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Opinions of Monday, 6 August 2018

Auteur: Farida Bemba nabourema

En visite dans la zone Anglophone, une activiste togolaise raconte l’horreur

La crise anglophone dure et continue de faire des victimes. La crise anglophone dure et continue de faire des victimes.

Le degré de souffrance que j’ai vu dans la partie Ouest du Cameroun m’a laissé tout simplement abattue. J’ai vue des femmes enceinte qui n’ont rien à manger et leurs enfants non plus depuis des jours. Beaucoup ont perdu leurs maris dans cette guerre qu’elles ne comprennent pas.

En dehors des rebelles de l’Ambazonie qui combattent l’armée camerounaise, des gangs armés sont nés de part et d’autre et sèment la terreur.

Il m’a fallu des jours pour digérer les témoignages des femmes que j’ai eu à rencontrer. Dans la forêt où se cache de milliers de personnes dans le froid glacial de cette saison pluvieuse en région montagneuse, les gens n’ont rien à manger et n’ont aucun support Humanitaire. Les femmes utilisent les feuilles pour leurs menstrues car n’ayant rien du tout. Des femmes ont enterrés elles même leurs enfants et époux qui ont été massacrés dans les villages.

Tout ce conflit tiré sa source de cette colonisation qui permet à d’aucun d’opprimer les autres. Dans le Cameroun de l’Ouest riche en ressources naturelles quasi totalement exploitée par la France, les gens sont révoltés par une exclusion systémique causée par le désir de l’administration Biya , suppôt de la France de les assimiler.

Il y a plus de 8 millions de personnes qui vivent dans cette partie Ouest du Cameroun et au total les rebelles sont estimés à 6,000. Pourtant durant mon séjour au Cameroun, dans la partie francophone j’ai senti une animosité vis- à -vis des anglophones à croire que dès lors que certains ont demandé la sécession, eux tous étaient des ennemis et devraient être exterminés.

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La guerre qui s’y passe laisse des sueurs froides dans les dos. Il y a des militaires partout qui fouille chaque véhicule qui passe et sont d’une agressivité sans parallèle des qu’on leur adresse la parole en anglais.

Pendant qu’une élite totalement déconnectée des populations locales se chamaillent sur des détails, il y a un véritable massacre des populations.

J’étais là quand la BIR a ouvert le feu sur des jeunes à peine sortis de l’adolescence qui étaient juste assis dans leur quartier. Tous moins de 25 ans ont succombé à leurs blessures. Les soldats sont retournés ensuite dans l’hôpital où leurs corps ont été laissés pour voler les cadavres. Il paraît qu’ils enterrent ceux qu’ils peuvent dans la brousse afin de ne pas laisser les traces de leurs crimes.

Je n’arrive toujours pas à croire que des gens puissent avoir la gâchette aussi facile et tuer des milliers de personnes dans un silence total.