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Sports Features of Vendredi, 27 Avril 2018

Source: Jacques Eric Andjick

Lions indomptables: le casse-tête des entraîneurs locaux

Un Camerounais pourrait être l’heureux élu, puisqu’ils ont postulé en grand nombre Un Camerounais pourrait être l’heureux élu, puisqu’ils ont postulé en grand nombre

Depuis le 9 mars dernier, le poste de sélectionneur du Cameroun est ouvert. Environ 70 entraîneurs locaux et étrangers ont fait acte de candidature. Ensuite, la commission en charge d’étudier les dossiers établira une short list, dans laquelle sortira le futur sélectionneur des Lions indomptables. Un Camerounais pourrait être l’heureux élu, puisqu’ils ont postulé en grand nombre. Parmi eux, on retrouve Jean-Paul Akono.

Le technicien expérimenté de 66 ans justifie d’un curriculum vitae de premier plan, avec notamment une médaille d’or olympique gagnée à Sydney en Australie en 2000 et deux médailles d’or glanées aux Jeux africains : en 1999 à Johannesburg en Afrique du Sud et en 2003 à Abuja au Nigeria. Toutes ces médailles ont été remportées avec les Lions Espoirs. La sélection U23 moins nantie, bénéficie toutefois d’un environnement favorable, avec moins d’exigence, moins de pression, moins de compromission que l’équipe nationale fanion.

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Ce cadre de relative tranquillité a permis à Magnusson (son sobriquet) d’étaler son savoir-faire, chose qu’il n’a pas réussi à implémenter au sein des Lions indomptables, qu’il a entraînés à deux reprises sans grand succès. Après ses brillants résultats avec la sélection nationale intermédiaire sus mentionnée, l’ancienne gloire du Canon sportif de Yaoundé a eu, à deux reprises, le privilège d’entraîner la sélection nationale fanion. D’abord en 2001, où il fût évincé quelques semaines avant la Coupe d’Afrique des nations 2002. Durant ce premier exercice, les enfants de Jean-Paul Akono auraient même été menacés par des fanatiques, à cause de son action à la tête de la sélection nationale. Il quitte finalement le navire au profit de l’Allemand Winfried Schäfer.

Ce dernier profite du travail du Camerounais, en remportant la Can au Mali en 2002. Quelques semaines plus tard, alors que le Cameroun figure parmi les outsiders sérieux pour la Coupe du monde Corée – Japon 2002, l’équipe de Schäfer échoue dès le premier tour. Mais, l’Allemand n’est pas inquiété : il garde son poste de sélectionneur du Cameroun, malgré le Mondial raté. Un échec qu’on n’aurait sans doute pas toléré à un Camerounais.

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Toujours est-il que le 13 septembre 2012, Magnusson est à nouveau rappelé au chevet des Lions indomptables, alors mal embarqués dans la course à la qualification pour la Can, Afrique du Sud 2013. Malgré une victoire (2-1) au stade Ahmadou Ahidjo contre le Cap-Vert, Samuel Eto’o Fils et ses camarades ne parviennent pas à refaire leur retard, puisque le Cameroun, amené par le capitaine intérimaire Nicolas Nkoulou, était tombé (0-2) au match aller à Praia. Mais, Jean-Paul Akono poursuit l’aventure à la tête des Lions sans contrat de travail pendant plusieurs mois. Les discussions sur le salaire n’aboutissent pas et le 19 avril 2013, il est débarqué avec l’onction du ministre des Sports et de l’Education physique de l’époque, Adoum Garoua.

Le 22 mai de la même année, l’Allemand Volker Finke est recruté pour une rémunération nettement plus élevée que celle perçue par son prédécesseur camerounais. Démontrant que les décideurs de notre pays préfèrent rémunérer à prix d’or des ressortissants étrangers au détriment de leurs compatriotes. Un choix sans doute pas anodin. Puisque plusieurs informations sur des commissions versées par ces lugubres techniciens étrangers à des dirigeants camerounais circulent depuis la nuit du temps.

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Ces derniers auraient des pourcentages sur le salaire des sorciers blancs qu’ils amènent au Cameroun. Ce qui pourrait expliquer que ces entraîneurs sans grandes références internationales soient toujours privilégiés aux locaux. Ces derniers souffrent également de l’environnement ambiant au Cameroun. A ce sujet, l’ancien sélectionneur des Lions indomptables, le Français Claude Leroy, soutenait que s’il avait été camerounais, lors de son premier passage à la tête de la sélection nationale (1985-1988), il aurait été taxé de tribaliste. Puisque la majeure partie de son effectif était constituée de joueurs de l’ethnie bassa.

Toutefois, même s’ils ont la tâche difficile, certains Camerounais ont entraîné l’équipe nationale fanion avec succès. Notamment Raymond Fobeté (1970 et 1976), vainqueur des premiers Jeux d’Afrique centrale et Léonard Nseke, qui qualifie les Lions indomptables pour la Coupe du monde 1994.