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Opinions of Dimanche, 17 Octobre 2021

Auteur: Gaston Eloundou Essomba

‘Le problème de production de l’électricité ne se pose pas dans la Région du Sud’

‘Le problème de production de l’électricité ne se pose pas dans la Région du Sud’ ‘Le problème de production de l’électricité ne se pose pas dans la Région du Sud’

Invité par le ministre Jacque Fame Ndongo à s’expliquer sur l’état des lieux de la fourniture d’eau et d’électricité dans la région du Sud lors de la réunion tenue samedi 16 octobre à Ebolowa, le ministre de l’eau et de l’énergie Gaston Eloundou Essomba a vanté les réalisations de Paul Biya dans cette localité. Il n’ y a pas de problème d’électricité dans la région du Sud selon les explications du ministre que la rédaction de CamerounWeb vous propose.

La Région du Sud fait partie intégrante du Réseau Interconnecté Sud (RIS) qui dessert les cinq autres Régions Méridionales (Centre, le Littoral, l’Ouest, le Nord-Ouest et le Sud-Ouest) ; le RIS a l’avantage de disposer d’un énorme potentiel en matière d’hydroélectricité, de loin la principale source de production d’électricité au Cameroun, l’essentiel de ce potentiel se trouvant dans le bassin versant de la Sanaga. C’est pourquoi de grands projets hydroélectriques ont été réalisés ou sont en cours de l’être dans cette partie du pays.

Globalement, le problème de production de l’électricité ne se pose pas dans la Région du Sud au regard des investissements y réalisés en termes d’infrastructures dans ce domaine.
Par contre, les difficultés auxquelles les populations sont confrontées sont essentiellement liées aux problèmes de transport et de distribution.

Nous nous souvenons que le 15 juin 2012, le Chef de l’Etat en personne, Son Excellence Paul BIYA avait fait le déplacement de Nyabizanpour la cérémonie de pose de la première pierre du barrage hydroélectrique de Memve’ele.

Dans son discours de circonstance, il disait ceci :
« Au cours de ces dernières années, j’ai eu bien souvent l’occasion de vous dire que l’accès à l’énergie était un enjeu majeur pour notre pays…Sans énergie en effet, il ne peut y avoir de développement véritable, il ne peut y avoir d’industrie, il ne peut y avoir de transformation de nos matières premières agricoles ou minières. Bref, il ne peut y avoir d’économie moderne ».
Poursuivant son propos, il annonçait de façon prémonitoire :

« Dans quelques années, on pourra voir ici se dresser un barrage alimentant une centrale d’environ 200 MW qui permettra de renforcer en énergie le réseau interconnecté-sud et d’approvisionner le futur complexe industriel et portuaire de Kribi, la Région du Sud et peut-être nos voisins s’ils en expriment le désir… ».

Aujourd’hui, cette prémonition est devenue réalité.
En effet, après sa mise en service partielle intervenue en avril 2019, la Région du Sud reçoit déjà 15 MWdes90 MWde l’énergie électrique actuellement produite par laCentrale hydroélectrique de Memve’ele, pour un potentiel installé de 211 MW. C’est ainsi que le Département de la Vallée du Ntemen bénéficie déjà à travers la ligne de distribution 30 KV du poste usine de la centrale de Nyabizan et de la ligne 30 KV Ebolowa- Ambam.

La ville d’Ebolowa et les localités environnantes dans le Département de la Mvila sont également alimentées par ladite centrale à partir du poste 90/30 KV de Djob à Ebolowa. Cette alimentation a permis de réduire significativement les interruptions de l’énergie électrique et les baisses de tension que la ville d’Ebolowa subissait jusqu’en 2019.

Le Département du Dja et Lobo quant à lui, reçoit l’énergie de Memve’ele à partir du poste source de Mbalmayo.

Au-delà de l’injection de 90 MW dans le RISà travers le raccordement au poste 90 kV/30 kV de Mbalmayo, la mise en service de la centrale hydroélectrique de Memve’elea eu pour effet bénéfique,l’arrêt des centrales thermiques d’Ahala,Oyomabang, Mbalmayo et Ebolowa ; ce qui permet aujourd’hui à l’Etat de réaliser d’importantes économies budgétaires.

La centrale hydroélectrique de Mekin, d’une puissance installée de 15 MW, alimente uniquement l’arrondissement de Meyomessala pour le moment, à travers la ligne 30KV issue du poste de NdjomYekombo.

Mais, à terme, la production de ladite centrale devra être injectée dans l’ensemble du RIS ; ceci après les résultats de l’étude d’intégration dans ledit réseau et la construction d’une ligne de transport d’électricité entre le poste Ndjom-Yekombo et Mbalmayo.

En dehors de la centrale hydro-électrique de Memve’ele, la centrale thermique de Kribi, d’une puissance installée de 216 MW, mise en service en mai 2013 et actuellement interconnectée au RIS,alimentela Région du Sud, notamment la ville de Kribi,le Port en eau profonde de ladite ville et plusieurs autres arrondissements tels que Lokoundjé.

L’arrondissement d’Akom 2 qui, autrefois, était alimenté par une ligne 30 kv à partir de Kribi, est alimenté depuis trois mois par une centrale solaire de 40 kwsur financement du FEICOM.

D’autres types d’infrastructures contribuent à la fourniture de l’électricité dans la Région du Sud. Il s’agit entre autres :

- des centrales thermiques d’Ambam (1,98 MW),Kyé-Ossi (1,27 MW) et Olamze(268 KW) dans le Département de la Vallée du Ntem ;de Djoum (1,14 MW) et Bengbis (453 KW) dans le Département du Dja et Lobo ;de Campo (473 KW) ;

• la construction de cinquante (50) centrales solairesdans le cadre des phases 1 et 2 du projet d’électrification des zones rurales par systèmes solaire photovoltaïques ; soit 13 dans le Département du Dja et Lobo, 19 dans la Mvila, 15 dans l’Océan et 3 dans le Département de la Vallée du Ntem. Ce qui a déjà permis l’alimentation en énergie électrique de 1907 ménagesrurauxde la Région du Sud.

Toutes ces réalisations ont permis de disposer d’une offre conséquente en énergie électrique.

En marge des infrastructures de production d’électricité, la Région du Sud abrite des postes de transformation, à l’instar des postes225/90/30 KV de Djobà Ebolowa, 110/30 KV de Ndjom-Yekombo dans le département du Dja et Lobo, et des postes usines de Nyabizan, Mekin et Kribi.

S’agissant du volet distribution, la Région du Sud a bénéficié de plusieurs projets gouvernementaux en matière d’électrification rurale. Entre 2006 et 2021 ces projets ont permis l’électrification de 450 localités, à travers les fonds PPTE, l’IADM (Initiative d’Allègement de la Dette Multilatérale), le BIP et des financements extérieurs de la BAD et de la JICA pour le cas du projet PRERETD (Projet de renforcement et d’extension des réseaux électriques de transport et de distribution).

Le PRERETD qui s’est déployé dans les Départements de la Mvila, de la Vallée du Ntem et de l’Océan a, à lui tout seul, permis l’électrification de175 localités, soit 45 dans la Mvila, 108 dans la vallée du Ntem et 22 dans l’Océan ; ceci, à travers la construction de 5 départs de lignes 30 kV alimentant les axes Ebolowa-Mvangan ; Ambam-Abang-Minko’o ; Ambam-Ma’an - Nyabissan; Ambam - Olamze ;Ambam-Kye-ossi ;

Cependant, comme dans les autres Régions, les populations de la Région du Sud ne sont pas à l’abri des problèmes d’électricité. Sur 1250 localités que compte ladite Région, environ 660 ont accès à l’électricité ; soit un taux de desserte de 57,84%, légèrement au-dessus de la moyenne nationale qui se situe autour de 45%.

Malgré les efforts consentis par l’Etat dans la réalisation des infrastructures de production d’électricité, force est de constater que plusieurs villes et villages de la Région restent sevrés de l’énergie électrique tandis que d’autres continuent de subir les délestages, affectant le bien-être des populations et les activités économiques.

Les problèmes de production de l’électricité étant résolus ou en voie de l’être dans le Réseau Interconnecté Sud, les désagréments subis par les populations du Sud sont davantage, pour l’heure, liés aux difficultés dans les domaines du transport et de la distribution de l’électricité. Dans ces domaines, plusieurs facteurs constituent des goulots d’étranglement dans l’acheminement de l’énergie produite dans le RIS vers l’ensemble des localités de la Région du Sud. Entre autres facteurs, nous pouvons citer :

- la vétusté des réseaux de distribution dans les localités connectées au RIS ainsi que celles alimentées par des réseaux isolés autour des centrales thermiques ;

- l’instabilité des réseaux liée aux chutes récurrentes des poteaux-bois ;

- l’indisponibilité ou la rareté desdits poteaux ; ce problème ne concerne pas seulement une région particulière ; il est quasi général et se pose sur l’ensemble du pays. Le parc actuel, évalué à 1.300.000 poteaux bois au niveau national, est à 60% vétuste, étant entendu que les champs d’eucalyptus, qui se situent principalement dans la Région du Nord-Ouest, sont difficiles d’accès.
- les actions inciviques de certains individus comme la pratique des feux de brousse, l’abattage anarchique des arbres, les interventions des tiers sur les réseaux, les branchements frauduleux qui provoquent des défauts et entrainent des coupures récurrentes plus ou moins longues ;

- Le manque d’entretien des réseaux ruraux par la société ENEO qui induit leur dégradation voire leur abandon. Les localités d’AKOM II et BIPINDI dans le département de l’Océan en sont des illustrations. Il en va aussi decertaines localités de MVANGAN, MELANGUE III, NGOULEMAKONG, EFOULAN et BIWONG BANE dans le département de la Mvila ;

- la configuration de la lignemoyenne tension qui alimente le Département du Dja et Lobo à partir du poste source de Mbalmayo est telle que, au moindre défaut, tout le Département se retrouve sans électricité, mettant les Arrondissements de MEYOMESSALA, SANGMELIMA, ZOETELE et MEYOMESSI dans le noir ;

- L’alimentation de certains Arrondissements par des réseaux isolés comme BENGBIS, OVENG, CAMPO, AMBAM, KYE-OSSI ET OLAMZE, n’assure pas la fourniture continue de l’énergie du fait des difficultés d’approvisionnement en combustible et du rationnement dû aux capacités insuffisantes des centrales ;

- Les aléas climatiques dans la forêt dense occasionnent des chutes de poteaux, des pourritures des poteaux bois et ruptures des câbles.

Les problèmes ci-dessus listés induisent à certains égards la rupture de la continuité du service public de l’électricité à travers la chute de réseaux électriqueobservée dans certaines localités comme :

• l’axe Meyomessi-DJoum, où le réseau électriques des villages Mekok, Emvieng 1 et 2, Bikoula, Ngomebae, Oding-Yenjok, Akom, Ndong e
st non opérationnel;

• l’axe NdjomEssama- OvengYembong- Moneko’o dans l’arrondissement de Sangmelima sans électricité ;

• les axes Adjap-Akom II et Lollodorf- Bipindi, dans le département de l’océan qui sont hors service;

Ces problèmes liés à la vétusté des réseaux de distribution,aumanque d’entretien desdits réseaux, à l’approvisionnement en combustible, aux actions des populations et auxaléas climatiques dans la forêt dense, etc., ont été relevés dans le diagnostic du secteur de l’électricité réalisé par une mission d’ingénieurs que j’ai dépêchée dans le Département du Dja et Loboen juin 2020.
Ce diagnostic qui s’est étendu à l’ensemble des Départements de la Région du Sud, estassorti des propositions chiffrées des investissements à mener afin d’assurer la fourniture en énergie électrique en quantité et en qualité dans ladite Région.

C’est dans cette logique que les actions ci-après sont envisagées à court, moyen et long termes, en vue de stabiliser la fourniture de l’énergie électrique dans la Région du Sud :

A court terme, il est envisagé les actions ci-après :
- la poursuite des travaux dans le cadre du projet de Renforcement et d’Extension des Réseaux de Transport et de Distribution de l’électricité (PRERETD). Ces travaux devront être terminés en 2022 avec :
 la construction de 4 départs de lignes 30 kV au poste source de Djop (Ebolowa) permettant d’alimenter les localités situées sur les axes Ebolowa - Mvangan, Ambam - AbangMinko’o, Ambam - Ma’an – Nyabissan, Ambam - Olamze, Ambam - Kyé-ossi ;

- l’électrification rurale et le raccordement de 175 localités, soit 45 dans la Mvila, 108 dans la vallée du Ntem et 22 dans l’Océan suit.
A travers cette action, le nombre de localités desservies va passer de 660 à 835 en 2022, soit un taux de desserte de 67%.

- la poursuite de la construction de certaines centrales solaires dans le Département de l’Océan, notamment : la centrale solaire Bipindi, la mini Centrale Solaire de 10 kWC de Ndziebetono, le renforcement de la Centrale Solaire de Melondo, la construction d'une mini centrale solaire de 10 kWC à Moungue ;

- la construction de la centrale solaire de Nkolandom dans le Département de la Mvila ;

- la reconfiguration du réseau basse tension et l’exploitation de la centrale hydroélectrique de Mekin, pour permettre l’alimentation des Arrondissements de Sangmelima et Meyomessala ;

- l’élagage régulier par le concessionnaire ENEO du corridor de la ligne de distribution 30 kV Mbalmayo - Sangmelima sujette à de multiples interruptions provoquées par la chute des arbres sur les conducteurs de cette ligne ;
- l’électrification rurale en cours dans plusieurs localités dans le cadre du Budget d’Investissement Public 2021 ;

- le remplacement progressif des 3.000 supports bois en mauvais état par des supports en béton en 2022 ;

- le remplacement progressif des 376 transformateurs défectueux recensés par mes équipes dans ladite Région sur les 1024 existants ;

- le remplacement progressif des 1182 équipements de protection (coupe-circuits, IACM, Parafoudre…) sur les 4505 dénombrés ;

A moyen et long termes, plusieurs actions seront entreprises, notamment :

- la mise en exploitation complète des ouvrages d’évacuation de l’énergie électrique produite par la centrale hydroélectrique de Mekin (qui dispose déjà d’un poste de transformation à NdjomYekombo), à travers :

• la construction des lignes de distribution 30 kV NdjomYekombo – Bengbis, NdjomYekombo – Meyomessala, NdjomYekombo – Sangmelima et NdjomYekombo – Zoétélé pour sécuriser l’alimentation en énergie électrique des localités se trouvant dans lesdits Arrondissements ;

• le raccordement de la centrale hydroélectrique de Mekin au Réseau Interconnecté Sud à travers la construction de la ligne de transport 90kV Mbalmayo - Mekin dont le démarrage est prévu en 2022 et qui permettra de renforcer l’alimentation de l’énergie électrique dans le Département du Dja et Lobo en cas de défaillance des lignes de distribution existantes ;

• le raccordement du poste de transformation de l’usine du barrage de Mekin à la société SudCam à travers une ligne de distribution 30 kV qui permettra également la reprise des villages traversés par ledit réseau à l’instar de Dibeson, Mekin ainsi que la construction de trois postes de distribution ; les travaux débutent avant la fin de l’année 2021, la procédure de contractualisation étant en cours.

- la construction d’un poste source à Zoétélé 90/30 kV et d’une ligne de transport 90 kV Mbalmayo – Zoétélé à l’effet de reprendre les charges de certaines localités du Département du Dja et Lobo avec un bouclage Zoétélé - NdjomYekombo - Sangmélima ;

- début 2022, des travaux de construction d’une ligne 225kV Ebolowa -Kribi et d’un poste 225/90kV à Kribi pour l’alimentation des localités environnantes et pour satisfaire les besoins en énergie électrique du complexe industrialo portuaire de Kribi ;


En bref, pour électrifier l’ensemble des localités de la Région du Sud, un schéma directeur transport-distribution a été développé par mon Département ministériel et qui va consister à réhabiliter et à développer de nouvelles infrastructures de transport et de distribution d’électricité pour les 1250 localités que compte la Région du Sud.


La mise en œuvre de ce schéma directeur nécessite une enveloppe de 96 milliards F CFAqui se décline ainsi qu’il suit :
Océan : 39.522.363.994 F CFA
Mvila : 16.612.413.684 F CFA
Dja et Lobo : 30.233.218.483 F CFA
Vallée du Ntem : 10.762.602.382 F CFA