La maison politique du Mouvement Camerounais pour le Renouveau (MRC) du Professeur Maurice Kamto continue de voler en éclat. Aucune semaine ne passe sans que l’on assiste à une démission ou une suspension voire une exclusion d’un membre influent du parti.
Après l’exclusion de l’ancien trésorier général, Okala Ebodé, soupçonné d’être un espion du régime Biya, c’est au tour de dame NOUTSOP Yollande militante très influente du MRC dans le Bamboutos de claquer la porte du parti.
Dans une tribune, publiée sur les réseaux sociaux, Yollande NOUTSOP dénonce l’attitude de certains militants du MRC qu’elle qualifie de « des procureurs idéologiques ». Pour elle, il y a une sorte de pensée unique qui s’installe dans le parti et qui empoisonne la cohésion tant vantée par les premiers responsables. Cette situation entraine un climat de suspicion avec des militants « qui se sont donné pour mission de distribuer les brevets de loyauté, de décider qui est fréquentable et qui ne l’est pas, de décréter que toute pensée différente du MRC serait une trahison, il faut aujourd’hui dire les choses sans détour ». Pour illustrer ses propos, elle évoque la campagne de diffamation dont a été victime le président national du SDF, Joshua Osih.

CI-DESSOUS, L’INTÉGRALITÉ DE LA SORTIE

À ceux qui se sont autoproclamés arbitres exclusifs de la lutte,
À ceux qui se sont donné pour mission de distribuer les brevets de loyauté,
De décider qui est fréquentable et qui ne l’est pas,
De décréter que toute pensée différente du MRC serait une trahison,
Il faut aujourd’hui dire les choses sans détour.

La lutte pour le changement n’est pas une propriété privée.
Elle n’appartient ni à un parti unique, ni à un clan, ni à une génération.
Elle ne se résume pas à un seul itinéraire, encore moins à une seule idéologie.
Croire le contraire, c’est réduire la résistance à une chapelle fermée et offrir un cadeau inespéré au régime que nous combattons.

Qualifier systématiquement de traître tout acteur politique qui ne partage pas exactement la même ligne,
C’est fragmenter l’opposition,
C’est affaiblir la dynamique collective,
C’est, consciemment ou non, renforcer le RDPC.

L’adversaire n’est pas dans l’opposition.
L’adversaire, c’est le système en place,
Celui qui confisque le pouvoir, les libertés et l’avenir du pays depuis des décennies.

Dans cette logique, le SDF n’est pas un ennemi.
Il est une opportunité politique.
Une force historique, avec ses erreurs et ses combats,
Un partenaire potentiel pour construire une alliance large et crédible capable de fédérer toutes les énergies du changement.
Refuser toute collaboration par réflexe de rejet, c’est se condamner à l’isolement.

Insulter, salir et diaboliser les leaders de l’opposition,
Comme cela a été fait contre Joshua Osih,
En le traitant de tous les noms pour compenser un objectif non atteint,
N’élèvera jamais notre cause.
On ne bâtit pas la victoire en piétinant ceux qui, avant nous, ont ouvert l’espace du pluralisme, parfois au prix de lourds sacrifices.

La légitimité politique ne se mesure pas à la souffrance comparée.
Ce n’est pas parce que certains ont connu la prison que les autres doivent être disqualifiés.
Ce n’est pas parce que l’on a payé un prix élevé que l’on devient propriétaire de la lutte.
La démocratie ne fonctionne ni à l’exclusion, ni à la suspicion permanente.

Douter de tout le monde,
Accuser systématiquement,
Voir des ennemis partout,
C’est installer la peur au cœur même du camp du changement.
Et pendant que nous nous divisons, le régime observe, se frotte les mains et consolide son pouvoir.

L’histoire est pourtant claire :
Aucun combat démocratique sérieux ne s’est gagné dans la dispersion.
Aucune alternance ne s’est construite contre tous, mais avec le plus grand nombre possible.

Ce dont nous avons besoin aujourd’hui,
Ce ne sont pas des procureurs idéologiques,
Mais des rassembleurs.
Pas des insultes, mais de la stratégie.
Pas des murs, mais des ponts.

La lutte pour la liberté, la démocratie et le pluralisme appartient à tous ceux qui y contribuent de bonne foi.
La réduire à un seul camp, c’est trahir son essence même"

NOUTSOP YOLLANDE