La Lekie est divisée à quelques heures des obsèques officielles de Jean Bernard Ndongo Essomba, l’ancien président du groupe parlementaire du RDPC à l’Assemblée nationale. Le Président de la République a été saisie à cet effet par Joseph Ndzomo-Molé, Professeur d'Université, originaire de Nkoltomo 2.
« Lettre à Monsieur le Président de la République du Cameroun, son Excellence Paul Biya. Plainte contre X pour manœuvres de coup d'État orchestrés dans le Département de la Lékié à l'occasion des préparatifs des obsèques de l'Honorable Jean-Bernard Ndongo Essomba.
Monsieur le Président de la République,
Considérant le peu de temps qu'il me reste pour Vous faire parvenir par la voie administrative cette plainte avant le début des obsèques de l'Honorable Jean-Bernard Ndongo Essomba, et vu l'extrême gravité de ce que vivent à ce moment-même les populations du Département de la Lékié ahuries et indignées par des contradictions inhabituelles entre les communiqués qui leur sont adressés au sujet de l'organisation des obsèques pourtant officielles de l'Honorable Jean-Bernard Ndongo Essomba, j'ai jugé utile d'adresser la présente correspondance à votre Excellence en passant par la voie peu orthodoxe des réseaux sociaux.
Il s'agit donc, pourrait-on dire, d'une lettre à la mer, comme celle du Capitaine Grant à l'ultime moment d'un naufrage qui lui vaudra un long séjour d'isolement dans une île du Pacifique. Et il n'y a pas en effet, Excellence, mieux que l'image catastrophique de naufrage pour qualifier la situation que vivent les populations de la Lékié depuis le 13 avril 2023, date de signature du Communiqué de Monsieur le Ministre, Directeur du Cabinet Civil annonçant la Décision du Président de la République relativement à la tenue des obsèques officielles de l'Honorable Jean-Bernard Ndongo « à Nkolebay par Obala », et le 19 avril 2023, date de la lecture itérative, à la CRTV Radio et Télévision, de la tenue des mêmes obsèques à « Nkolebay par Sa'a ».
Monsieur le Président de la République, ces contradictions entre des communiqués de haute importance, dont la copie de l'un, disponible depuis sa signature et sa diffusion, est signée au niveau le plus élevé de l'État, et dont l'autre est de source anonyme et donc suspecte sous réserve d'amples clarifications, ne sont pas de nature à donner une image rassurante de notre Administration, et surtout de notre Pouvoir exécutif considéré à son sommet.
Car il ne se pourrait tout de même pas que votre Ministre, Directeur du Cabinet Civil, ait conçu, rédigé, signé et diffusé de son propre chef un message porté mentionnant votre très haute Autorité, sans en avoir reçu notification de Votre Excellence Elle-même ; il ne se pourrait pas non plus que Monsieur le Maire de la Commune d'Obala, comme toutes les autres personnalités expressément invitées pour la circonstance, ait accusé réception de cette correspondance ailleurs qu'au Palais de l'Unité et dans les services de la Direction du Cabinet Civil, qui l' y auront au préalable invité .
L'on entrevoit dès lors des incidences de protocole et autres incongruités protocolaires à ces obsèques officielles qui n'en ont vraiment pas besoin, si d'aventure un autre Communiqué de Monsieur le Ministre, Directeur du Cabinet Civil n'apporte pas une correction sur l'appartenance administrative du village où se dérouleront lesdites obsèques officielles, avec mention du remplacement conséquent de Monsieur le Maire de la Commune d'Obala par celui de la Commune de Sa'a.
Monsieur le Président de la République, quoi qu'il m'en coûte éventuellement, j'estime humblement qu'un tel cas d'insubordination administrative procède de la logique d'un coup d'État dont Vous êtes visé à plus ou moins long terme ; je ne m'explique pas autrement qu'on se permette de désobéir, à l'échelle d'un simple Département, à de hautes instructions du Chef de l' État, c'est-à-dire au Pouvoir suprême que Vous incarnez de par les dispositions de la Constitution.
Il s'agit là, à mon modeste avis, d'un signe que l'intelligence politique commande de savoir déchiffrer. Vous êtes, Excellence, le monde politique le sait et le dit, une intelligence politique « de premier rang » pour parler comme Nicolas Machiavel ; il n'y a donc aucun doute que Vous maîtrisez les règles de l'herméneutique politique.
L'image que crée cet imbroglio savamment entretenu est celle-là même qu'on a tout fait, mais finalement en vain, de corriger : celle d'une Lékié divisée. On est évidemment en droit et en devoir de se demander d'où proviennent ces puissances d'inertie qui s'exercent, dans la pure logique d'un putsch, à faire lire, à la Radio et à la Télévision, l'exact contraire de ce qu'a décidé le sommet de l'État .
L'on pense d'abord à la réaction prévoyante de sa Majesté Célestin Bedzigui, Premier adjoint au Maire de la Commune de Monatélé, qui n'a pas craint de s'interroger publiquement sur le rôle cardinal annoncé d'un Ministre de la Lékié-Ouest dans les obsèques de l'Honorable Jean-Bernard Ndongo Essomba , notabilité politique éminente de la Lékié-Est, comme si Monsieur le Ministre Henri Éyébé Ayissi, dont les qualités d'organisateur sont reconnues et unanimement appréciées, n'était pas disponible, ou comme s'il était désavoué.
L'on parle aussi de Monsieur le Préfet de la Lékié, qui aurait pris fait et cause pour l'Arrondissement de Sa'a dans le conflit frontalier avec l'Arrondissement d'Obala à Nkoltomo 2, vrai nom de la localité, dont Nkolebaï n'est qu'un des hameaux, dont il est, plus exactement, la partie routière , ainsi qu'en fait foi la carte administrative de la Lékié que je vais joindre à ma correspondance. Si Monsieur le Préfet est impliqué dans ces manœuvres de désobéissance administrative et de déni de justice, il voudra bien expliquer avec quels arrondissement et village celui de Nkoltomo 1, dans l'Arrondissement de Monatélé, est limitrophe dans la carte administrative dont il dispose. Il est du reste loisible à tous de passer à cet endroit avec un GPS afin d'en vérifier l'identité administrative.
Convaincu que les analyses dont je vous ai fait part dans la présente correspondance ont une importance que Vous apprécierez à leur juste valeur, je Vous prie, Excellence Monsieur le Président de la République , de bien vouloir agréer l'expression sincère de mon dévouement à la République et à l'Autorité suprême que vous incarnez.
Joseph Ndzomo-Molé, Professeur d'Université, originaire de Nkoltomo 2, Obala, 5:47.»