Opinions of Sunday, 25 May 2025

Auteur: Georges Dougueli

'Même Paul Biya n’arrête pas de se plaindre à longueur de discours de fin d’années'

Paul Biya rentrant d'un voyage Paul Biya rentrant d'un voyage

Si un Camerounais vous demande de prendre vos responsabilités, ouvrez les yeux, prêtez l'oreille : en fait, il s’apprête à fuir les siennes. La semaine dernière, j’ai passé quelques minutes sur la plage de Youpwè à Douala. Oh tristesse ! Quel immense dépotoir. Une poubelle géante dans laquelle macèrent les déchets de la ville avec, en bonne place, les bouteilles et emballages en plastique.

Dégoûtant oui mais pas au goût des clients de restaurants venus déguster du poisson certes «frais», mais nourri au plastique et autres polluants chimiques déversés sans vergogne dans l’estuaire du Wouri. Qui est responsable ? Entre les pêcheurs artisanaux inconscients de vendre du poison, les restaurateurs aveuglés par le gain, la commune d’arrondissement, la mairie de ville, le PAD, le ministère de la Santé, celui de l’environnement… Qui est responsable de cet empoisonnement lent ?

Venons-en à Yaoundé, la capitale. Elle pue. Ses routes sont défoncées. Ses trottoirs encombrés de détritus, ses drains charrient de l’huile de vidange et toutes sortes de fluides industriels cancérigènes, ses cours d'eau encombrés de pneus usagés… Si rien n’est fait, un jour, ces villes deviendront inhabitables.

Entre le maire de ville, les maires d’arrondissement, le conseil régional, le ministère de l’Urbanisme, on s’est organisé pour se marcher sur les pieds et pour que personne ne soit jamais responsable de rien. Sinon, dites-nous à qui on doit cet enfer, qu'il rende enfin des comptes. Voilà un pays gouverné par des responsables déresponsabilisés.

Même le citoyen a démissionné, abdiqué ses droits. La meilleure illustration de cet état d’esprit c’est l’expression «On va faire comment ?» Puisque la responsabilité est difficile à attribuer, impossible à localiser au milieu d’un millefeuille administratif organisant savamment un enchevêtrement de compétences, nul n’est donc responsable de rien.

Au Pays de l’irresponsabilité, même le Président de la République n’arrête pas de se plaindre à longueur de discours de fin d’années de l'apathie de son propre gouvernement. De la corruption qui y règne. Tout le monde voit pourtant à quoi est dépensé l’argent détourné. Sauf lui. On chuchote qu’une épidémie silencieuse de leucémie fulgurante est en cours dans ce pays. Les complotistes ont vite fait d’incriminer les vaccins anti-Covid. Vraiment ?