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Politique of Sunday, 6 November 2016

Source: cameroon-info.net

'Biya n’avait plus mandat de convoquer la réunion du RDPC'

Saidou Maidadi, membre du bureau politique de l'UNDP Saidou Maidadi, membre du bureau politique de l'UNDP

Dans une interview exclusive accordée à Cameroon-Info.Net, ce membre du bureau politique de l'Union Nationale pour la Démocratie et le Progrès (UNDP) trouve que Paul Biya veut maintenir le suspens autour de sa candidature et n’a nullement l’intention de céder le pouvoir.
Comment avez-vous réagi suite à la prorogation du mandat des bureaux du Rdpc ?

Saïdou Maïdadi: Je ne suis pas du tout surpris parce que le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) n’a pas de principes ni de valeurs fondamentales qu’on ne touche pas. Le mandat en est un. Le seul principe sur lequel tout le monde est d’accord, c’est la conservation du pouvoir par tous les moyens. Au besoin sans mandat. Cette prorogation ne s’est pas même pas faite dans les délais donc personne n’avait même qualité pour convoquer la dernière réunion. Le président national, le bureau politique et le comité central n’avaient plus de mandat au moment de la réunion, la disposition des statuts pouvant contourner la difficulté n’ayant pas été utilisée. Et on trouve d’éminents professeurs créatures qui veulent nous faire comprendre que le mandat est un détail.

Cette prorogation peut-elle être synonyme du report de la présidentielle ?

Saïdou Maïdadi: Nullement. Dans le cadre actuel de notre constitution, la présidentielle ne peut être reportée. Sauf à la modifier avant.

Le Rdpc chercherait-il à maintenir le suspense à la candidature de Paul Biya ?

Saïdou Maïdadi: Il est clair que cette manipulation cherche à maintenir le suspens autour de sa candidature qui est pourtant certaine. Il veut garder les troupes unies jusqu’à cette échéance pour que le moment venu (la dernière minute) elles n’aient pas de stratégie de rechange. C’est une technique vieille comme le monde. Le problème de notre pays est que Biya n’a nullement l’intention de céder le pouvoir. Il faut que tous ceux qui ambitionnent ce pouvoir le comprennent.

Il ne règle pas le problème de l’alternance à la tête de l’État parce qu’il ne veut pas le régler à la tête de son parti. Il va laisser une disposition boiteuse de la constitution pour régler le problème de l’alternance à la tête de l’État. Plusieurs éléments pour étayer cette allégation : il ne dote pas le pays d’un président du sénat en santé et solide physiquement pour assurer l’intérim ensuite il met un verrou quine dit pas son nom dans la disposition ; l’intérim démarre après la constatation de la vacance par le Conseil constitutionnel, mais n’a pas prévu le cas de blocage par ce même conseil constitutionnel. C’est une des raisons pour lesquelles cet organe fonctionne de manière artificielle et subsidiaire.

Comment se porte votre parti l’UNDP après cette vague de démissions enregistrées à Garoua et Bertoua ?

Saïdou Maïdadi: Je rentre d’une tournée conduite par le Secrétaire général du parti à l’Est du pays. Les démissions dont tu me parles, je les ai vues dans les médias seulement. Non seulement les structures continuent le travail d’implantation, ce qui inquiète fortement notre partenaire, mais non moins concurrent et adversaire et qui déploie toutes les stratégies y compris l’intox et l’intimidation, mais encore nous enregistrons surtout de nouvelles adhésions en provenance de ce même parti.

C’est ainsi que nous venons d’accueillir dans nos rangs une sénatrice suppléante du Rdpc et nous nous en félicitons. D’autres encore seront médiatisées le moment venu. Il me plait de dire ici que l’Undp fait ses meilleurs résultats électoraux à l’Est du pays parce qu’il n’a pas moins de 20% allant jusqu’à 45 %des voix dans chacun des départements de cette région. Résultats donnés par notre partenaire/adversaire lui-même. C’est dire que l’Undp se porte très bien à l’Est.

Pour ce qui de Garoua, je ne m’étendrais pas trop parce que tu y vis. Tu connais tous les points forts du parti dans cette partie du pays ainsi que ses hommes forts (je ne sais pas lequel aurait démissionné) et certainement ses points de faiblesse. Mais tu sais surtout que sans la fraude, le Rdpc ne peut en aucun cas battre l’Undp dans cette partie en question.

Qu’est ce qu’il faut pour sortir le parti de Bello Bouba de son agonie ?

Saïdou Maïdadi: Pour ce qui est de l’agonie, je suis convaincu que nous n’avons pas eu les mêmes professeurs de français ni ne consultons les mêmes dictionnaires. Le véritable critère d’appréciation de la bonne santé d’un parti politique est sa relation avec le peuple. On ne peut évaluer cette dernière qu’à travers les élections. Les résultats électoraux de notre parti, du moins depuis que les grands partis y prennent part, s’améliorent au fil des élections comme le témoignent les suffrages obtenus. En termes de suffrages aux dernières élections, le parti, sur la base de ceux à lui attribués par son partenaire/concurrent est arrivé en 2éme position. Quelle position pourrait-il occuper sans la fraude ?

Malheureusement cette position honorable ne se traduit pas en termes de sièges au parlement ni dans les conseils municipaux. Cela à cause du mauvais quotient électoral qui pénalise en priorité les zones favorables à l’Undp (la région du Nord a 12 députés pour une population supérieure à 2000 000 habitants alors que le Sud a 11 députés pour 500000 habitants: dans un pays normal, le Nord devait avoir sur la base du quotient électoral du Sud 44 députés ou alors le Sud 3 députés sur la base de celui du Nord);

Cela à cause du mauvais mode de scrutin (majoritaire avec une dose de proportionnelle permettant au parti au pouvoir de bouffer aux deux positions). Ce mauvais mode scrutin a fait en sorte que notre parti se retrouve avec un seul député sur l’ensemble du pays alors qu’il avait eu plus de 400 000 voix dans le même temps. Il nous faut organiser des élections législatives à circonscription nationale unique et les sièges octroyés à la proportionnelle intégrale. Il y a bien évidemment beaucoup de réformes à mener.

Quelle est votre vision de la plateforme Undp –Rdpc ? Profite-t-elle aux partisans de l’UNDP ?

Saïdou Maïdadi: La plateforme Undp-Rdpc est une alliance politique décidée par les instances appropriées des partis du moins pour ce qui concerne l’Undp. Elle a sauvé et continue de garantir la paix, la sécurité et la stabilité de notre pays. À ce titre, c’est une bonne initiative parce qu’elle profite au pays. Les partisans de l’Undp ne sont pas plus importants dans cette affaire que le pays.

Après avoir dit cela, je reprendrais d’abord et avant tout les propos tenus il ya quelque temps par le grand frère Dakolé qui s’y connaît et qui avaient barré la une d’un journal bien connu de la place: «le RDPC est un ogre qui bouffe en priorité ses alliés».

Je suis amer de constater que c’est malheureusement vrai. L’UNDP, en se maintenant dans cette alliance bénéfique au pays malgré les couacs qu’il y a, veut démontrer qu’il a à cœur la paix, la sécurité et la stabilité de notre pays d’une part et qu’il est un parti d’honneur donc de parole d’autre part. Nous avons rempli et tenu tous les engagements pris dans la plateforme. L’autre partie en a fait de même ? L’Histoire jugera. Il revient maintenant au parti, en toute objectivité, d’en faire le bilan le moment venu et de voir ce qu’il a à ajouter ou à retrancher le cas échéant.

Si vous étiez appelé à façonner une nouvelle plateforme, quels sont les points que vous alliez y inclure ?

Saïdou Maïdadi: Les idées que je peux avoir sur la question, permettez-moi de les réserver à l’organe statutairement qualifié de notre parti pour traiter du problème. Je me limiterais ici à des questions de forme. Je me répète, la plateforme est bonne. Elle met en exergue tous les domaines (politique, économique, social, culturel, environnemental et international) dans lesquels les deux partis doivent travailler ensemble. Mais nous ne travaillons ensemble sur rien.

En fait, le Rdpc veut qu’on s’allie à lui non pas pour travailler ensemble, mais plutôt pour dormir ensemble. Il faut que cela change et pour y arriver, il faut faire fonctionner à nouveau le comité de suivi de l’exécution de cette plateforme présidée par le Premier Ministre et dont la dernière rencontre a eu lieu sous la présidence de Peter Mafany Musongue. C’est tout dire. Ce comité est primordial justement pour évaluer, jauger, amender et améliorer les choses. Malheureusement, il est bloqué