arrêtes de courir après ce que les autres attendent de toi et que tu commences à respecter qui tu es réellement, tu libères une puissance énorme. »


La conclusion de Bassong frappe par sa force : « Le Cameroun n'a attendu la permission de personne, n'a demandé l'approbation de personne. Ils ont pris ce qui leur appartenait. Il faut savoir qui l'on est, l'assumer pleinement et prendre ce qui est à soi. »

Cette déclaration fait directement écho aux propos de David Pagou avant le match contre la Côte d'Ivoire, lorsque le sélectionneur affirmait que le Cameroun devait montrer à la "belle famille" que "l'époux est le chef de famille". Un discours d'affirmation et de fierté assumée qui trouve sa validation philosophique dans l'analyse de Bassong.


Dans un football africain souvent complexé face aux modèles européens, où les entraîneurs locaux sont parfois perçus comme moins légitimes que leurs homologues occidentaux, le message de Sébastien Bassong tranche radicalement. Il invite le Cameroun, et par extension le football africain, à arrêter de chercher une validation extérieure et à puiser dans ses propres ressources.
Cette analyse fait d'autant plus sens que la victoire contre le Gabon a été obtenue malgré une préparation chaotique, marquée par le départ de Marc Brys et l'arrivée de David Pagou dans des conditions tumultueuses. Plutôt que de subir ces turbulences, les Lions semblent en avoir fait une force libératrice.

Lorsque Bassong évoque « la force, la discipline, la solidité mentale, la fierté » comme les bases du football camerounais, il fait référence à un héritage long et glorieux. Le Cameroun, quintuple champion d'Afrique, premier pays africain à atteindre les quarts de finale d'une Coupe du monde (1990), a construit sa légende sur ces valeurs.

Le match contre le Gabon a effectivement illustré ces qualités : un but marqué dès la 6e minute par Karl Etta Eyong, puis une solidité défensive exemplaire malgré les entrées en jeu d'Aubameyang et Lemina. Pas de spectacle inutile, pas de fioritures, juste l'efficacité et la maîtrise qui caractérisent les grandes nations du football.

Ce qui rend l'analyse de Sébastien Bassong particulièrement pertinente, c'est sa dimension universelle. Au-delà du football camerounais, il pose une question fondamentale : combien d'individus, d'équipes, de nations même, échouent parce qu'ils tentent d'être ce qu'ils ne sont pas ?

« Quand tu arrêtes de courir après ce que les autres attendent de toi et que tu commences à respecter qui tu es réellement, tu libères une puissance énorme », martèle l'ancien international. Une maxime qui résonne aussi bien dans les vestiaires que dans les salles de conseil d'administration, les salles de classe ou les foyers.

Cette philosophie du retour aux sources et de l'affirmation de soi sera mise à l'épreuve ce dimanche 28 décembre face à la Côte d'Ivoire, championne d'Afrique en titre. Un match qui dira si cette reconnexion avec l'identité camerounaise est suffisante face à une équipe ivoirienne également fière de son identité.
Emerse Fae, le sélectionneur ivoirien, a d'ailleurs noté avec justesse que le Cameroun arrive à cette CAN dans une posture inhabituelle d'outsider. Peut-être est-ce justement cette absence de pression qui a permis aux Lions de se reconnecter avec leur essence, comme le suggère Bassong.

Sans le citer nommément, Sébastien Bassong offre à David Pagou une validation puissante de son approche. Le nouveau sélectionneur, qui a revendiqué une rupture avec Marc Brys et promis un nouvel état d'esprit, semble avoir retrouvé le fil conducteur qui relie toutes les grandes équipes camerounaises : cette fierté indomptable, cette force mentale, cette capacité à prendre ce qui leur appartient sans demander la permission.

« Ils ont pris ce qui leur appartenait », conclut Bassong. Reste à savoir jusqu'où cette philosophie portera les Lions Indomptables dans cette CAN 2025. Mais une chose est sûre : le Cameroun a retrouvé son âme, et c'est peut-être là sa plus grande victoire.