Coup de théâtre à cinq jours du scrutin présidentiel. Jean Blaise Ngwet, président du Mouvement Patriotique pour le Changement et la Concorde (MPCC), dont la candidature avait été rejetée en amont par ELECAM, a annoncé ce lundi qu'il apporterait son soutien au président sortant Paul Biya pour l'élection du 12 octobre 2025. Un revirement spectaculaire pour celui qui ambitionnait de briguer la magistrature suprême.


Le calvaire de Jean Blaise Ngwet a débuté le 26 juillet 2025, lorsqu'ELECAM a publié la liste provisoire des candidats retenus pour la présidentielle. Malgré le dépôt de son dossier le 16 juillet dans les délais légaux, le nom du leader du MPCC ne figurait pas sur cette liste, provoquant la stupéfaction au sein de son parti.

Dans un communiqué publié immédiatement après cette annonce, le MPCC avait tenu à rassurer ses militants et l'opinion publique, affirmant que « la candidature de son leader a bel et bien été déposée dans les délais » et que « toutes les pièces exigées par la loi électorale y figuraient ». Le parti dénonçait alors une « imperfection procédurale » et promettait de saisir le Conseil constitutionnel pour faire valoir ses droits.

« Le Président Jean Blaise Gwet reste plus que jamais candidat à l'élection présidentielle du 12 octobre prochain », martelait le communiqué du MPCC en juillet dernier. Le mouvement avait effectivement annoncé qu'il saisirait « dans les heures à venir le Conseil constitutionnel » pour obtenir la réhabilitation de la candidature de son leader.

Trois mois plus tard, force est de constater que cette démarche n'a pas abouti. Le Conseil constitutionnel n'a manifestement pas donné suite favorable à la requête du MPCC, laissant Jean Blaise Ngwet hors course pour la présidentielle. Une défaite juridique qui l'a conduit à revoir radicalement sa stratégie politique.

L'annonce du soutien de Jean Blaise Ngwet à Paul Biya intervient donc après l'échec de tous ses recours. Ce ralliement tardif au président sortant, après avoir été écarté de la compétition électorale, soulève inévitablement des interrogations sur les motivations réelles de ce positionnement.
Pour certains observateurs, il s'agit d'un choix pragmatique visant à maintenir une certaine influence politique malgré l'impossibilité de concourir. D'autres y voient une forme de résignation face à un système qui a refusé sa candidature dès le départ.

Ce soutien de dernière minute vient renforcer le camp du président sortant, même si le poids électoral réel de Jean Blaise Ngwet reste à déterminer. Le MPCC disposait néanmoins d'une base militante qui pourrait désormais être orientée vers le vote Biya, dans un contexte où chaque voix compte face à la montée en puissance d'Issa Tchiroma Bakary dans les sondages d'opinion.

Le ralliement de Jean Blaise Ngwet illustre également la complexité du jeu politique camerounais, où les candidatures peuvent être écartées en amont par des décisions administratives, forçant ensuite les prétendants évincés à se repositionner stratégiquement sur l'échiquier politique.

À cinq jours du scrutin, cette annonce modifie légèrement la configuration des soutiens autour de Paul Biya, même si elle intervient très tardivement dans une campagne dominée par l'opposition entre le président sortant et ses principaux challengers, notamment Issa Tchiroma Bakary, qui mobilise des foules considérables lors de ses meetings.

Le parcours de Jean Blaise Ngwet, de candidat rejeté à soutien de Paul Biya, résume à lui seul les défis auxquels font face les candidats de l'opposition face aux institutions électorales camerounaises.