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Actualités Régionales of Friday, 19 June 2015

Source: Cameroon Tribune

La gueule de bois pour les Menuiseries de Makepe-Missoke

Fermés depuis plus de deux mois, les ateliers espèrent des lendemains meilleurs.

Makepe-Missoke au lieu-dit « Ancienne décharge » ce vendredi 12 juin 2015. L’endroit est plutôt calme. Bien loin de l’habituel beat de l’orchestre de raboteuses et autres machines des ateliers de menuiserie. Et pour cause, les fabriques, en matériaux provisoires, ont été fermées depuis près de deux mois par le sous-préfet de Douala 5e pour nuisance sonore et pollution.

On peut d’ailleurs voir sur une porte un gros cadenas reliant des chaînes. Les scellés sont toujours en place. Pourtant, derrière les planches closes, nous parvient un faible bruit de machine. Quelqu’un travaille. On l’aperçoit d’ailleurs, concentré, dans les interstices.

Il n’est pas le seul, au détour de cette structure en bois, quand on débouche au marché de bois derrière, deux autres bonshommes s’attellent discrètement à aplanir des surfaces.

Mais on est bien loin de l’effervescence coutumière des lieux. Ce qui ne fait pas particulièrement plaisir aux gérants des dépôts de planches (dépositaires, qu’ils disent s’appeler), machinistes et autres menuisiers. A peine ont-ils entendu le mot « journaliste » qu’une foule se forme et les doléances commencent. Les « dépositaires », à qui l’autorité a demandé d’aller s’établir à Lendi, n’ont pas envie d’y aller.

« Nous voulons savoir si notre bois fait du bruit », lance quelqu’un. Ils disent que le sous-préfet a promis de venir tout raser. Ils se plaignent des pertes : « Sans les machines, on ne peut rien faire, on ne vend pas », les ateliers de menuiserie étant de bons clients.

Tous, avec les machinistes, s’inquiètent des répercussions sur la prochaine année scolaire qu’il faut préparer. Et surtout, ils ne comprennent pas ce qu’on leur reproche. Ils s’insurgent contre la façon dont la situation a été gérée. Et pour finir, ils dénoncent le favoritisme : « Il y a deux machines qui fonctionnent sur le même site où on a fermé les 24 autres », explique l’un deux.

Marcelin F., menuisier, croit savoir d’où vient le problème. Pointant du doigt une grosse légume qui du côté de « Bel Air », non loin de là, n’aurait pas apprécié qu’il y ait un atelier à l’air libre dans ses parages, qui travaillait 24/24. Il aurait porté plainte et aurait milité auprès de ses voisins pour obtenir leurs signatures et « monter un dossier assez costaud ». Et même si Marcelin reconnaît que cette fabrique dérangeait tout le monde dans le coin, ce qu’il apprécie moins, c’est que la fermeture se soit étendue aux autres structures, pourtant bien construites.

Si du côté des habitants, on ne se plaint pas du bruit, on pointe quand même les déchets issus du travail des ateliers de menuiseries. Comme le dit Duff N. qui vit à quelques mètres, « la sciure, c’était vraiment un problème. Par exemple, quand tu lavais un vêtement blanc et que tu allais le chercher une semaine plus tard dans la penderie où il était censé être à l’abri, tu étais obligé de chercher l’eau de javel pour relaver. »

Et pour revenir au bruit, Yannick M. affirme : « Ils ne travaillaient pas à des heures tardives. Et quand ça arrivait, c’était à cause des coupures d’électricité et il fallait rattraper le retard. »