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Politique of Tuesday, 12 December 2017

Source: camer.be

Parlement: Patricia Njoya muselée après son agression sur un député du RDPC

Un café politique organisé par la député a été interrompu par les forces de l'ordre Un café politique organisé par la député a été interrompu par les forces de l'ordre

Hier, le président de l’Assemblée nationale a empêché le café politique entre la député de Udc et le Club des journalistes politiques. En plein air, elle s’est expliquée sur son coup de sang à l’hémicycle vendredi dernier.

Il y a eu des éclats de voix dans le très réservé et très protocolaire hôtel des députés à Yaoundé. Hier, 11 décembre 2017, la journée a commencé dans une ambiance bien particulière. Même en haussant le ton, la député Hermine Patricia Tomaïno Ndam Njoya n’a rien pu faire face à l’intransigeance des gendarmes.

Les ordres reçus étaient clairs : empêcher la tenue de la rencontre prévue à 10h entre la parlementaire de l’Union nationale du Cameroun (Udc) et le Club des journalistes politiques du Cameroun. Dans le cadre de ses activités lors de la session parlementaire en cours, l’honorable Hermine Patricia Tomaïno Ndam Njoya devait se prêter au jeu des questions-réponses avec la presse dans le cadre d’un café politique. Non seulement les journalistes ont été bloqués dès l’étape de la guérite, mais également la député n’a pu leur parler qu’en plein air, sous le soleil.

Le café politique n’a donc pas eu lieu. Mais l’occasion a été donnée de mesurer la guerre déclarée entre les députés Rdpc et leur collègue de l’opposition depuis que cette dernière blessé un élu du parti au pouvoir. Et Cavaye Yeguié Djibril, président de l’Assemblée nationale, est cité dans cette affaire. « Ce matin (hier), j’ai reçu un coup de fil du directeur de protocole de l’Assemblée nationale, qui m’a fait savoir que les députés du Rdpc étaient allés voir le président de l’Assemblée pour lui dire que je n’ai pas à tenir une conférence de presse à l’hôtel des députés. Parce que pour eux, c’est une provocation.

Alors, le directeur du protocole m’a fait savoir que le président de l’Assemblée nationale me dit que je n’ai pas à faire cette conférence à l’hôtel des députés. Je m’attendais que le président de l’Assemblée nationale m’appelle. Comme il ne l’a pas fait, je me suis dirigée à l’hôtel des députés où j’avais rendez-vous avec les journalistes », explique l’honorable Ndam.

Sur place, elle trouve la presse qui ne peut accéder à l’hôtel. Pire, la député apprend que les portes de la salle des conférences lui sont fermées. Même une rencontre avec le directeur de l’établissement hôtelier n’y change rien. « Le directeur m’a fait savoir qu’on lui a dit que j’ai reçu un coup de fil, et qu’il obéit à sa hiérarchie.

C’est très grave pour la République. Je lui ai posé la question de savoir s’il a le droit d’interdire, en pleine session parlementaire, à un groupe de députés représentant un parti politique, l’accès à l’hôtel des députés. Est-ce que l’hôtel des députés appartient seulement aux députés du Rdpc ? Je lui ai demandé si, en tant que députés, nous n’avons pas droit à cet hôtel comme tous les autres députés », relève-t-elle.

Sujets

Les sujets de l’échanges avec les journalistes étaient bien connus : l’adoption de la loi des finances dans la confusion vendredi dernier, la blessure causée à la tête du député Rdpc Richard Wallang Bua par un chevalet lancée par Mme Ndam Njoya, la position de l’Udc sur la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, enfin les échéances électorales de 2018.

De toute évidence, le problème de ce café politique se trouve ailleurs. J’ai présenté au directeur de l’hôtel les sujets et je lui ai demandé si nous n’avions pas le droit d’en discuter avec la presse. Il n’a pas pu nous donner une réponse », rapporte encore l’honorable Hermine Patricia Ndam.

Elle dit avoir reçu plusieurs coups de fil de ses collègues du Rdpc qui lui ont fait des menaces, en la prévenant qu’ils considéraient sa volonté de s’entretenir avec la presse comme une provocation. Le Jour a appris auprès des plusieurs membres du groupe Rdpc que des dispositions ont été prises effectivement pour empêcher l’activité de l’Udc. Par contre, rien ne filtre du cabinet du Pan.

Mme Ndam Njoya savait sa sorti très attendue, notamment sur les remous survenus à l’hémicycle de l’Assemblée nationale vendredi dernier. Sur la blessure causée à l’honorable Richard Wallang Bua, voici le propos de Patricia Ndam Njoya : « J’en suis désolée. Je lui ai présenté mes excuses avant qu’on ne sorte de l’hémicycle, et je les lui ai présentées après. Je remercie Dieu qu’il n’est pas reçu le coup à son œil ; ce qui aurait été plus grave. Je n’ai jamais visé un collègue du Rdpc. »

Malgré ses regrets, la député dénonce le musèlement dont elle est victime. Elle accuse Cavaye Yeguié Djibril qui a refusé la parole aux quatre représentants de l’Udc vendredi dernier. Pour elle, le désordre créé par le Sdf ne justifiait pas que le Pan ferme la discussion générale en ignorant les chevalets levés par le groupe Udc en signe de demande de parole.

« Par un geste vraiment d’exaspération, le chevalet que le brandissais, je l’ai balancé. Je me demandais à quoi il me servait. Je suis porte-parole de l’Udc. Les chevalets de mes camarades, il fallait que je dise à tout le monde qu’ils ne me servent à rien. Malheureusement, il y a un de mes collègues qui a reçu un coup », se souvient Patricia Ndam.

La méthode Udc

Elle dit combien il était important pour son parti politique de s’exprimer. « Depuis que nous sommes à l’Assemblée nationale, les députés de l’Udc n’ont jamais été commissaires à la commission des finances et du budget. C’est une violation des droits parlementaires. La plénière d’adoption est donc la seule occasion pour présenter notre position. De 16h30 jusqu’à 20h30, lorsque le président de l’Assemblée déclare ouverte la discussion générale, je travaillais sur notre intervention. Nous avons été les premiers, mes collègues et moi, à soulever nos chevalets. »

Sur l’adoption dans la confusion du budget 2018, l’élue de la nation regrette l’entêtement du gouvernement : « un budget accordé à un exécutif qui ne se soucie pas des principes démocratiques et républicains, qui président à l’adoption et au contrôle du budget. » Plus encore, la porte-parole de l’Udc à l’Assemblée nationale tient à distinguer la position de son parti par rapport à l’opération « Blocus » lancée par le Sdf pour imposer un débat sur la crise dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest.

Voici réaffirmée la position du parti d’Adamou Ndam Njoya : « A l’Udc, nous avons notre façon de faire. Dès la session de 2016, l’Udc avait déjà dit que l’Assemblée nationale devait prendre ses responsabilités, le Parlement devait, en tant que pouvoir, utiliser des dispositions du règlement intérieur et de la Constitution, qui fait de lui le représentant de la souveraineté nationale et de l’Etat. Il devait pouvoir, par rapport au problème majeur du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, composer une commission spéciale comme le prévoit la loi.

Une commission d’enquête parlementaire, pourquoi pas. Nous n’avons cessé de le dire. Nous avons fait état de la mauvaise gestion de la crise anglophone par l’Assemblée nationale, parce nous avons constaté qu’au lieu d’être indépendante et de prendre en main ses responsabilités, elle se pliait à l’exécutif. Pourtant en tant que pouvoir, elle pouvait, indépendamment de la démarche gouvernementale, entreprendre ses propres actions. Nous étions outrés en mars et juin 2017 qu’on n’ait pas pu organiser un débat sur cette question à l’Assemblée. »