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Politique of Wednesday, 20 January 2016

Source: Mutations

Elections au Rdpc :La démocratie étranglée

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Sans verser dans la polémique et les intrigues qui ont pignon sur rue en ces lendemains des opérations de renouvellement des organes de base du Rdpc dans le Sud, le moins qu’on puisse dire est que la région d’origine de Paul Biya est lion d’avoir montré l’exemple en matière de démocratie. En effet, tout s’est passé comme si le Sud était une entité entièrement à part. Dans cette région qualifiée “de socle granitique et inoxydable du Rdpc” par le ministre Jacques Fame Ndongo, la transparence et l’esprit démocratique ont fini par foutre le camp au profit des tripatouillages et de toutes sortes de manipulations. Ce qui fait qu’à quelques exceptions près, les derniers renouvellements ont été controversés dans  la majorité des 29 sections que compte la région natale du chef de l’Etat.

Les premiers écueils, ceux qui auront faussé le jeu électoral, auront été l’immixtion des barons du bureau politique du Rdpc dans les choix des candidats au niveau des sections. Cette intrusion a favorisé le parachutage des impopulaires à la tête de ces unités politiques. Ils ont brandi le consensus pour mieux organiser les investitures, dont la conséquence directe était la marginalisation des minorités non autochtones.

Sous le regard complice des responsables des multiples commissions mises sur pied par la hiérarchie du parti, la circulaire du président national encadrant le déroulement de ces élections a été comme froissée et jetée à la poubelle. Comme à la cours du roi Pétaud, des candidats illégitimes, membres non démissionnaires des commissions ont rempilé pour plusieurs postes au détriment des plus populaires. Des cartes d’électeur et d’adhésion préalablement cachées ont été distribuées aux votants de façon discriminatoire.

Dans les circonscriptions où l’opposition a droit de cité comme à Kyé-ossi, Kribi et Sangmelima, des charters électoraux ont été affrétés en raison du fort taux d’abstention enregistré pendant les inscriptions. Ces votants circonstanciels ont reçu leurs cartes à l’entrée des bureaux de vote où les élections se sont déroulées sous haute tension, et dans certains cas, sous haute surveillances des forces de maintien de l’ordre.

Le monnayage des voix, le bourrage des urnes, la distribution de l’argent sur le terrain pendant la campagne, la corruption des responsables des bureaux de vote à des fins de trucage des résultats, la cooptation des membres des différents bureaux sur fond d’arnaque et de rançonnement, les cas flagrants de faux et usage de faux sont entre autres usages dont ont fait montre les camarades de Paul Biya dans le Sud.

Au moment où se poursuivent les tractations de coulisses liées à l’ouverture du contentieux post électoral, l’on peut retenir que le Sud a brillé par une indiscipline frisant parfois le boycott. On a vu des jeunes courageux et téméraires, capables de défier les caciques du bureau politique en battant leurs candidats malgré le trafic d’influence dont ils ont dû être victimes. Le sabotage de la circulaire du président national est venu conforter l’idée de feu Charles Ateba Eyene selon laquelle, c’est dans le Sud que se trouvent les vrais opposants de Paul Biya. En somme, les frustrations et  mécontentements issus de ces élections font croire aux observateurs avertis que le Rdpc a fait plus de mal que de bien à ses militants dans cette partie du pays, et s’en tire avec mention médiocre.