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Politique of Tuesday, 17 November 2015

Source: Le Jour

Le tribalisme déchire le RDPC dans l’Adamoua

Quelques militans du RDPC Quelques militans du RDPC

Immersion dans les coulisses du renouvellement des bureaux des organes de base. L’élite locale et les candidats sont accusés de repli identitaire pour la constitution des listes.Vendredi 13 novembre 2015. Il est presque 20h.Par petits groupes, des hommes et des femmes quittent la résidence du député Ali Bachir, au quartier Baladji 2 à Ngaoindéré, chef-lieu de la région de l’Adamaoua.

Ils viennent de terminer la réunion quotidienne d’évaluation et de mise sur pied du consensus en vue des élections à la section Rdpc Vina sud 1 B. Les noms des 16 personnalités membres de la section ont
été arrêtés ; idem pour les autres mouvements du Rdpc, à savoir l’organisation des femmes et celle des jeunes.
Au sein des trois organes du Rdpc dans l’arrondissement de Ngaoundéré 2ème, le choix est maintenant fait sur les trois militants qui conduiront les listes, mais pas sur les autres postes à pourvoir.

A la section Rdpc, c’est le député Ali Bachir qui conduira la liste. A l’organisation des femmes, c’est la présidente sortante, Aminou Aissatou, qui rempile encore. Chez les jeunes, l’unanimité a été faite autour du nommé Ibrahima.

Mais les disputes sont chaudes autour des autres postes à pourvoir dans les trois organes dirigeants du Rdpc. Personne ne veut faire de compromis, les positions sont figées. «Le Rdpc n’est pas la propriété du député, encore moins des Haoussas dans la ville de Ngaoundéré. Nous n’accepterons pas que les postes clefs soient seulement pour eux »,lance Alhadji Bachirou, un membre de l’équipe en composition.

Selon ce dernier, les composantes sociologiques vivant dans l’arrondissement de Ngaoundéré doivent être respectées. « Si le président est Haoussa, le vice président doit être peulh ou Dii, Gbaya ou Mboum. Ainsi, nous aurons une liste consensuelle », conclu-t-il. Il est rejoint dans sa position par d’autres membres de l’équipe à Ali Bachir. Ils dénoncent tous le trop-plein de membres issus de l’ethnie du député. Les mécontentements de certains cadres de la défunte section Rdpc Vina Sud a conduit au départ de certains militants très proches du député Ali Bachir, pas satisfaits de la mise à l’écart des autres composantes sociologiques. Les dissidents de la liste supposée consensuelle ont engagé la composition d’une seconde liste en vue d’affronter la liste conduite par Ali Bachir.

Quant à la section Rdpc Vina sud 1 A, les militants étaient chez le préfet le mardi 10 novembre 2015, en vue de la constitution d’une liste pour la section et les autres organes du parti de Paul Biya. Ils ne s’entendaient pas sur la liste dressée par eux quelques semaines auparavant. Le consensus obtenu après des heures et des jours de négociation a volé en éclats. Certains pontes du Rdpc n’ont pas donné leur quitus à cette équipe que devrait conduire Yaya Djidji Issa, membre suppléant du comité central du Rdpc et ex-maire de la commune urbaine de Ngaoundéré.

C’est ainsi qu’une seconde liste conduite par Abbo Bello, militant de base de la sous-section Rdpc de Haut Plateau, soutenu par des commerçants du 1er arrondissement de Ngaoundéré, a été constituée. Depuis lors, des militants crient au scandale et menacent de boycotter les élections à la section.

Rancœurs

Approché par le Jour, Yaya Djidji Issa dit travailler encore avec ses camarades de parti et reconnaît l’existence d’une autre liste. « Ils refusent le consensus parce qu’il y a des gens qui affirment avoir les moyens pour financer cette liste. Je dis encore que je suis disposé au consensus», explique le candidat à la section Rdpc vina sud 1 A. Argument battu en brèche par la tête de liste concurrente. D’après Abbo Bello, « il n’y a jamais eu consensus. Nous avons tenu une rencontre qui s’était achevée très tard dans la nuit. La tête de liste concurrente a refusé nos propositions.

C’était en présence du député Ali Bachir. Une seconde réunion a eu lieu. Elle s’est terminée en queue de poisson. Nous sommes décidés avec les membres de mon équipe à aller aux élections. Si nous perdons,
nous soutiendrons la liste concurrente au nom du Rdpc », explique quant à lui la tête de liste concurrente. Il rappelle qu’il s’agit d’élections internes au Rdpc. Une fois encore, le député Ali Bachir est taxé d’agissements ethno-tribalistes privilégiant les membres de son ethnie. « Nous avons porté Abbo Bello comme tête de liste pour deux raisons : il est jeune et c’est le candidat du député Ali Bachir.

C’est aussi un intellectuel », explique Alhadji Mohamadou. Avis que ne partagent pas certains militants. Ils évoquent entres autres le passé de ceux qui veulent diriger le Rdpc dans le 1er arrondissement de Ngaoundéré. « Nous avons dans cette section des gens qui militaient dans l’opposition et qui sont parachutés par des élites au sein de la section. Avec eux, nous allons droit au mur », lance Nana Ismaila, un candidat à la section Rdpc Vina sud 1 A.

Selon plusieurs militants, la seconde liste a pour mission de fragiliser le triomphe de Yaya Djidji Issa. Plusieurs membres de la liste d’Abbo Bello accusent l’ancien maire d’être à l’origine de leur éviction des listes de candidature du Rdpc au conseil municipal à la commune de Ngaoundéré 1er lors des dernières élections municipales.

L’ancien maire, lui, se défend. « Je n’ai jamais retiré le nom de qui que ce soit. J’étais juste le rapporteur de la commission et la décision est venue du comité central du Rdpc. Certains camarades veulent me faire porter le chapeau. Nous restons candidat parce que nous avons des projets pour notre parti dans l’arrondissement de Ngaoundéré 1er », explique Yaya Djidji Issa. Toutefois, l’ancien maire dit être ouvert à tout consensus comme le veut la hiérarchie du Rdpc.

L’autre contestation est celle des femmes du Rdpc de Ngaoundéré 1er. Elles contestent le choix de la tête liste Lamondé Haoua et de sa vice-présidente Djenabou Samaki. Selon les femmes de la nouvelle section OfRdpc de Ngaoundéré 1er, les deux femmes sont inconnues d’elles. « Les vraies militantes de notre arrondissement sont absentes dans cette liste. Les deux dames nous ont été imposées par Ali Bachir et le nommé Alhadji Mohamadou Salissou », explique Maryam Adam, une militante de l’Ofrdpc. Les militantes originaires des régions du sud ont été tout simplement écartées de la section.

C’est le cas de madame Nnanga, une mobilisatrice des militantes du Rdpc pour les cérémonies et autres manifestation, dont le nom a été retiré au motif qu’elle est originaire de la région de l’Est. Accusation que réfute Alhadji Mohamadou Salissou, le vice-président de la liste concurrente à celle de Yaya Djidji. «Nous n’avons pas encore désignée la présidente des femmes du Rdpc. Certains camarades oublient qu’il y a des critères qui les excluent de la section. Nous avons appliqué la circulaire du président national pour élaborer notre liste », explique-t-il.

À l’organisation des jeunes du Rdpc à Ngaoundéré 1er, l’unanimité et le consensus ont été observés autour d’Alhadji Abdoul Aziz, ancien vice-président de l’ex section Ojrdpc de la Vina sud 1. Le consensus fait de lui le porte-étendard de la liste.

À Mbé, le président sortant de la section Rdpc Vina nord, Adamou Joseph, est sûr de l’emporter. Il a réussi à faire le consensus et confectionner une liste en tenant compte des composantes sociologiques de son arrondissement. « Mbé est le reflet du Cameroun. Nous avons mis en avant notre bilan des 5 dernières années. C’est une liste consensuelle et tous les villages sont représentés dans notre bureau», affirme Adamou Joseph. Le maire de la commune de Ngan-Ha, Nana Missa, et ses frères ennemis peinent à faire le consensus autour de sa personne.

L’ancien président de la section, par ailleurs maire, est accusé d’avoir tripatouillé les opérations de placement des cartes pour assurer sa réélection à la tête du parti.Dans le centre de Ngan-Ha, plusieurs électeurs sont à la quête de la carte du parti, alors que du côté de la localité de Gangassaou, village natale du candidat, Nana Missa, nous avons appris que certaines sous-sections détiennent encore plusieurs centaines de cartes invendues.« Jusqu’à ce jour, plusieurs de nos militants n’ont pas de cartes d’adhésion au parti ici à Ngan-Ha », confie un président de sous-section de la ville de Ngan-Ha.

Dans cette section Rdpc de Vina Sud 2, deux listes ont été confectionnées. L’une soutenue par le belaka de NganHa et certains pontes du régime à Ngaoundéré. Tous sont décidés à faire tomber l’actuel maire
de Ngan-Ha et président sortant de la section Vina sud 2. L’autre est conduite par le maire Nana Missa. C’est le même combat que se livre Alfaki et Iyawa, dans l’arrondissement de Martap.

Battu il y a 05 ans d’une seule voix de différence, Alhadji Alfaki croit cette fois en son étoile. Il mène depuis quelques jours une campagne de proximité auprès des éleveurs de Martap.

Dans la section Rdpc du 3ème arrondissement de Ngaoundéré, c’est l’ancien maire de la commune, Mohaman Nourou Razil, qui joue son avenir politique. Il dit vouloir conduire une liste forte de l’ensemble des militants du parti des flammes autour de lui et refuse de jouer le second rôle. « Ils ont les diplômes et moi j’ai la population et les militants. De plus, j’ai consacré la moitié de ma vie au service du parti », affirmait-il lors d’une réunion avec ses soutiens.

Selon diverses sources, l’ancien maire de la commune d’arrondissement de Ngaoundéré 3ème aurait refusé le poste de vice-président de la section que lui a proposé ses challengers.

Approché par le Jour, l’inté-ressé a affirmé : « en tant que militant, j’ai le droit de constituer une liste pour la section de Ngaoundéré 3e. Nous travaillons encore sur notre liste. Je ne vous dirai pas celui qui va la conduire et qui en est membre. Si ma liste perd, je vais apporter mon soutien à celui qui sera porté à la tête de la section. Mais je mets en garde tous ceux qui seront tentés d’écarter notre liste », fulmine-t-il.

Dans tous les cas, les adversaires de Mohaman Nourou Razil parlent de liste consensuelle dite de « l’émergence de Ngaoundéré 3ème ». Pour la tête de liste, des noms circulent. Comme celui d’Ishaga Daouda,
conseiller municipal Rdpc, soutenu par le vétérinaire à la retraite, Louis Banipé. Mais l’intéressé n’en dit rien. « Nous travaillons encore. Vous serez informé le moment venu. Nous sommes encore en négociation», explique-t-il.

Divisions dans le Mbéré

L’inspecteur du Trésor à la retraite, Nana Ismaila, par ailleurs président sortant de la section Rdpc de Nyambaka, a du mal à constituer une liste pour briguer un second mandat.camer.be Il aura pour
adversaire l’actuel maire de la commune, le nommé Ibrahima et l’ancien 1er adjoint au maire Hamadama.

Tous veulent aller aux urnes. Pas de consensus dans cette section Rdpc créée il y a seulement 6 ans.

Le 06 novembre dernier, en plein meeting, les potentiels candidats et les élites n’ont pas caché leurs divisions depuis le lancement des opérations de renouvellement des organes de base du parti de Paul Biya. C’est d’abord Harouna, président sortant de la section Ojrdpc du Mbéré centre, candidat à sa propre succession, qui se déchaine devant les nombreux militants venus célébrer les 33 ans du président Paul Biya à la magistrature suprême. « Il faut nettoyer les adeptes de la division pour le bien du Rdpc dans notre département.

Qu’ils sachent que la jeunesse ne se laissera pas faire », lance-t-il à l’assistance. C’est le branle-bas à la tribune officielle. Le maire de la commune de Meiganga et le préfet du Mbéré, par des gestes, demandent au virulent président de la section de baisser le ton. Peine perdu. Harouna est en campagne.

Dans la foule, un doigt accusateur est pointé vers l’hommme d’affaires Alhadji Nana Bouba Djoda, membre du comité central du Rdpc. Il est accusé de prôner le tribalisme et de faire la chasse aux sorcieères aux camarades taxés comme n’étant pas des natifs du Mbéré. « Nous avons déjà un président de l’Ojrdpc et une présidente de l’Ofrdpc.

Nana Bouba a demandé à la commission d’invalider la candidature de Harouna, et, nous les jeunes n’accepteront pas ça. Si le ministre Aboubakar Sarky le fait, il n’y aura pas élection ici à Meiganga», précvient Bello Soudi, un membre de la section OjRdpc.

Des arguments que partagent tous les partisans du candidat Harouna. La présidente de la section OfRdpc, quant à elle, fait son mea-culpa et demande aux femmes de soutenir la candidature de la députée Halia Moussa Moufta à la présidence de la section.

Idem pour le président par intérim de la section Rdpc Mbéré centre. « Je demande à la commission départementale de renouvellement des organes de base de faire preuve d’objectivité pour ne pas accentuer le malaise qui persiste déjà dans le Mbéré», affirme Baba Aboubakar.

D’après lui, l’équipe de la coordination fait preuve de partialité en s’installant dans le domicile de Nana Bouba qui, lui aussi, parraine une liste à la section Rdpc Mbéré centre. Accusation rejetée par l’homme d’affaires. « Je ne dirai rien parce que je ne suis pas préparé à un entretien avec un journaliste. J’accueille chez moi un ami, camarade de parti et un frère », se défend-il. Il nie vouloir influencer le choix des dirigeants des sections du Rdpc dans son département. Pour l’instant, seul la candidature d’Aboubakar Kombo, le maire de Meiganga, est officielle. Même la députée Halia Moussa Moufta ne dit mot sur sa liste à l’organisation des femmes du Rdpc dans le Mbéré centre.

Pas de cumul dans le Faro et Déo

Dans le Faro et Déo, la bataille oppose les frères ennemis du Rdpc, Ahmadou Tidjani, ancien gouverneur à la retraite, et Aboubakar Sarki, ex- ministre. L’affrontement par personnnes intreposées a été porté à la place publique depuis quelques jours.

Dans ses calculs politiques, chacun soutient une liste à la section Rdpc du Faro et Déo centre. Ahmadou Gadjeré, le poulain du gouverneur à la retraite, joue sur la rotation des postes électifs et sa popularité auprès des éleveurs dans le département. Originaire de Doualayel comme Ahmadou Tidjani, il est contesté dans le centre-ville de Tignère.


Aboubakar Ibrahim, le député du Faro et Déo, soutenu par l’ancien ministre de l’Elevage, a constitué une liste contre toute attente. Ce qui a provoqué l’ire de l’ex-gouverneur de l’Extrême-Nord, qui a déclaré au cours d’une réunion des élites : « mon député, tu n’es pas Ali Bachir pour être président et député. Nous ne sommes pas à Ngaoundéré. Ici, c’est Tignère, ce n’est pas Ngaoundéré ».
Il y a moins de grabulges dans le Djerem même si des jeunes loups aiguisent leurs dents, sous la conduite de Saoudi. Ils veulent imposer des jeunes militants à la section Rdpc de Tibati et de Ngaoundal.

« Les réunions se poursuivent. Une liste a été constituée soit à Tibati ou à Ngaoundal. C’est le consensus qui a prévalu. Nous recherchons les deux perles rares pour les conduire », explique Ahmadou Dairou, un cadre du Rdpc à Ngaoundal. Seul hic, le manque de cartes d’adhésion tant recherchées par les militants.

À quelques jours des élections populaires, les préoccupations sont moins tribales qu’ailleurs dans la région de l’Amadoua.