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Actualités Régionales of Wednesday, 20 July 2016

Source: camerounlink.com

Bertoua: Les populations se dopent au tramol

Photo d'archives utilisée juste à titre d'illustration Photo d'archives utilisée juste à titre d'illustration

Tramol ! A la seule évocation du nom de ce comprimé à la gare routière de Bertoua le week-end dernier, un conducteur de mototaxi esquisse un petit sourire. « Je connais bien ce comprimé, mais je n´en consomme pas. Du moins, je n´en consomme plus », révèle-t-il, après un bref entretien avec le reporter de Bertoua.info. Dans ce secteur populaire, aucun étranger ne peut s´imaginer ce qui se trame autour des verres de « Thé » ou de « Adah ». Des centaines de comprimés de cette drogue y sont consommés à longueur de journée. Autour des tasses de « Chaï ».

Les gros consommateurs sont pour la plupart des conducteurs de motos-taxis. Ils mettent ces comprimés dans leurs tasses. « C´est le quotidien ici », souffle notre indique qui échange en langue Fulfuldé avec ses amis sur l’objet de nos causeries. L´un d´eux acceptera de nous conduire chez l’un des principaux fournisseurs. « La contrepartie de mes confidences sera que vous m´achetiez quelques comprimés », exige t-il. Pas de souci ! Cap vers le secteur du restaurant « Tchadien ». La plupart des points de vente sont en bordure de route. Entre les étals de vente des accessoires du matériel électronique et des comprimés, l’un des dealers est réticent. Après quelques civilités, il accepte enfin de se livrer.

Il sort de son comptoir un sachet noir contenant des dizaines de comprimés. « Je suis grossiste et détaillant. Je vais moi-même acheter ma marchandise au Nigeria ». A peine aura-t-il achevé sa phrase qu´un client gare son engin et lui murmure quelques paroles à l’oreille. Le mot de passe compris, le client est aussitôt vite servi. Le vendeur sort du sachet une plaquette de cinq comprimés, mais n´en donnera que deux à son client. Contre une pièce de 50 francs. « Quand j´achète le tramol pour deux cent milles francs Cfa, je fais des bénéfices de trente mille francs Cfa », explique le dealer.

Forces de sécurité

Juste à quelques encablures du centre de secours des sapeurs-pompiers, l’endroit ne paie pas de mine. Des déchets de toutes sortes jonchent le sol. Une odeur pestilentielle qui celle des peaux de bœuf qu’on tanne ici à la fumée du chanvre indien. « C’est un haut lieu de consommation du cannabis et du tramol », souffle notre guide. De plus près, l’on peut observer des hommes en tenue (policiers, militaires et gendarmes) en train de se passer des joints pour certains et avaler des comprimés pour d’autres. Le tout en uniforme de travail et en plein jour. « Ce sont nos compagnons et ils nous couvrent souvent lorsque les éléments des Equipes spéciales d’interventions rapides (Esir) atterrissent ici pour nous chopper », confie l’un des consommateurs approchés quelques instants plus tard.

Il affirme que « même quand ils nous prennent, on ne sait pas ce que deviennent les quantités saisies après notre remise en liberté ». L’homme soupçonne que « les forces de l’ordre n’effectuent des descentes que lorsque le produit devient rare ». Autre lieu de consommation du cannabis, la route qui mène vers le camp Sic, plus précisément au niveau de la laverie. Dans la pénombre, comme des lucioles, le visiteur peut apercevoir de loin des points lumineux. « Ce sont les mèches allumées par les fumeurs de chanvre », renseigne notre guide.

Sensations

Le prétexte que la plupart des consommateurs de tramol et de chanvre approchés brandissent est celui de l´entrain et de la résistance à la tâche. « On peut travailler pendant des heures sans être fatigué. Je prends 45 comprimés par jour, par vague de 10 toutes les 3 heures. Cela me permet de travailler pendant deux jours et deux nuits d´affilée » indique l’un d’eux. Comme effet flatteur du tramol, il confirme qu’« il a une perte d´appétit et qu´il boit beaucoup d´eau ».

Or, pour Zacharie Ondoua, médecin spécialiste, « ce médicament, qui n´est pas un générique, est d´origine douteuse et sa prise régulière peut entraîner une overdose. Son équivalent en pharmacie est le Trabar, fait à base de Tramadol qui est un analgésique vendu uniquement sur ordonnance médicale. Et ce Trabar est également très consommé ces derniers temps, sans doute que les consommateurs ont découvert son action euphorisant ».