J'ai voté au bureau de vote de Kédia : un village à 8 km de Bokito (Mbam et Inoubou) en Région du Centre. J'étais le numéro 109 sur 286 inscrits dans mon bureau de vote. Le village en possédait 3. Le premier où j'ai voté se situait à l'École Publique.
Le second aurait dû être à l'Église catholique. Mais le curé a refusé les locaux. Non parce qu'il était opposé au processus électoral, mais parce qu'il a installé son bureau dans la salle qui servait à cet usage et n'a pas été notifié à temps. Le bureau a été déplacé vers le domicile d'en face qui est la maison de campagne d'un fils du coin.
Le troisième bureau se trouvait au marché de Kédia. Les bureaux ont tous ouvert à 8 heures et fermé à 18 heures. Il y a eu deux scrutateurs dans mon bureau : 1 Rdpc et 1 Purs. Il y a eu les mêmes dans le second, face à l'Église. Au troisième, il y en avait aussi deux : un Rdpc et 1 Pcrn.
Je suis descendu voter à 12 heures après mon tour d'observation des autres bureaux. Nous étions 4 alignés devant les listes. J'étais le second. J'ai retrouvé mon nom. Le préposé m'a demandé ma carte d'identité. Il me connaissait bien. Il a néanmoins vérifié. Il n'a pas prêté attention à ma carte d'électeur dont le nom est déjà effacé. (Elle a seize ans).
Quand je suis entré dans la salle, celui qui tenait le registre (et ma carte d'identité) a une fois de plus vérifié. Puis, l'autre m'a orienté vers les bulletins de vote alignés. Celui, blanc, de Calxton était le premier. Celui, jaune, d'Issa Tchiroma était le 4ème ; suivi par celui, rouge, de Serge Espoir Matomba. Puis venait celui d'Osih. (C'était rose, je crois). J'ai fait attention aux deux parce que, sur leur photo, les deux avaient dressé le poing.
Le billet de Biya était, (je crois), le dixième. Lui aussi était blanc comme le premier. J'ai compté. Il y avait 12 bulletins. Les paquets m'ont paru équivalents. J'ai aligné et classé ceux que j'ai pris pour ne pas me tromper. Je me suis dirigé vers l'isoloir après avoir reçu une enveloppe. (Était-elle blanche ou bleue ? Je ne m'en souviens plus).
Personne n'a prêté attention à moi à l'isoloir. J'ai pris le temps de sélectionner le bulletin pour lequel ma conviction a penché. Je l'ai mis dans l'enveloppe en prenant soin de la sceller pour que la couleur n'apparaisse pas. Je suis venu la glisser dans une urne transparente en plastique. Puis, on m'a appelé à la table pour les formalités.
Il y a un registre paginé dans lequel tous nos noms sont mentionnés. Tout le monde qui vote signe dedans. Moi aussi, j'ai signé. Puis, j'ai apposé mon pouce et laissé une empreinte digitale. Ensuite, je suis allé chez la dame au bout qui m'a mis l'auriculaire droit dans un flacon. Ce qui m'a laissé une marque qui n'est pas encore effacée. J'avais voté.
J'ai calculé le temps mis pour me processer de mon entrée dans la salle à ma sortie : près de 4 minutes. J'ai parcouru le village pour me renseigner : le même temps à peu près. Il n'y a eu aucun incident. Nous sommes allés au petit bistrot du village où on nous a installés à l'arrière cour puisque c'était fermé. Une petite sœur du coin avait préparé du gibier. Nous avions préparé trois bouteilles.
Dix-huit heures approchant, nous sommes retournés pour le dépouillement. Il y avait coupure d'électricité. Nos téléphones ont servi. C'est curieux : le dépouillement intéresse beaucoup les villageois ; même ceux qui n'ont pas voté. Il y avait pratiquement cinquante personnes. Peut-être même plus : c'était obscur. J'ai eu du mal à compter.
Le dépouillement a été d'une exceptionnelle régularité. On a commencé par le décompte. Le nombre tenait. Puis, on a dépouillé. Vous ne croirez pas : Calxton que personne ne connaît chez-nous a eu deux voix. (Tout le monde dans la foule en a ri et conclu que c'étaient des votants de Biya qui s'étaient trompés). Ses voix (à lui Calxton) lui ont été attribuées.
Paul Biya a très largement gagné. Suivi par Serge Espoir Matomba. Dans ce bureau, Cabral Libii et Calxton étaient à égalité. Cabral a fait un meilleur score dans le bureau de vote du marché où il était second derrière Biya. Je n'ai pas pu garder les chiffres en tête. C'était difficile de noter dans l'obscurité. Ma lumière a aidé à remplir le PV.
Quand des gens vous parle de fabriquer des faux PV, demandez-leur s'ils savent le temps et la procédure que ça prend pour fabriquer un seul vrai PV. Qui écrit ? Quoi ? Sur la base de quoi ? Qui signe ? Ça met combien de temps ?Les opérations de dépouillement de moins de 300 électeurs ont pris une heure 49 minutes. Le remplissage du PV unique a pris 39 minutes. Emballer le matériel pour quitter le site a pris 20 minutes.
On vous parle de 33 000 faux PV dont il faut au moins 30 minutes pour en faire un seul pour des équipes assermentées de plus de 10 000 personnes répandues de façon aléatoire dans le pays. Ces gens qui vous disent avec la bouche légère ne peuvent pas vous montrer un seul « laboratoire » d'où sort les PV que leurs démons leur ont montrés. Je ne parle pas de vous en montrer un seul.
Ça, c'est un - ou 3 à la rigueur - sur 34 000 bureaux de vote. Jusqu'à 20 heures, nous n'avions pas les résultats de Kédia à Kédia. Et le faux journaliste de Benjamin Zebaze avec sa prostate déglinguée vient vous dire qu'il sait les résultats des 34 000 bureaux de vote. Vous comprenez pourquoi son propre père n'en a pas voulu pour héritier !
Il y a toujours la case des crânes de mes beaux-frères bamiléké avec leur jujube qui leur dira la vérité. Ils sont partout sur la toile avec leurs rumeurs empoisonnées. Laissez-les dire : les élections sont passées. Leur Kamto est à Santa Barbara où il parle tout seul. Si leur Tchiroma a gagné, qu'il vienne à Yaoundé prêter serment. Et qu'il prenne la peine de se procurer de ses 33 000 vrais PV. Nous, on prépare désormais les législatives.