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Politique of Thursday, 26 July 2018

Source: LE DETECTIVE/ N°1052

Présidentielle: des 'opposants' adoptent le pragmatisme

Ils ont déclaré leur soutien à Paul Biya Ils ont déclaré leur soutien à Paul Biya

L’annonce a fait l’effet d’une bombe atomique le 20 juillet dernier à Yaoundé, lorsque 20 leaders de partis politiques parmi lesquels les plus virulents d’hier contre le régime de Paul Biya, décident de soutenir l’homme du 6 novembre 1982.

Au sein de l’opinion publique nationale et internationale, la nouvelle est accueillie avec froideur auprès de ceux qui se vautraient encore dans le vain espoir de voir l’opposition aller en rangs serrés face à Paul Biya, au pouvoir depuis bientôt 36 ans. Les plus abasourdis par cette décision de ce qui a fort opportunément été qualifié de «G20», crient à la «trahison» et au «positionnement opportuniste» de ces désormais anciens opposants.

Mais au-delà des soupçons légitimes de trahison dont ils sont affublés, l’honorable Bapooh Lipot et ses camarades avancent des arguments à ne pas balayer d’un revers de la main, tant leur pertinence met à nu les tares d’une opposition consciente de son incapacité à vaincre le parti de Paul Biya dans les urnes. En effet, dès la fin du processus électoral en 2011, soutient le «G20», «certains membres de notre Collectif ont demandé à plusieurs formations politiques de mettre sur pied une dynamique d’ensemble pour créer l’alternance au Cameroun».

Pour ce faire, le collectif pose trois préalables. Primo, «un candidat unique de l’opposition pour l’élection présidentielle de 2018». Secundo, «l’implantation des démembrements de notre Collectif dans les 360 arrondissements que compte le Cameroun» et enfin, «une plateforme de collaboration avec Elections Cameroon (ELECAM) en vue des inscriptions massives de nos concitoyens en âge de voter sur les listes électorales».

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«One Man Show»

L’approche jusque là parait plus stratégique pour le collectif, qui estime à juste titre que «l’opposition camerounaise ne peut pas gagner une élection présidentielle en y allant en rangs dispersés». La conséquence d’une opération solidaire vers le Palais d’Etoudi est que «les voix favorables aux candidats de l’opposition seront émiettées et cela ne produira à la fin qu’un résultat médiocre. Dans ce cas de figure, le candidat du RDPC, seul parti politique véritablement implanté dans les 360 arrondissements du Cameroun, aura toujours le dessus sur l’opposition».

Malgré la pertinence du diagnostic, la démarche dudit collectif «en direction de plusieurs partis politiques dans le but de susciter une candidature unique de l’opposition n’a rencontré que le mépris de ceux qui, dans les rangs de cette opposition, prétendent qu’ils sont forts, et qu’ils peuvent se barrer et gagner seuls l’élection présidentielle», font-ils savoir le 20 juillet dernier dans un hôtel huppé de Yaoundé.

De même, la plateforme proposée à l’opposition camerounaise en vue des inscriptions massives sur les listes électorales n’a pas été non plus acceptée. Or, poursuit le collectif, «à ce jour, et alors que les responsables du RDPC ont effectué une quarantaine de descentes sur le terrain depuis 2011 pour emmener leurs militants et les populations à s’inscrire sur les listes électorales, les partis politiques de l’opposition se sont réveillés pratiquement à la veille du scrutin».

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Concrètement, et au vu de ce qui précède, «comment peut-on penser gagner une élection de l’envergure de la présidentielle et ne pas disposer d’un important réservoir d’électeurs ?», s’interroge le collectif dans une pertinence sans équivoque. Plus loin, les camarades de l’honorable Bapooh Lipot de l’Union des populations du Cameroun (UPC), observent que «la plupart des leaders de l’opposition sont plus préoccupés par le «ONE MAN SHOW» qui se caractérise par l’occupation fréquente des plateaux de chaînes de télévision, oubliant qu’une élection ne se gagne pas dans les médias ou les réseaux sociaux mais sur le terrain».

Au regard de ce qu’ils qualifient de «manque d’organisation des partis politiques, de l’égo surdimensionné des prétendants au fauteuil présidentiel qui sont tous dans la logique de «Moi candidat ou rien», et en l’absence d’un projet politique crédible de l’opposition qui parle toujours de l’alternance sans proposer une alternative», les membres du «G20», ont basculé dans le camp du Président Paul Biya.

Un Cameroun uni et indivisible

«Tous avec Paul le 7 octobre 2018», ontils lancé dans un slogan fort évocateur de l’immensité de leur déception au sein de l’opposition, au moment où de nombreux défis interpellent le Cameroun. Il s’agit pour le collectif, d’«accélérer le processus de décentralisation et donner des moyens au nouveau ministère de la Décentralisation et du Développement Local afin qu’il puisse poser des actions concrètes sur le terrain ; Accélérer les chantiers de la CAN 2019 afin que tous les grands travaux (construction des stades, des hôtels, des hôpitaux, etc.) s’achèvent avant le jour dit par le chef de l’Etat. Il y va de la crédibilité du Cameroun ; Procéder à la relecture du Contrat qui lie l’Etat du Cameroun à ENEO afin d’améliorer la qualité de la fourniture de l’énergie électrique à nos populations, en général et celles des régions de l’Est, du Nord-Ouest, de l’Extrême-Nord et de l’Adamaoua en particulier ; Harmoniser l’âge de départ à la retraite pour tous les agents publics à 60 ans». Ledit collectif pense ici «qu’il n’y a pas de raison de laisser certaines catégories d’agents publics prendre leur retraite à 55 ans alors qu’ils sont encore utiles à notre pays».

Au demeurant, des motivations claires pour les «démissionnaires» de l’opposition, qui en ont profité pour lever également toute équivoque sur leur position sur la crise anglophone. «Notre position ne souffre d’aucune ambigüité. L’unité, la paix et la cohésion sociale doivent être préservées afin que le Cameroun demeure ce pays tant admiré en Afrique. Le gouvernement a répondu, de manière concrète, à toutes les doléances des enseignants et des avocats qui, en novembre 2016, avaient provoqué ces remous sociaux qui perdurent.

Les faits montrent que le chef de l’Etat est allé au-delà de ce que réclamaient les enseignants et les avocats grévistes». Et à chacun d’en apprécier