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Opinions of Thursday, 12 November 2015

Auteur: Michel Michaut Moussala

Tribalisme, népotisme, corruption, bienvenue au Minsec

Au moment où certains se font laudateurs de la nomination d’Ernest Ngalle Bibehe comme Ministre des Enseignements Secondaires, votre journal «Aurore Plus» a décidé de mener une enquête froide sur cet important département ministériel, dans la construction du Cameroun de demain. Afin qu’au-delà de l’euphorie, le nouveau patron sache indubitablement ce qui l’attend. D’emblée, il en ressort que le Ministère des Enseignements Secondaires (Minesec) est un malade agonisant.

Ce mastodonte traîne avec lui un ensemble de maladies dangereuses qui ont fini par avoir raison de lui, en dépit des efforts reconnus de son prédécesseur au poste Louis Bapès Bapès à apporter des changements notables. Malheureusement comme tous les gestionnaires publics, il est tombé dans les travers qui gangrènent et prennent en otage l’administration camerounaise. Citons en quelques uns :

Le tribalisme

Il constitue à n’en pas douter, la plus grosse gangrène, le plus grand cancer dont souffre ce ministère qui a la lourde charge de gérer «des grosses têtes». Au Minesec, la langue officielle est le «Bassa». Cela peut se vérifier dans la mesure où la quasi-totalité des proches collaborateurs de l’ex-Ministre parlent la même langue. Il en est de même des services centraux et déconcentrés de ce ministère. On peut le vérifier aisément à Yaoundé et à Douala où par hasard, les deux régionaux sont de la même ethnie, comme la plupart des chefs d’établissements publics. Le cas de Douala est le plus abject.

Plus de 20 chefs d’établissements tous sexes confondus sont originaires de l’aire géographique Bassa-Mpo’o- Bati. Or l’école en général et le lycée en particulier devrait, ou est supposé, être un milieu où on prône l’excellence et non la tribu. L’exemple devrait venir des nominations. Ainsi dans certains établissements secondaires publics on parle la langue nationale «Bassa» comme un passe-droit, ceci en lieu et place des langues nationales (Français et Anglais). Des élèves ont souvent été punis dans le grand Nord par exemple pour leur fâcheuse tendance à parler le «fufuldé» qui est une langue qui fédère pourtant les 3 régions. Il est vrai que ce n’est pas l’apanage de la Fonction publique camerounaise, parce qu’on connait des administrations publiques où on ne parle que la langue nationale dite du pays organisateur.

Le népotisme

Il se définit comme la tendance à n’accorder des faveurs ou/et avantages qu’aux siens. Le Minesec était le terrain fertile de cette gangrène. A titre d’exemple, les nominations à des postes importants n’obéissaient hélas, qu’à ce «critère». Une analyse froide témoigne là encore d’un désastre instauré dans le but de «quadriller» le gâteau pour ne l’offrir qu’aux frères ou affidés. Tout ici fonctionne conformément aux «règles» non écrites, mais qui sont sues et connues de tous. Une fois encore les cas particuliers des nominations dans les deux grandes régions :

Littoral et Centre, et même de toutes les autres, montre à suffisance la gravité du fléau. Les nominations obéissent à un schéma tribalo-régional. «Chacun chez soi», pour être en «paix» et risquer moins sa vie. Des chefs d’établissements ont ainsi risqué leur vie ainsi que celle de leurs progénitures pour avoir eu le «toupet» de servir à «l’étranger», c’est-à-dire, dans les localités dont ils n’étaient pas originaires.

Cela est valable dans toutes les régions à l’exception des villes de Douala et de Yaoundé. Dans ces deux grandes métropoles, il est aisé de constater que les fils et filles des autres ethnies sont nommés à des postes de responsabilité. Ailleurs, ce phénomène est quasi-impossible. Tout chef d’établissement allogène aura fort à faire dans les autres régions parce qu’il est «étranger». Il ne sera jamais jugé sur ses résultats, mais sur ses origines allogènes.

Pour débarquer «le prétentieux» responsable, tout y passe : dénonciations calomnieuses et anonymes, pressions des élites locales pour la nomination de leur frère, agressions physiques… et bêtise suprême : les transes qui feront certainement de lui le «sorcier», «l’envoûteur»… Simplement pour qu’il libère le poste. Il n’y a qu’à voir la configuration actuelle de ces postes de responsabilité pour s’en convaincre. Il s’agit bien «du chacun chez soi», sauf à Yaoundé et à Douala, pour des raisons inconnues. Conséquence, les nominations sont faites de manière fantaisiste. Certaines ont conduit à des histoires dignes des contes de fée.

Dans une région majeure du pays, un contre-maître (excusez du peu) a été «bombardé» pendant plus 10 ans à la tête de ladite unité administrative, pour diriger des professeurs et autres hauts cadres du Minesec. Dans cette région, des proviseurs sont sortis de nulle part et y officient comme tels sur la base d’un pédigree douteux pour ceux qui en ont, avec les conséquences lamentables qui en ont découlé. Résultat des courses, la région en question est tout simplement sinistrée sur tous les plans : pédagogique, administratif et financier.

Ainsi, le siège de cette délégation régionale qui a englouti des centaines de millions n’est jamais achevé (les 9 autres sont déjà achevées et opérationnelles), la corruption y a fait son lit avec son lot de tares. Pendant toute cette décennie, très peu ou presque pas de rapports sur le fonctionnement de cette macro-structure ont été commis et soumis à l’attention du Ministre, sans que cela n’émeuve personne, même pas le Ministre. Corollaire d’une gestion épicière, parce que le suivi et les résultats ; personne n’en voulait.

La corruption

Sous l’ex-ministre, tout était à vendre, notamment les postes de responsabilité. Surveillant général, 150 000 à 200 000 Fcfa, Censeur : 200 000 à 300 000 Fcfa ; Directeur de Ces et Cetic, 1 000 000 à 2 000 000 Fcfa, Proviseur à partir de 2 000 000. La variance tenait aussi de la région et de la ville. Les comptoirs de payement étaient connus de tous. Certains Directeurs et sous-directeurs, sinon les camarades politiques des organes de base et membres de familles s’occupaient des postes de Censeur et de Surveillant Général; les proches collaborateurs (Conseiller technique, Secrétaire particulier….) quand ce n’est pas le Ministre, lui-même qui les «vendait» ; géraient le pactole des postes prestigieux de proviseur et directeur. On a assisté hébétés pendant longtemps à ce spectacle honteux et dégradant de vente des postes, au vu et au su de tous.

Dans le Littoral comme dans toutes les autres régions d’ailleurs, les proviseurs se sont constitués en syndicat des «proviseurs à titres fonciers» dans les établissements publics. Ces derniers, généralement arrogants et imbus d’eux-mêmes, narguent leurs collègues enseignants, quand ils ne leur en font pas voir de toutes les couleurs. Affectations arbitraires dans les coins reculés de la région (Ndom, Ngambè, Yabassi...) des collègues qualifiés d’«irrévérencieux et irrespectueux» et même de certaines dames vertueuses pour avoir refusé le droit de cuissage. En revanche, d’autres dames ont payé en nature leur promotion comme chefs d’établissement. C’est un secret de polichinelle. Ces syndics de proviseurs des villes économiquement pourvoyeuses ont pendant longtemps mis en place une pratique qui consistait à aller chaque mois de mai en convoi «faroter» verser un tribut au grand boss.

Il en était de même lorsqu’il était de passage dans la région. De source très bien informées, il se susurre qu’il a été collecté en un laps de temps 20 000 000 Fcfa pour l’installation et «lui souhaiter la bienvenue» du nouveau Minesec. Mais ce dernier les aurait envoyés paître en refusant ce pactole. Ce geste qu’il a trouvé comme un piège lui aura au moins permis de comprendre ce que sont les pratiques peu orthodoxes qui y ont pignon sur rue. Et qui finissent pas embrigader le ministre qui s’y laisse aller. A Douala, l’incurie a poussé l’outrecuidance si loin qu’on a vu des proviseurs se faire muter à un autre poste en emportant avec eux tout leur staff, tous les censeurs, surveillants généraux, voire intendants… Au Minesec, les nominations ne sont plus un secret, dès le mois de mai.

Beaucoup de proviseurs peuvent vous dire avec une extrême précision qui va où au «Mercato» du mois d’août… qui est le mois de «proclamation» des résultats de ces affectations… certains sont si précis qu’ils donnent même le jour et l’heure. Cet état regrettable de gestion a plombé, voire sapé le moral de la majorité des troupes au regard de toute cette mafia à l’agonie, bien huilée qui broie tous les non-affidés au réseau. Ici, on n’a surtout pas besoin de compétence ni de profil de carrière pour accéder aux grandes responsabilités…

La trop grande politisation du Minesec

La politique a fait des ravages dans ce ministère comme en témoignent ces quelques anecdotes que tout le monde peut vérifier sans être sorti de la Sorbonne ou autre organisme spécialisé. Dans chaque carrefour, au Cameroun, on rencontre un Ces, Cetic ou Lycée créé, très souvent sans la moindre idée du lieu qui va accueillir cette structure pourtant importante pour le développement.

Seulement voici : les hommes politiques et autres «hommes bien de là- bas» rencontrent le Ministre à qui ils racontent n’importe quoi, quand ils ne dépensent pas de fortes sommes d’argent pour la création, ou la transformation d’une structure scolaire. On peut voir à travers toute la République des établissements distants de moins d’un kilomètre, d’autres créés depuis une décennie sans domicile fixe (Lycée de Mboppi à Douala ?…) La liste est loin d’être exhaustive.

Rapprocher l’école des écoliers c’est bien ! Mais y mettre du sérieux avant d’y arriver c’est mieux car ces nouvelles structures créées ou transformées à tour de bras sans espace, sans structures et sans infrastructures tirent le niveau scolaire du pays par le bas et plombent les efforts consentis par les enseignants mal aimés et contaminés par le nouveau «SIDA» (Salaire indigne difficilement accepté). Ces structures disons-nous manquent de tout : bâtiments, bancs et surtout sont hyper dépourvus en enseignants. Ils sont dirigés par un chef nommé qui doit recourir à une pléiade de vacataires pour fonctionner et exister lui-aussi.

Sinon attention à un limogeage pour incompétence. La faute, n’avoir pas pu faire fonctionner l’établissement, à vous confié. C’est le cas patent du Lycée de Mbanga Pongo à Douala. Conséquence, le rendement et le niveau sont alarmants. La sagesse voudrait que l’on marque une pause avec cette façon de faire. Faire le point de toutes ces structures (Dieu sait si elles sont nombreuses !) Ne plus en créer du tout pour un très long moment.

Pourvoir celles qui existent d’abord en structures, infrastructures et surtout en enseignants qualifiés. C’est la raison d’être d’un établissement. Le nouveau ministre Ernest Ngalle Bibéhe devrait éviter de se faire prendre en otage par tous ces politiciens et autres élites politiques et économiques haut placées de la République chaque fois qu’il s’agira de la création des établissements. Il y en a tellement qu’il faut des moyens colossaux pour les pouvoirs en équipements divers et personnels enseignants qualifiés.

L’autre versant des méfaits de la politique, ce sont les nominations tribalo-régionales, aggravées par le système Bapès Bapès. En fait, ces treize (13) dernières années, la tendance est au «chacun chez lui»; il n’y a qu’à voir la carte des responsables des services déconcentrés de ce ministère. Tout le monde est «chez lui». Dans toutes les régions du Cameroun, sauf dans deux : le Centre et le Littoral envahis par une certaine ethnie, du sommet à la base de la région.

Il y a très peu de proviseurs allogènes ailleurs dans d’autres régions sauf à Douala et Yaoundé. Cela se vérifie facilement à travers la République. Le drame c’est Douala et Yaoundé, à cause des intérêts qui s’y trouvent. Pourquoi cela n’est-il pas valable dans ces deux villes, et régions du pays ? Pourquoi du deux poids, deux mesures, quand on sait que des proviseurs allogènes ont risqué leur vie ainsi que celles de leurs familles au Nord parce qu’ils avaient le malheur d’être des «étrangers» c’est-à-dire, des «sudistes». Une politique scolaire comme celle-ci favorise-t-elle l’intérêt national, mieux, l’intégration nationale ?

L’école a-t-elle besoin d’une extrême politisation en son sein ? Quid des résultats scolaires d’une telle politique ? Qu’en est-il de cette forte déclaration du chef de l’Etat : «L’école aux écoliers et la politique aux politiciens». Cela ne concernait pas simplement les élèves, mais aussi la gestion des ressources humaines

Ébauche des solutions

La corruption est une pieuvre camerounaise. Prétendre l’éradiquer d’un coup de baguette magique serait illusoire, mais elle peut prendre un sacré coup avec un peu de volonté et d’éthique. Le tout nouveau ministre des Enseignements Secondaires qui a déjà posé un acte de très haute portée morale semble l’avoir vite compris. Lui qui a craché sur les 20 000 000 Fcfa du «syndic des proviseurs à titre foncier de Douala», venu lui «souhaiter la bienvenue, au frère Bassa». Encore faudrait-il qu’il se rassure que ses plus proches collaborateurs ne se sont les pas partagés sous le prétexte de les lui remettre plus tard.

Des actes de cette envergure sont à saluer. Espérons qu’on les verra souvent. Ernest Ngalle Bibehe est entouré par des proches collaborateurs véreux et corrompus. Malgré l’opulence dans laquelle ils baignent tous, ils n’hésiteraient pas à remettre ça, eux qui ont constitué des castes de proviseurs dans la région du Littoral et particulièrement dans la capitale économique, Douala, où c’est plus juteux.

L’idéal serait qu’il ne leur confie aucun dossier de nomination de proviseurs. Il doit le piloter lui-même et ne céder à aucun «conseil» de ces habitués au droit de cuissage et à la vente des postes au plus offrant. Il doit redoubler d’extrême vigilance car les habitudes ont la peau dure. Les vannes qu’il ferme vont leur manquer assurément, une lucidité et une descente sur le terrain où il écoutera la majorité des lésés sur place lui permettrait de séparer le bon grain de l’ivraie.

Pour y parvenir, il devra notamment : - Appliquer rigoureusement le statut des enseignants notamment en matière de promotions et nominations. Ceci en tenant compte de l’ancienneté des enseignants. Avoir au moins 15 ans et plus pour être potentiellement retenu sur la liste des postulants au poste de Proviseur. Avoir au moins 10 ans pour le poste de Censeur, avoir au moins 05 ans pour le poste de Surveillant général. Cette mesure aura le mérite de régler les frustrations, définir un profil de carrière et limiter considérablement les achats de postes et autres vexations.

Il va de soi que, bien appliquée, cette mesure aura le mérite de célébrer le profil de carrière et éviter les stupidités qui amènent à voir de jeunes professeurs qui, aussitôt sortis des Ecoles sont promus chefs de leurs enseignants d’hier. La création d’un poste d’Inspecteur Régional des Services (IRS) serait aussi la bienvenue. Ce haut cadre devrait avoir le profil suivant : Au moins Pleg de classe exceptionnelle (chevalier si possible des Palmes Académiques) ; Avoir été absolument Proviseur dans au moins deux régions du Cameroun, priorité aux régions difficiles (Nord, Extrême Nord, Adamaoua, Est, Sud) ; Pleg hors échelle (Chevalier aussi…).

L’Inspecteur Régional des Services est placé sous la coordination directe du délégué Régional a qui il adressera une copie de ses rapports pour archivage, l’original étant remis directement à l’IGS à Yaoundé ou au ministre lui même. Il devra être un fonctionnaire à la moralité pointue (il y a en a encore) ; il vérifie et constates tous les dysfonctionnements des services déconcentrés de sa région et relaie l’information au ministre pour exploitation et information. On pourrait l’étendre aux départements.

Le Minatd est en train d’expérimenter ce modèle de fonctionnaire constitué d’anciens préfets ou sous préfets. Il en va de même pour la nomination des délégués départementaux et régionaux, être Pleg hors échelle (Chevalier aussi…). Le ministre, n’étant pas fonctionnaire et ne connaissant pas beaucoup ce corps, il devrait exiger la photocopie de la Cni des nominés et la photocopie de leur dernier avancement d’échelon pour éviter de nommer des personnes sorties de l’Ens ou Enset sans matricule ou Eci. Ce sont des pièges dans lesquels ses prédécesseurs sont tombés, notamment pour des personnes recommandées. Ces pièces lui permettront de confondre ces politiciens et autres élites haut placées.

Le nouveau ministre doit vérifier que le «Fonds de solidarité» est géré par des mains un peu propres, mieux que ce qui s’est passé pendant les treize (13) ans précdents. Cette énorme manne financière qui est la contribution de 5% des frais exigibles de tous les établissements secondaires publics y compris les Enieg et Eniet se chiffre à plusieurs milliards par an.

Il a été géré ces dernières années par un individu dont le seul diplôme était d’être le neveu de l’ex-ministre. Non fonctionnaire, il s’est constitué une énorme fortune au vu et au su de tous, au détriment des enseignants en détresse (maladies chroniques, frais médicaux exorbitants, décès, victimes de transes…) Cette manne avait été instaurée pour palier ces cas de détresse et d’infortune. Aujourd’hui, elle est devenue la «caisse noire du ministre» parce que personne n’y a accès et n’a jamais su avec exactitude, son montant exact.

La réaction serait salutaire pour venir au secours des personnels enseignants et autres responsables centraux y compris le boss lui-même. Suspecter à défaut de remplacer la quasi-totalité des Directeurs et Sous-directeurs qui, pour la plupart, ont trempé dans ce système, sans confondre avec la chasse aux sorcières. Il y en a qui sont de bons collaborateurs, malheureusement qui ont été mis sous l’éteignoir à cause du tribalisme et la non appartenance au réseau tribalo-mafieux. Confirmer, voire précipiter le départ à la retraite des proches collaborateurs, plaques tournantes de tous les maux dont souffre le Minesec. Instaurer un suivi pédagogique et financier basé sur les résultats. (Il vient du secteur privé d’ailleurs, où on a la culture du rendement). Cet atout lui sera d’une très grande utilité.

Eviter de valider les règlements de comptes qui sont courants dans les services déconcentrés de son ministère en recoupant auprès de plusieurs sources les informations qu’utilisent certains francs tireurs pour provoquer la déchéance de leurs collaborateurs et «placer» un des leurs. Il est souhaitable que le mis en cause soit entendu et écouté. D’où l’importance de la création du poste de IRS (Inspecteur Régional des Services). Ce haut fonctionnaire qui aura rang de sous-directeur de l’Administration centrale devra s’occuper de la discipline et gérer ce genre de litiges eu égard à son immense expérience puisée dans sa vingtaine d’années de carrière à travers la République.

Beaumarchais disait : «Sans la liberté de blâmer, il n’y à point d’éloge flatteur». Ernest Ngalle gagnerait à s’entourer de fortes têtes capables de lui dire non, quand il se trompe. C’est la règle du management moderne. Le syllogisme nous amène à lui demander de se méfier de la tribu et du clan ; ces deux données ont creusé la tombe de plusieurs gestionnaires des administrations publiques.

Mais aussi de faire un état des lieux qui lui permettrait de livrer certains marginaux à l’oiseau d’Etoudi qui les avait déjà convoqués en janvier 2010 avec Catherine Abena de regrettée mémoire et coupable d’avoir voulu, avec la poigne et la pudeur qu’on lui connaissait, secouer les bases du système qu’elle combattait en s‘attaquant à un Délégué provincial d’alors qu’elle qualifiait de : «voyou et sauveteur».

Parce que ne comprenant pas comment dans un pays à peu près normal on pouvait souffrir d’une telle imposture, une insulte à l’intelligence et à la compétence. Un coutre-maître, délégué provincial du Minesec ! S’était-elle exclamée ! Faire mentir ceux qui soutiennent que le Cameroun a peur des compétences et est très allergique à la morale et à la pudeur. Comment peut-on être émergent en 2035, si l‘on célèbre les médiocres et autres intellectuels sur béquilles au détriment du mérite et de la compétence ?

En procédant à ces petits recadrages, le nouveau Minesec, qui est jeune et dynamique va sûrement assener un coup aux pratiques abjectes qui font le lit de la mal gouvernance jusqu’au choix des manuels scolaires, déjà qui coûtent cher, très cher aux parents, mais encore qu’on les change tous les ans. A cet effet, il doit veiller à la permanence des bons livres, choisis sur la base des critères objectifs et non politiques, tribaux ou esotériques comme c’est devenu monnaie courante. Les chantiers du nouveau Minesec sont immenses, difficiles mais pas impossibles.

Pour y parvenir il devra s’appuyer sur ces deux réflexions des contemporains : «L’homme qui veut construire et réaliser de grandes œuvres doit se mettre au milieu des hommes et non au-dessus d’eux», dixit Montesquieu. Et Alain : «Vouloir c’est pouvoir». Rien ne devrait arrêter ce ministre qui vient du secteur privé, surtout qu’au sortir du dernier Conseil ministériel, le président Paul Biya leur a demandé de faire valoir leur génie. C’est marquer d’une pierre blanche son passage même de quelques jours, afin qu’on dise comme Martin Luther King «ici a vécu un ministre qui a essayé de bien faire son travail.