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Opinions of Thursday, 21 December 2023

Auteur: Wilfried Ekanga

‘Samuel Eto’o est prisonnier d'une vision primitive vieille de 50 ans’

Biya vous a dépassé, c'est Eto'o votre moins cher ? Biya vous a dépassé, c'est Eto'o votre moins cher ?

Biya vous a dépassé, c'est Eto'o votre moins cher ?Si nous répondons « Oui » à cette question, vous allez faire quoi au juste ? Ne plus payer notre déjeuner chaque matin ? Nous retirer l'oxygène de l'air ?
Quels sont les moyens dont vous disposez pour nous empêcher de parler d'Eto'o ou de Ngannou en lieu et place de Biya ?

Un footballeur n'est pas plus utile à la société qu'un médecin ou un enseignant ; il a juste la chance de vivre dans un monde où les paradigmes sont inversés, et où ce ne sont pas les emplois les plus utiles qui suscitent le plus d'engouement populaire, ni qui rapportent le plus d'argent. Point final !

Répète après moi : « Un footballeur est juste plus médiatisé et plus riche qu'un mécanicien ou qu'un pédiatre, mais absolument pas plus important !»
Si tu penses le contraire, c'est que tu es un fanatique fondamentaliste qui doit se faire soigner en urgence.

Ce n'est donc pas parce qu'un individu est passé à la télévision pendant qu'il exerçait son métier qu'il va devenir un super-humain qu'on aura peur de critiquer. Et encore moins s'il se caractérise par une avalanche de pitreries toutes plus abjectes les unes que les autres, comme c'est le cas pour Samuel Eto'o depuis qu'il a raccroché les crampons.

LE JOUR D'APRÈS

Pendant leur carrière, les footballeurs nous donnent du plaisir visuel quand nous regardons les matchs. Une fois qu'ils prennent leur retraite, il ne reste que les souvenirs de ces grandes soirées de sport. Et c'est par ces souvenirs-là que nous continuons à avoir du respect et de l'amour pour eux.

En revanche, ils peuvent continuer d'exister en capitalisant sur la notoriété gagnée. Et pour cela, il n'y a pas de raccourci. S'ils veulent parler en public, ils doivent toujours le faire dans le sens de la rationalité et de la protection des valeurs. Ils doivent connaître la différence entre une République et une basse-cour. Ils doivent se garder d'infantiliser leur public, mais surtout de s'infantiliser eux-mêmes, de peur de perdre leur magnétisme et le respect qu'ils ont si durement gagné sur le pré vert.

Regardez donc ce qu'est devenu le numéro 9 du Barça : une star à-plaventriste qui détruit son propre charisme chaque jour un peu plus. Il est prisonnier d'une vision primitive vieille de 50 ans, et dans laquelle le Cameroun est une république parentale. Pour lui, Paul Biya est notre « papa », et c'est avec son argent de poche (et donc sa magnanimité) qu'il finance les barrages et les routes. Voilà pourquoi il faut notamment le remercier d'avoir envoyé un avion de nourriture lorsque les Lions Indomptables avaient faim.


Quelle tristesse.


C'est une approche misérable, qui dénote d'une absence totale de discernement. Le budget annuel du Cameroun gravite autour des 6 000 milliards de CFA : il est le résultat des collectes fiscales (particuliers, entreprises, fonction publique) et autres recettes étatiques (exportations, bailleurs de fonds, etc...). Aucun centime n'a jamais été prélevé du salaire de Paul Biya, ni du budget des sacs à main de « Mama Chantal ». Celui qui continue de vous vendre cette façon de voir les choses en 2023 souffre d'un manque d'intelligence complet ! Et on ne parle pas d'ici d'école ou de diplômes, mais de rationalité basique !
Conclusion, si « écrire l'histoire » c'est aller vanter la paix là où on tire sur des enfants et où on égorge des femmes, ou encore demander de voter pour le responsable en chef de l'immigration clandestine et des morts dans le désert, alors je suis content de ne pas écrire l'histoire. Je préfère écrire mes livres.


D'ailleurs, j'invite Samuel Eto'o à un peu de lecture ; ça lui fera le plus grand bien. La bonne lecture tranquilise l'esprit. Elle protège de l'égocentrisme et de la fausse humilité. Mais surtout, elle évite d'enchaîner 365 bêtises par an (c'est-à-dire pratiquement à chaque fois qu'il ouvre la bouche ; à ce niveau ça devient presque mystique !).


Car il s'est laissé prendre au piège d'un cartel de vieux loups, qui, dans la foulée, lui demandent d'entraîner la nouvelle star, Ngannou, dans ce labyrinthe morbide. C'est le même type de danger qui guette Ining, le personnage principal de mon nouveau livre « Le village d'Ining », que je recommande FORTEMENT à nos deux vedettes de se procurer séance tenante.