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Opinions of Friday, 20 July 2018

Auteur: Modibbo Karamoko

Longévité: tout sur les secrets de Paul Biya

Entre Bierologie au Cameroun et Clavierologie de la diaspora Entre Bierologie au Cameroun et Clavierologie de la diaspora

Il y a une théorie en psychologie sociale qui nous aide à expliquer les techniques et les stratégies de dominance sociale. Cette théorie de la dominance sociale (TDS) nous explique comment et pourquoi une hégémonie sociale se construit et comment elle se perpétue, comment elle réussit à rester au sommet et pourquoi les dominés en arrivent au point d’accepter cela comme une fatalité et se résignent carrément à bousculer l’ordre établi et le status-quo. (Sidanus & Pratto, 1999).

La Bierologie au Cameroun

“On vous laisse les bières et les claviers vous voulez encore discuter le Palais d’Etoudi avec nous pourquoi?”

On ne vous a pas laissé????

Cette analyse sur la longévité de Paul Biya au pouvoir repose sur des récits de vie, des témoignages, et sur une observation participative avec un accent particulier sur les médias et les réseaux dits “sociaux”.

Ayant grandi à Essos Camp-Sonel, mon secteur c’est entre Avenue-Germaine et Mobil Omnisport. Le seul et unique et célèbre “Bar” qui y faisait rage c’était “Elise Bar”, la référence, le point de repère. Les autres bars avaient de la peine à survivre, ou alors ils faisaient profil très bas ou de la figuration. Vingt ans plus tard, faire le trajet de l’avenue Germaine jusqu’à Mobil Omnisport fait froid au dos et nous fournit suffisamment de data nous permettant de comprendre le degré de misère morale, mentale et spirituelle dans lequel le Cameroun est plongé depuis 36ans. Essos n’est qu’un exemple parmi tant d’autres où les seuls terrains de foot où les jeunes pouvaient aller se défouler ont disparu. Que ce soit au Lycée Bilingue interdit d’entrer, Ecole publique d’Essos le terrain où les Song, Foé, Olembé, Suffo, Tchoutang, etc ont appris à taper sur un ballon a disparu. Même constat à New-Bell où je suis né. Le seul endroit où l’on peut socialiser ou se réunir pour “taper les divers” c’est les bars et pour ceux qui ont “un peu” c’est le snack.

Tout ceci est fait à dessein et c’est une construction sociale, où la valeur d’un individu n’est mesurée que par rapport au nombre de bières qu’il peut offrir aux gens. Au Cameroun de Paul Biya, “il n’y a pas une” ? est l’expression la plus résonnante de toute la misère sociale qui y est ambiante.

Il est pratiquement impossible d’y provoquer un quelconque éveil de conscience, ni d’y mener une quelconque réflexion, une discussion cohérente, encore moins un débat d’idées avec toutes les catégories sociales sans que le mot “la bière” ne revienne d’innombrables fois dans la conversation. Ils en veulent, ils en réclament, ils en redemandent. Tout œuvre, action sociale ou activité même banale fusse t’elle non clôturée par des casiers de bières est considérée comme un crime passible de lynchage public ou d’ostracisme à vie.

Tu entendras alors des “Tu pars où? le chichard là”? “c’est quelqu’un là-bas” ? Tu as beau faire des dons de rentrée scolaire, payé des ordonnances, financé des formations, payé des factures, remboursé des dettes, t’es toujours rattrapé par un “Toi là est-ce que tu sais que je n’ai jamais bu ta bière”? “Lui là c’est un chichard, depuis qu’il travaille ou qu’il est à Mbeng, même pas une bière”? “Depuis qu’il est avec ma sœur là même pas une bière”? “Pardon dégage avec tes jus tu veux me donner le diabète? Si tu ne m’offres pas à boire tu laisses qui ne te connaît pas avec ta ’chicheté’”? D’ailleurs quand tu es dans tes balades, dès que tu entends mon “BEAU”! vérifie d’abord tes poches avant de répondre si tu n’es pas bon, commence à courir !

La “Bièrologie” est érigée en religion d’état en en mode d’ascension sociale. Tu veux être maire, député, conseiller municipal, offre la bière aux gens! Tu veux être adulé par ta belle-famille quel que soit le traitement que tu infliges à leur fille? offre abondamment à boire, tu veux être “Président” en un temps deux mouvements? offre la bière aux gens, ton enfant a de mauvaises notes, mets deux casiers à terre et ainsi va le Cameroun.

Tu peux même prendre un vieux Coaster sans visite technique parce que tu as donné la bière, toi même le chauffeur sans permis de conduire au volant d’un véhicule surchargé, après avoir bu tes bières tu prends la route Yaoundé-Bafoussam, tu traverses toutes les barrières de police, gendarmes, pourvu que tu leur donnes leur bière, tu somnoles ta chose au volant pour aller finir dans un ravin, bilan 30 morts sans que cela n’émeuve personne tant que les gens peuvent toujours boire leurs bières.

L’emprise de la bière sur une société où il n’existe pas de couverture médicale universelle, où les cas de cirrhose du foie, de cancer du pancréas, des ulcères, des accidents cardio-vasculaires, d’insuffisances rénales et des diabètes augmentent de façon exponentielle pose un sérieux problème de santé publique pour ces générations et celles à venir pour un pays qui aspire à être émergent dans moins de 20 ans.

La dominance passe donc par la “bièrologie”. Biya a toujours rêvé d’un Cameroun où tout le monde se réveille en pensant à la bière, se lave en pensant à la bière, fait ses besoins en pensant à la bière, s’habille en pensant à la bière, conduit en pensant à la bière, corrige les copies en pensant à la bière, soigne le malade en pensant à la bière, opère en pensant à la bière, drague en pensant à la bière (c’est seulement pour une bière que tu m’insolentes comme ça?)

Au “Bièremeroun”, on aime et on déteste pour une bière, on agresse pour une bière, on t’achète pour une bière, on te vend pour une bière, on t’insulte pour une bière, on t’arrête pour une bière, on te fouette pour une bière, on te libère pour une bière, on te “colle” pour une bière, on te viole pour une bière, on te tue pour une bière !

La preuve la bière en ma langue maternelle c’est “Biya”!!! Les camerounais y ont trouvé leur refuge et leur seule et unique consolation. Tant que la “Biya” coulera à flots, les motions de soutien pour la candidature du Chef de l’Etat en 2025 sont déjà prêtes et il écoute toujours son peuple qui ne réclame que la bière. Le plus grand danger qui guette le Cameroun est que si Paul Biya part, comme première mesure son successeur fermera les bars et fera voter des lois très “Bièricides” afin de combattre efficacement la “Bièrologie” instaurée par Paul Biya dans le pays donc des lendemains incertains pour la bière, un risque à éviter à tout prix.

La Clavierologie de la diaspora

L’imagerie populaire au Cameroun c’est que le “Mbenguiste” c’est celui-là qui règle les problèmes des gens en un seul clic. Tout ce que t’as à faire c’est souffrir de t’aligner dans une agence et le tour est joué. Les factures sont réglées, les loyers payés, les ordonnances payées, les layettes assurées, les pensions dans les grands instituts supérieurs privés sont payées, les deuils, funérailles, et même la dote tout est pris en charge par les “Mbenguistes”.

Quand tu as quelqu’un de l’autre côté tu es “sauvé”! Combien de fois jusqu’à deux, trois, quatre, cinq et souvent même, toute la famille est à Mbeng t’es vu au pays comme béni des dieux!

Avant l’avènement des réseaux sociaux, c’était un véritable parcours du combattant de communiquer avec les gens au pays. Les communications coûtaient chers et c’était le genre “attend je recharge ma carte est finie” et on disparaissait pour des mois encore. Toute technologie ayant toujours un effet nocif et addictif, les Kmers se sont déchaînés sur les réseaux sociaux.

En effet, la fièvre d’un mode d’expression de leur “macabo” vis-à-vis de Biya s’est emparé des “mbenguistes”, c’est le clavier. La “Clavierologie”, une dépendance criarde vis-à-vis des claviers au point de croire dur comme fer que le clavier de leurs ordinateurs portables ou PC va renverser le régime d’Etoudi en un clic comme leurs Western Unions qui transforment les vies des gens au pays.

Pire le monde est devenu global et des Stars du « chassement » sont nées grâce à Facebook, Tweeter, YouTube, WhatsApp etc. Le renversement de Paul Biya se fait par 1million de vues et de followers, 6000 partages, 600 commentaires et re-tweets, 2000 likes etc. C’est toujours la

recherche du sensationnel afin d’animer la toile et prétendre avoir le scoop, le faire suivre le plus vite possible à des centaines de personnes dans le monde entier et comme ça le régime de Biya va vaciller et s’écrouler comme un château de cartes.

C’est l’heure du qui a pondu la vidéo la plus virale? C’est quoi le breaking-news le plus partagé? Et c’est parti, viols, tortures, exécutions sommaires, décapitations, infrastructures délabrées, hôpitaux et prisons mouroirs, ponts écroulés, femmes éventrées en plein jour, policiers, gendarmes corrompus, listes du concours de la Police, de l’Emia, de l’Iric, documents administratifs confidentiels, bilans de santé, détournements de deniers publics, sectes et loges, sorcellerie, crimes rituels, nominations à caractère tribale, tout y passe.

Il y a quoi mollah? La connexion est bien ici hein et c’est rapide, c’est pas vos fausses connexions du pays de Paul Biya là. Mon frère, Quand tu vis dans un environnement où ton voisin ne te gère même pas, n’en parlons pas de s’asseoir une minute pour causer avec toi. Qui est ton meilleur pote? C’est le clavier en plus c’est 24/24 il n’y a pas que mes mégas sont finis! Quelqu’un te fait des posts sur Facebook à 2h, 3h, 4h du matin ils dorment même ? ces gens de la diaspora ? ils n’ont rien à faire avec leurs vies ?lls sont toujours connectés pour insulter Paul Biya C’est toujours la “Bahatt” de Popol là comme ça ? Pourquoi vous les gens de la diaspora là vous êtes comme ça ?

C’est des vrais “Lions et Lionnes Indomptables” sur les claviers, prêts à massacrer même le BIR à mains nues, utilisent les expressions les plus violentes et infâmes pour qualifier ce régime qui a pris le Cameroun en otage depuis 36 ans. Ils sont braqués sur leurs claviers, critiquent à longueur de journée et de nuit, blâment, vomissent, condamnent, haïssent et maudissent ce vieillard de 86 ans qui préside aux destinées de leur pays depuis 36 ans. Ils appellent même ouvertement leurs compatriotes “Bièrologues” du pays à se soulever et à se diriger tout droit vers le palais d’Etoudi afin de déloger le tyran comme au Burkina-Faso!

Lancez les hostilités tout de suite demain c’est trop loin on vous soutient nos claviers vont vous protéger contre les balles de Paul Biya!

Quelques morceaux choisis:

-“Vraiment quel est ce pays”?

-“Les camerounais sont des lâches”!

-“Il y a combien de militaires au Cameroun? si seulement 1million de personnes se soulèvent et se dirigent vers le Palais d’Etoudi il vont tuer tout le monde”?

-“Regardez l’aéroport d’un pays”!

-“Regardez les routes et les écoles des grandes réalisations”!

-“Vraiment votre pays là hein? Comment un vieux de 86ans peut se représenter pour 7 ans encore vous ne pouvez pas le chasser”?

Ce regard que les “clavierologues” de Mbeng portent sur les “bièrologues” du Mboa reflète la misère intellectuelle, mentale, sociale et spirituelle à partir de laquelle Biya tire sa longévité au pouvoir. Les “claivierologues” vouent une haine viscérale au régime totalitaire et sanguinaire de Yaoundé tout en contribuant par leurs Western Union à maintenir une relative paix sociale au Cameroun en prenant en charge les familles, et les “bièrologues” du pays sont convaincus depuis 1992 que sans la bière, ils sont alors venus faire quoi sur terre?

Qu’est-ce que les lendemains augurent? RIEN DU TOUT!

Les “clavierologues” veulent une insurrection populaire à la Burkinabé. Mais quand ils sont au pays, ils vident les bars des bières, se défoulent bien et rasent les murs. Mais redeviennent féroces devant leurs claviers une fois qu’ils sont repartis à New-York, Montréal, Paris, Londres, Washington, Berlin, Genève, Dubaï etc. On les attend sur place en Mondovision afin de venir prendre les devants d’une marche de “Chassement” à partir de la poste centrale notre future place “Tahrir” comme au Caire en 2011.

Les “bièrologues” du pays disent que tant qu’ils peuvent boire leurs bières tranquilles hein, pardon que les “clavierologues” de Mbeng laissent leur bep-bep-bep des claviers là.

Ça se passe ici au Mboa si Biya veut qu’il soit même candidat en 2060 pourvu que la bière continue de couler!!! RESULTAT FINAL: RENDEZ-VOUS EN 2025!!!

“Si quelqu’un à 86 ans après 36 ans au pouvoir remporte les élections le 07 octobre 2018 ce n’est pas parce qu’il est plus fort que toi NON!

TU L’AS SEULEMENT LAISSÉ”!!!

Seigneur! pourquoi est-ce que tu m’as appris les arts? Je me contrôle trop...36ans au pouvoir???