Actualités of Tuesday, 24 June 2025

Source: www.camerounweb.com

22 ans après : la famille de Marc-Vivien Foé dénonce l'abandon de ses anciens coéquipiers

À l'approche du 22e anniversaire de la disparition tragique de Marc-Vivien Foé, prévu le 26 juin prochain, une voix douloureuse s'élève pour briser le silence. Celle du père de l'ancien milieu de terrain des Lions Indomptables, qui a choisi de s'exprimer publiquement sur une chaîne de télévision locale pour dénoncer ce qu'il perçoit comme un abandon de la part des anciens coéquipiers de son fils.

Les mots du père de Marc-Vivien Foé résonnent comme un reproche adressé à toute une génération de footballeurs camerounais. « Sans vous mentir, depuis que Marc est mort, je n'ai vu que Eto'o Fils venir à la maison. J'ai aussi vu Maboang Kessack, et il y avait également Georges Weah du Libéria. Les trois, le reste, je ne les ai jamais vus », a-t-il confié avec amertume lors de cette intervention télévisée.

Cette déclaration met en lumière une réalité douloureuse : sur l'ensemble des joueurs qui ont côtoyé Marc-Vivien Foé en équipe nationale, seuls quelques-uns auraient maintenu un lien avec sa famille après sa disparition. Samuel Eto'o, Maboang Kessack et même Georges Weah, l'ancienne star libérienne, figurent parmi les rares personnalités à avoir rendu visite à la famille endeuillée.

Le témoignage paternel soulève des questions sur l'attitude de certains anciens Lions Indomptables, notamment Gérémi Njitap, actuel président du Syndicat national des footballeurs du Cameroun (Synafoc). Coéquipier de Marc-Vivien Foé et figure respectée du football camerounais, sa supposée absence de la liste des visiteurs interroge sur les relations post-mortem entre les anciens internationaux.

Cette situation révèle peut-être des dysfonctionnements plus profonds dans la solidarité entre les générations dorées du football camerounais, où les liens forgés sur les terrains ne semblent pas toujours résister à l'épreuve du temps et des circonstances.


Au-delà du soutien moral réclamé par la famille, c'est tout l'héritage de Marc-Vivien Foé qui semble menacé. Le complexe sportif que l'ancien milieu de terrain avait entrepris de construire à Yaoundé pour former de jeunes talents camerounais se trouve aujourd'hui dans un état de décrépitude avancée. Ce projet, qui devait perpétuer la mémoire du joueur tout en contribuant au développement du football local, symbolise aujourd'hui l'abandon dénoncé par sa famille.

Cette infrastructure, conçue comme un investissement dans l'avenir du football camerounais, nécessiterait des moyens financiers considérables pour sa réhabilitation. La famille Foé, ne disposant pas des ressources suffisantes, se trouve dans l'incapacité de maintenir ce legs sportif en état de fonctionnement.
L'inquiétude exprimée par la famille va au-delà des considérations matérielles. Elle craint que le nom de « Marco », comme l'appelaient affectueusement ses supporters, ne tombe progressivement dans l'oubli. Cette appréhension touche à la dimension symbolique et mémorielle de la disparition du joueur, survenue en plein match le 26 juin 2003 au stade de Gerland lors de la demi-finale de la Coupe des Confédérations contre la Colombie.

La tragédie avait alors ému le monde entier, faisant de Marc-Vivien Foé une figure universelle du football, au-delà de son statut d'icône camerounaise. Vingt-deux ans plus tard, cette dimension internationale semble s'estomper, laissant place à un sentiment d'abandon au niveau local.


Le cri du cœur du père de Marc-Vivien Foé s'adresse directement aux anciens coéquipiers de son fils, mais aussi à l'ensemble de la communauté footballistique camerounaise. Il questionne la notion de fraternité sportive et de solidarité post-carrière entre les anciennes gloires du football national.

Cette interpellation intervient dans un contexte où plusieurs anciens Lions Indomptables occupent des positions influentes dans les instances du football camerounais. Leur capacité à répondre collectivement à cet appel détresse pourrait déterminer l'avenir de la mémoire de Marc-Vivien Foé.



À quelques jours du 22e anniversaire de la disparition du joueur, cette sortie médiatique de la famille résonne comme un ultimatum moral. Elle pose la question de savoir comment le football camerounais entend honorer la mémoire de l'une de ses figures les plus emblématiques.

L'héritage de Marc-Vivien Foé ne se limite pas à ses performances sur le terrain ou à sa mort tragique. Il englobe également ses projets de développement du football local et sa vision d'un sport camerounais plus structuré. La préservation de cet héritage nécessite un engagement collectif qui semble faire défaut aujourd'hui.

Cette affaire met également en lumière les responsabilités des instances officielles du football camerounais. Au-delà des initiatives privées des anciens coéquipiers, la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) et autres organisations sportives pourraient être interpellées sur leur rôle dans la préservation de la mémoire des légendes nationales.

Le cas de Marc-Vivien Foé pourrait ainsi devenir un précédent dans la gestion de l'héritage des grandes figures du sport camerounais, questionnant les mécanismes institutionnels de préservation de la mémoire sportive nationale.