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Actualités Régionales of Wednesday, 25 November 2015

Source: carmer.be

Une bouffée d'oxygène pour les enfants du Septentrion

Photo utilisée juste à titre d'illustration Photo utilisée juste à titre d'illustration

Déporter la culture septentrionale dans le partie méridionale du Cameroun et la promouvoir, faire établir des actes de naissance aux enfants originaires du Grand-Nord : ce sont entre autres, les combats que mènent depuis 2013 Hadidja Cherif. Mais sa priorité revient aux élèves inscrits aux cours moyens un et deux. «Ils préparent leurs certificats d’études du premier cycle (Cep). Pour l’obtenir, ils doivent déposer leurs dossiers de candidature et sans actes de naissance, ce n’est pas possible», explique Hadidja Cherif, au moment où nous la rencontros le 21 novembre dernier, à son domicile de Yaoundé.

Aussi, pour faire établir à ses «jeunes frères» parfois apatrides, ce précieux document, cette native de Meiganga, cheflieu du département du Mbéré utilise-t-elle à bon escient son carnet d’adresses plutôt «riche». Parmi ses contacts, on retrouve Théophile Baoro, vice-président de l’Assemblée nationale. «Il m’aide beaucoup lorsqu’il s’agit de réaliser des oeuvres sociales, comme c’est le cas pour l’établissement des actes de naissance», confie-t-elle. Cependant, la procédure pour le faire est longue et difficile. Et il faut recenser les enfants. Cette première étape se fait grâce aux différentes associations des femmes et des jeunes. Une fois le recensement effectué, une commission descend sur le terrain pour les enregistrements.

«C’est la phase la plus facile», souligne Hadidja. Le plus difficile, «c’est l’établissement du certificat d’âge apparent, les différentes audiences sociales auxquelles doivent assister les parents tuteurs», pour que le juge puisse délivrer un quitus qui autorise le maire à établir l’acte de naissance. En 2013, 250 enfants originaires du Septentrion et vivant dans le département du Mfoundi en ont bénéficié. En 2016, le cap sera mis soit dans l’Adamaoua, soit dans le Nord.

«Pour le moment, rien n’est précis. La demande devient importante. Il faut faire un choix», relève cette ancienne fonctionnaire de la direction des droits de l’homme et la coopération au ministère de la Justice. Grâce aux 500 actes de naissance qu’elle va faire établir à ces enfants, «orphelins », «abandonnés » et «pauvres» pour la plupart, ceux-ci pourront devenir des médecins, enseignants, avocats...

Avec la détermination dont elle fait montre pour la réussite de ce «projet », on lit dans ses yeux que cette jeune mère essaye de dissimuler quelque chose. Et ce n’est pas faux ! Le souvenir des récriminations de son père, qui souhaitait qu’elle arrête ses études au Cm2, juste pour qu’elle sache lire et écrire, et qu’elle obtienne son baccalauréat pour pouvoir échanger avec des médecins au cas où elle tombe malade et qu’elle se fasse consulter, ne l’a pas quitté. Il fait certes partie du passé, mais il a laissé une empreinte indélébile dans sa vie.

Aujourd’hui, âgée de 30 ans, Hadidja a pu réaliser son rêve, mais davantage celui de son père : se marier. Le regard de «paria» (parce qu’elle a fait des études) que les autres posaient est désormais admiratif. Et celui qui en est le plus fier, outre Moumini Tourawa (son époux, cadre au ministère de l’Economie et de la Planification et de l’Aménagement du territoire : Minepat), c’est Ibrahim Cherif, directeur de l’information à la Crtv télé, «ce père» sans qui Hadidja aurait eu peu de chance de poursuivre ses études jusqu’au master en droit des affaires, obtenu en 2010, à l’université de Ngaoundéré. Elle lui doit «tout ou presque».

Jeune mariée, cette ancienne élève du collège Jean Tabi concilie désormais sa vie d’épouse, mère, présidente de l’association des jeunes dynamiques et solidaires d’Etoudi, promotrice du festival sahel week et ses charges au parquet du tribunal de grande instance du Mfoundi.