Le quotidien Jeune Afrique, dans une parution de jeudi dernier écrivait: « Ciblé par des accusations de détournement de fonds liés à deux rencontres internationales des Lions indomptables, Samuel Eto'o nie tout enrichissement personnel et dénonce une campagne de désinformation. » en clair, l’homme fort de Tsinga plaide Non coupable face aux accusations dont il est l’objet et malgré les nombreux documents en circulation dans l’espace public. Mais qu’est-ce qui est vrai ou faux dans le lot d’informations qui circulent sur la toile ?
Réponses
Il faut de prime abord évacuer le débat sur l’authenticité du document: Cela ne fait l’ombre d’aucun doute, le document signé de l’ex Coordonnateur général des sélections nationales (Benoît Angwa) en circulation dans l’espace public, demandant à la fédération russe de football de transférer l’argent des Lions dans le compte privé de Samuel Eto’o est authentique. Une fois ce débat évacué, intéressons-nous SANS états d’âme à d’autres questions qui alimentent les débats au sein de l’opinion publique.
La Russie est-elle sous le coup d’une restriction en matière de transfert d’argent?
La réponse est OUI ! Certaines banques russes ont été retirées du réseau SWIFT (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication) qui est d’après plusieurs moteurs de recherche « un réseau de communication sécurisé utilisé par les institutions financières du monde entier pour échanger des informations et faciliter les transactions internationales, notamment les virements ». Sauf que LA BANQUE DANS LAQUELLE le compte de la fédération russe (OTP Bank) est logée N’EST PAS DÉCONNECTÉE AU RÉSEAU SWIFT. La FECAFOOT ayant donc des comptes connectés au réseau SWIFT, la transaction aurait pu se faire directement de la Russie vers le Cameroun.
L’argent de la fédération était-il obligé d’être viré dans le compte de Samuel Eto’o ?
La réponse est NON ! Ceci pour plusieurs raisons. D’abord la Russie n’est pas sous embargo: elle continue d’entretenir des relations diplomatiques et commerciales avec plusieurs autres nations. Le Cacao, le Café, le Gaz, les Céréales, les armes etc. sont entre autres biens que la Russie vend ou achète à l’extérieur. Et ce n’est pas par le compte de l’icône au Qatar que les partenaires des entreprises ou de l’administration russe payent ou se font payer.
Ensuite dans les affaires de ce niveau entre fédérations, il est de la responsabilité de celui qui paye de se battre pour faire parvenir l’argent dans le compte du destinataire. Cela suppose que la FECAFOOT pouvait juste donner un de ses numéros de compte, et la fédération russe aurait eu la responsabilité de faire arriver l’argent dans ce compte, même si dans ce cas les délais auraient été plus longs de quelques jours : il n’y avait d’ailleurs pas urgence, car l’Etat camerounais avait tout payé déjà, et d’après le contrat les Lions étaient pris en charge en pension complète par la Russie.
Toujours sur cette deuxième question il faut dire d’après nos recherches que toutes les banques russes, du fait de la restriction au réseau SWIFT évoqué plus haut, ont des BANQUES PARTENAIRES à l’extérieur qui servent RELAIS pour des transactions internationales. Par exemple si la Suisse décide aujourd’hui d’acheter des tonnes des Sandwiches dans une société à Ngambè au Cameroun, la société camerounaise sera payée par le truchement d’une banque relais de la banque russe d’où partent les liquidités, même si cela prendra quelques jours supplémentaires.
Toujours dans la même veine des mécanismes par lesquels la FECAFOOT aurait pu entrer en possession de ses liquidités, il y a la FIFA. Il faut en effet préciser pour les nombreux analphabètes du football que chaque fédération dispose d’une sorte de « compte » à la FIFA. De ce fait, la fédération camerounaise aurait pu simplement demander à son homologue russe de transférer son argent dans son compte à la FIFA, pour qu’elle le récupère à tout moment. Cela aurait également pu se faire à travers un balancement de l’argent russe à la FIFA vers le compte de la FECAFOOT à la même FIFA. La FIFA a souvent ainsi servi d’intermédiaire pour de multiples transactions entre ses membres.
Peut-on parler de détournement de la part de l’icône ?
À partir du moment où l’Etat avait déjà payé pour la prise en charge des Lions, alors que la Russie elle également prenait ces mêmes Lions entièrement en charge, on peut parler minimalement de TENTATIVE DE DÉTOURNEMENT. Maintenant la question qui va s’en suivre c’est de savoir si l’argent a par la suite été retourné du compte de l’Icone à celui de la fédération.
Plusieurs sources dignes de foi indiquent que NON, "l’argent n’a pas été reversé dans le compte de la fédération, et que les 20% restant avaient d’ailleurs été payés en cash". Vu sous cet angle, on pourrait quitter de la « tentative » au « détournement » proprement dit.
Peut-on parler de détournement de fonds PUBLICS ?
Partant du postulat selon lequel l’on aurait fait payer à l’Etat ce qui avait déjà été payé par le partenaire russe, l’Etat est en droit de demander où est passé l’argent qu’il a donné pour ce match. Et à partir du moment où l’argent a été utilisé pour autre chose que celles pour lesquelles il était destiné, à partir du moment où il y a eu double paiement (Fédé russe et État du Cameroun) pour la même chose et que l’un des paiements est issu du contribuable, on peut effectivement parler de détournement de deniers publics.
Eto’o est-il finalement victime d’une cabale ou coupable de suspicions légitimes ? Je vous lis en commentaire !