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Politique of Thursday, 15 March 2018

Source: koaci.com

Mon profil dérange ceux qui souhaitent le statuquo - Akere Muna

L’intérêt de la nation est plus important que nos petits égos personnels - Akere Muna L’intérêt de la nation est plus important que nos petits égos personnels - Akere Muna

Après la tournée qu’il vient d’effectuer dans plusieurs villes de la région du Sud-ouest, en proie aux revendications socio politiques, Akere Muna, candidat déclaré à la présidentielle qui devrait se tenir entre le 14 septembre et le 14 octobre 2018, a répondu aux questions de KOACI.

Candidature unique de l’opposition, accusations de corruption, crise anglophone, … le candidat de la « Plateforme pour une Nouvelle République », et leader du Mouvement « Now », n’a éludé aucune question.

Maître Akere Muna, vous êtes une des personnalités les plus influentes du Cameroun. Et, vous êtes candidat à la présidentielle de 2018, qui devrait se tenir entre le 14 septembre et le 14 octobre prochains. Quelles sont vos motivations ?

Comme je l’ai évoqué lors de l’annonce de ma candidature le 8 octobre 2017, j’ai décidé de faire partie de la solution avec l’ensemble des citoyennes et citoyens qui souhaitent qu’un vrai changement s’opère. Comme vous le savez, notre pays est à la croisée des chemins, pendant des années je me suis investi dans la société civile et j'ai multiplié les propositions sans être écouté, alors qu’à l’international j’étais appelé pour résoudre le même type de problèmes. Au Cameroun, sans qu’on me le demande et sans arrière-pensées, j’ai ciblé les plus grands maux qui minent notre société : la mauvaise gouvernance, la corruption, une gestion inadéquate de la diversité. Certains de ses engagements m’ont valu de perdre mes clients, d’autres une convocation au SED. Mon combat de 20 ans pour la bonne gouvernance a certes sensibilisé les citoyens, sans toutefois amener les décideurs à penser à une politique qui met les citoyens au centre de leurs préoccupations. Après toutes ces années, j’ai donc décidé de porter mes idées et mon expertise en m’engageant directement comme acteur politique.

Pour certains Camerounais, vous êtes issu d'une des plus grandes familles du Cameroun qui est comptable du bilan du régime en place et pour ceux-ci, vous n'êtes pas une option crédible pour l'alternance. Que leur répondez-vous?

En ce qui concerne ma responsabilité pour des faits de tiers, quand bien même ces tiers seraient des membres de ma famille, je ne comprends pas la base de ce raisonnement. En tout état de cause, vous avez peut-être eu la chance de choisir la famille dans laquelle vous êtes né... Moi pas. Néanmoins je remercie Dieu de m’avoir donné des parents responsables à qui je dois mon engagement à servir, ma probité et mon sens de l’équité. Pour que ce soit clair, je n’ai jamais fait partie du gouvernement, je ne peux donc pas être comptable de son bilan. Au contraire, j’ai fait partie de ceux qui dénoncent l’opacité, la corruption ambiante et qui appellent à une meilleure gouvernance. À ceux qui disent que je ne suis pas une option crédible pour l’alternance, je dis ceci : je suis le contraire du statuquo, mon histoire le montre, mes engagements aussi. Ne vous laissez pas berner par tous ces faux discours, analysez par vous-même. Je suis reconnu à l’international pour mon expertise et mes engagements, là-bas, personne ne connait la famille Muna. Pour eux, ce qui compte ce sont vos compétences. D’ailleurs jamais l’État du Cameroun ne m’a aidé à obtenir un poste dans une seule de ces instances, au contraire. Aujourd’hui mon profil dérange ceux qui souhaitent le statuquo, parce que je suis parfaitement bilingue, accepté dans différentes communautés, j’ai accès à de hautes instances, j’ai proposé à notre pays un nouveau cap, plus inclusif et surtout j’ai la capacité de mettre cette vision en application.

Si votre candidature est retenue, comment financerez-vous votre campagne ?

Plutôt que « Si », je dirais « Quand » ma candidature sera retenue, je ferai essentiellement appel aux contributions volontaires des Camerounais qui appellent le changement de tous leurs vœux. Il faut comprendre qu’au-delà de ma candidature, j’ai appelé les jeunes et les femmes à, eux aussi, investir leurs candidats lors des différents scrutins que compte 2018. C’est donc un engagement collectif dans lequel nous sommes solidaires.

Si vous êtes élu, que proposerez-vous aux Camerounais comme solution pour résoudre la crise anglophone ?

Il est clair que la posture du régime en place n’a fait qu’empirer la crise et envenimer les relations entre les parties qui adoptent des positions de plus en plus radicales. Dès mon élection, en même temps nous opérerons une mutation systémique et structurelle de l’État, nous démarrerons un dialogue inclusif permettant de rétablir la confiance et de faire face aux problèmes issus d’une gestion inadéquate de la diversité. Je m’y suis engagé.

Vous êtes une figure de la lutte contre la corruption au Cameroun. Pourquoi Olivier Bile le leader de l'UPF vous accuse d'avoir corrompu Jacques Maboula le maire de Yabassi?

Vous posez une question qui implique l’engagement et les convictions personnels de monsieur Maboula. Je pense que cette question devrait lui être posée directement. Je suis tout de même perplexe qu’on puisse penser que M. Maboula aurait été corrompu quand on sait qu’il est parti du RDPC, parti politique aux affaires.

Les Camerounais vous ont vu ces derniers temps avec Kagame, Saïd Hariri...que cherchez-vous auprès des personnalités étrangères ?

Ce sont des relations de longue date, vous auriez pu citer Nana Akufo-Ado, avocate de formation et ami. En réalité ceux qui me suivent depuis longtemps ne sont pas surpris par toutes ces visites, ce sont des personnalités d’expérience, qui ont des savoirs précieux. Les modèles de développement du Rwanda et du Ghana sont impressionnants, ne rêvez-vous pas de voir le Cameroun connaitre le même essor ? Moi si, voilà ce que cherche.

Monsieur Akere Muna est-il prêt à intégrer une plateforme pour la désignation d'un candidat unique ? Peut-il se retirer au profit d’un autre dans le cadre d'une plateforme des candidats de l'opposition ?

Je l’ai dit à plusieurs reprises, je suis pour une coalition de l’opposition et je travaille pour. Comme vous le savez, la Plateforme pour la Nouvelle République compte plusieurs partis politiques unis pour obtenir le changement. Pour le moment je suis leur candidat, car ils ont vu en moi les qualités d’un leader avec une vision qu’ils partagent, mais je suis prêt à me retirer et soutenir un candidat qui aurait un meilleur profil et plus de chance de gagner. Nous travaillons pour le changement et pas pour des personnes. L’intérêt de la nation est plus important que nos petits égos personnels.

Maître Akere Muna, les Camerounais vous ont vu à bord de motos pendant une tournée dans les villes de Mutengene, Buea, Kumba, Mamfe, Kembong, Ekona et Muyuka, dans la région du Sud-Ouest, secouée comme le Nord-Ouest, par la crise anglophone. Quel est l'état d'esprit des populations et quelles sont les doléances qu'elles formulent ?

En déplorant la situation humanitaire, il faudrait se rappeler que la plupart des déplacés au Nord-Ouest et au Sud-Ouest sont des agriculteurs. Au moment où nous rentrons dans la saison ou la semence est mise en terre, tous ces agriculteurs manquent à l’appel. Nul besoin d’être un analyste de grande renommée pour comprendre que dans les prochains mois, voir dans l’année à venir, nous subirons une augmentation du prix des vivres, voir des pénuries dans certaines régions.

Je suis conscient du fait que nos forces de l’ordre ont perdu la vie injustement, mais il faut cependant reconnaitre que les punitions collectives, par ailleurs illégales du point de vue du droit international, n’ont pas marché. Bien au contraire, elles nous poussent à la catastrophe humaine. Aujourd’hui beaucoup de ces déplacées ne croient plus en rien, à nous de leur offrir des garanties concrètes et de les convaincre que nous les aimons comme tous les autres camerounais. Sans actions concrètes en leur faveur, tout discours du gouvernement sera vain. Tous ceux que les camerounais ou qu’ils soient, demandent c’est de la considération, du respect et de l’implication. Donnons-leur la chance d’élire leurs représentants, qui devront leur rendre compte de la gestion des biens communs.