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Politique of Tuesday, 15 August 2017

Source: 237online.com

Ngalle Bibehe accusé de préparer l'échec du RDPC dans la 'Sanaga Maritime'

Il est accusé de division par ses détracteurs Il est accusé de division par ses détracteurs

Le département de la Sanaga Maritime est au bord de l’implosion. Selon un pamphlet parvenu à notre rédaction, Jean Ernest Massena Ngalle Bibehe serait actuellement au centre d’une controverse qui pourra impacter négativement sur le parti des flambeaux dans ce département, lors les prochaines échéances électorales.

Blottie entre les départements du Wouri et du Nkam dans le Littoral; de l’Océan dans le Sud et le Nyong et Kellé dans le Centre, la Sanaga Maritime est l’un des plus grands départements de la Région du Littoral avec 11 unités administratives, donc autant de sections RDPC selon le nouveau découpage politique au sein de ce parti. Les populations en majorité, vivent en deçà du seuil de pauvreté et le chômage des jeunes y est de plus criard. Ces derniers sombrent dans la mendicité et deviennent des pantins à ficèles d’une élite dont le seul souci est de dominer tout le monde. Dans ce département comme dans bien d’autres à travers la république, tout manque dans certains villages au 21ème siècle : eau potable, électricité, centres de santé, centres de loisir, etc. Doit-on dans ces conditions privilégier une guéguerre de leadership teintée du narcissisme béat au grand dam de l’intérêt général ?

Sur le plan politique, le RDPC et l’UPC occupent le haut du pavée en termes d’électorat, avec une domination du RDPC. Plusieurs tribus y cohabitent, notamment les Bassa et les Bakoko qui sont majoritaires. Mais on y trouve aussi les Sawa, les Bamiléké, les Ewondo, les anglophones, les ressortissants du grand Nord, etc. Nommé ministre des Enseignements secondaires en Octobre 2015 en remplacement de feu Louis Bapes Bapes, Jean Ernest Massena Ngalle Bibehe est devenu de fait la première personnalité du département de la Sanaga Maritime. Si sur le plan administratif il occupait le poste de ministre pour la première fois, en revanche son expérience en politique semble avérée pour avoir passé près de 20 ans comme chargé de missions régional du RDPC dans le Littoral. Mais que lui reproche-t-on exactement?

Griefs

«Arrivé au Minesec (Ministère des Enseignements secondaires, ndlr), il veut montrer que c’est lui qui oriente tout. Tout d’abord, il a coupé les ponts avec tous les anciens dignitaires du parti du département qu’il a trouvés et qui sont jusqu’à l’heure actuelle les grands soutiens du RDPC dans Sanaga Maritime. Dignitaires sans lesquels le parti n’aurait pas connu les belles victoires jusqu’à ce jour. Malgré la montée Upeciste, ces dignitaires et anciens militants de première heure n’ont jamais démérité et ont toujours soutenu à coups de fortes dépenses de leurs fortunes personnelles notre parti des Flambeaux. », peut-on lire dans ce document incendiaire dont le style de l’écriture et le chant lexical traduisent simplement le courroux et la désolation. Ils ajoutent : « C’est dans cette ville (Edéa, ndlr) non loin du centre, qu’a vu le jour notre illustre personnage Jean Ernest Massena Ngalle Bibehe qui, rappelons-le déjà, n’avait jamais milité en Sanaga Maritime. Il a toujours été chargé de mission régional (du RDPC dans le Littoral, ndlr), ceci pour dire qu’il ignore les rudiments du militantisme de proximité et du militantisme de base dans un parti politique. D’ailleurs ses participations financières aux activités du parti ne dépassaient jamais 150 000 F Cfa et disait toujours tout haut qu’il n’était pas militant d’Edéa. ».

En parcourant ce pamphlet, l’on y relève d’autres motivations de la colère de ces forces vives de la Sanaga Maritime qui ont décidé de rompre le silence. Sur ce plan politique donc, l’homme refuserait de « coopérer avec les dirigeants actuels du parti, passant outre les instructions du comité central » de leur parti, le RDPC. Sinon, « Comment comprendre que nommé comme membre de la coordination à la délégation permanente départementale du RDPC dans la Sanaga Maritime, le ministre a toujours boycotté les assises de cet organe bien qu’étant nommé par le président national du parti ? Comment comprendre sa présence continuelle aux assises régionales du RDPC pendant qu’au niveau départemental, on se demande encore s’il fait toujours partie des leurs où a-t-il simplement demandé sa mutation pour la région ? », s’interroge-t-on. Pour la gouverne de nos lecteurs, le problème qui défraie la chronique en ce moment, est que le ministre Ngalle Bibehe a entrepris d’organiser les tournées de remerciements dans la Sanaga Maritime et notamment dans la ville d’Edéa, « en ignorant les responsables politiques RDPC élus ou désignés », mais en s’entourant de « ceux déchus et de certains membres des organes spécialisés du Rdpc (Ofrdpc et Ojrdpc) ». Pis encore, que pour maquiller cela, il s’est refugié derrière le subterfuge selon lequel « ces tournées n’ont aucune couleur politique ».

Cependant, l’on se demande « pourquoi est-il toujours accompagné par le chef de la délégation permanente RDPC de la région du Littoral, Laurent Esso ? Pour qui roule-t-il donc ? Par ailleurs, sous le label du « vivre ensemble », le ministre Jean Ernest Massena Ngalle Bibehe vient encore d’organiser une autre manifestation du genre et très courue à Edéa. Une goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Car en filigrane de cette manifestation, l’on a plutôt senti une « haine viscéral contre les Bassa d’Edéa en particulier et des Babimbi en général, un sentiment qu’on n’avait jamais vécu dans cette ville, étant entendu que les Bassa y représentent les 62% ; les Bakoko (Yassoukou, Adie et Yakalak) 12% ; le grand Ouest 11% ; le Centre, le Sud et l’Est 8% ; Sud-ouest et Nord-ouest 4% et les Sawa 3% de la population », soutient-on dans ce document.

Réponse du berger à la bergère

Dans le souci d’équilibrer de cette information, mais n’ayant pas pu rencontrer le ministre à cause de son calendrier surchargé, nous nous sommes approchés de son entourage immédiat qui réfute toutes ces « allégations déstabilisatrices teintées de jalousie, dont l’objectif est de nuire et tacheter ce qui est blanc ». Démontant une à une les arguties ci-dessus, l’on a seulement qualifié de « mauvaise foi » le fait qu’on essaye de jeter une personnalité en pâture. « Rien n’interdit à une personnalité de la république et qui plus soit ministre, d’entreprendre des tournées soit de remerciements, soit de simples visites courtoisie ou de causeries auprès des populations de son département d’origine. », relèvent-ils d’entrée de jeu. Prenant comme exemple la dernière manifestation d’Edéa sur le « Vivre ensemble », une manifestation populaire dont ils évaluent les participants à près de 10000 personnes, « ces gens avaient sous-estimé la force mobilisatrice du ministre, car ils prédisaient qu’il y’en n’aurait même pas 1000. Mais il fallait être ce jour à Edéa pour apprécier. Du jamais vu ! Les gens venaient de partout, le stade était comble de monde. C’est ce qui leur donne la migraine aujourd’hui. ». Et de poursuivre : « le ministre n’a jamais été contre qui que ce soit ici, avant ou après sa nomination, bien au contraire. Bien sûr, il peut y avoir des micmacs entre une ou deux personnes, mais delà à déclarer qu’il hait les Bassa en général et les Babimbi en particulier, c’est aller trop loin. C’est même inqualifiable !

Pour la petite histoire, le ministre que nous connaissons bien, a des liens familiaux dans les quatre départements de la région du Littoral : fils Adiè ; petitfils des Babimbi (Ndog-Mbog) de par son père ; petit-fils Yabassi de par sa mère ; arrière-petit-fils Sawa et arrière-arrière-petit-fils Pendja (Mungo) de par sa mère. Il parle parfaitement toutes ces langues. D’où vient-il donc sa haine contre les Bassa ? Nous pouvons même allez plus loin. Au ministère, savez-vous qu’aucun Bakoko n’est directeur ? Par contre un Bassa (Babimbi) fait partie des directeurs et c’est lui qui l’a proposé. ». Sur le plan politique la réplique est à la hauteur de l’attaque. Les proches du ministre ne passent pas par des chemins contournés pour démontrer qu’il travaille en synergie avec la base militante du parti, sans exclure les dirigeants. Il se pose simplement un problème de calendrier, car « les tournées politiques souvent organisées par les responsables départementaux du RDPC dans la Sanaga Maritime, coïncident soit quand il est en déplacement, soit simplement empêché. Et encore, faut-il qu’il soit saisi à temps. Par ailleurs, nous pouvons vous certifier que pour avoir fait près de 20 ans comme chargé de missions régional du RDPC, le ministre maîtrise tout le sommier politique de la région du Littoral. C’est certain qu’il ne peut pas être d’accord avec des agissements de certains responsables politiques du parti. Quant aux contributions financières du ministre, ce que les gens disent, les engage.

Mais nous savons que le ministre a coutume d’appuyer séparément les différentes sections et organes spécialisés du RDPC. Peut-être que c’est cette façon de procéder désormais qui fâche. », concluent-ils. Le moins qu’on puisse dire est que cette tension humaine, couplée à celle fournie par les barrages hydroélectriques d’Edéa et de SongLoulou, peuvent donner lieu à quelque chose d’intéressant dans ce département dans un proche avenir. Quoiqu’il en soit, nous ne devons pas perdre de vue que « le propre de la médiocrité est de se croire toujours supérieur », disait François De La Rochefoucauld.