Actualités of Friday, 25 July 2025
Source: www.camerounweb.com
Une enquête exclusive de Jeune Afrique dévoile les dessous de la guerre fratricide qui oppose les héritiers du empire bancaire camerounais
La succession du patriarche Paul Kammogne Fokam, 76 ans, fondateur d'Afriland First Group, s'annonce comme l'une des batailles les plus scrutées du monde des affaires africain. Selon une enquête exclusive menée par Jeune Afrique, la lutte pour l'héritage de cet empire bancaire de plus de 3 milliards d'euros oppose désormais ouvertement les deux fils du magnat camerounais.
En 2023, Paul Fokam a pris une décision surprenante en nommant son cousin Célestin Guela Simo à la tête de la filiale camerounaise du groupe, pourtant convoitée par ses deux fils. Selon les révélations exclusives de Jeune Afrique, cette nomination constitue en réalité "une manière pour le patriarche de ménager la chèvre et le chou entre ses fils", confie un proche de la famille interrogé par le magazine.
Cette stratégie dilatoire ne fait que retarder l'échéance. Car selon les sources de Jeune Afrique, "la compétition pour prendre la suite du père se jouera bien entre les deux fils" : Valéry, l'aîné de 40 ans, et Christian, le cadet établi à Lomé.
L'enquête de Jeune Afrique révèle un indice majeur des intentions successorales du patriarche : le contrôle de Sitracel, la Société industrielle de traitement de cellulose, confiée à son fils aîné Valéry. "Il s'agit de la première entreprise manufacturière qu'il a créée et qui est perçue comme son coup de cœur. La confier à son fils aîné traduit la charge affective liée à cette société et constitue un indicateur significatif des intentions du fondateur en matière de succession", révèle un connaisseur de la famille à Jeune Afrique.
Cette nomination prend tout son sens quand on sait que Valéry a réussi le tour de force de maintenir Sitracel à flot en captant l'exclusivité de la distribution des produits Nestlé sur une grande partie du territoire camerounais, selon les informations obtenues par Jeune Afrique.
De son côté, Christian Fogaing Kammogne, ingénieur formé à l'Université Georges-Washington, mène sa propre stratégie d'expansion. Jeune Afrique révèle qu'il dirige depuis novembre dernier Afriland First Holding (AFH), le nouveau véhicule d'investissement installé à Lomé, chargé de chapeauter les filiales bancaires en Afrique de l'Ouest.
Cette position stratégique lui a déjà permis de jouer un rôle clé dans le récent projet d'investissement de 1,2 milliard de dollars en Centrafrique, selon les informations exclusives de Jeune Afrique. Un coup d'éclat qui renforce sa légitimité dans la course à la succession.
L'enquête de Jeune Afrique révèle également que les deux filles de Paul Fokam "cultivent un relatif détachement à l'égard du groupe familial". Rolande Kammogne se concentre sur VoxAfrica, sa chaîne télévisée panafricaine, tandis que Ghislaine, la plus jeune, gère Hope Events Cameroun depuis Yaoundé.
Jeune Afrique dévoile un aspect méconnu de cette succession : Paul Fokam "n'a plus mis les pieds" au Cameroun "depuis des années", alimentant les spéculations sur les raisons de cet exil. Selon les sources du magazine, cet éloignement s'expliquerait par "les tensions avec les régulateurs bancaires en raison de l'installation du holding hors du Cameroun" et sa "proximité avec l'opposant Maurice Kamto".
Cette situation inédite place ses fils en première ligne pour gérer l'empire familial sur le terrain, renforçant leur légitimité successorale. Selon Jeune Afrique, cette absence physique du fondateur accélère de facto la transition générationnelle au sein d'Afriland First Group.