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Opinions of Wednesday, 5 July 2023

Auteur: Arol Ketch

'Vous vous attaquez à des gens puissants' : comment le patron de la DGRE empêchait la parution du livre 'Les révélations de Jean Fochivé'

Bienvenu Obelabout avait convoqué l’auteur du livre dans son bureau Bienvenu Obelabout avait convoqué l’auteur du livre dans son bureau

Le patron de la DGRE avait voulu empêcher la parution du livre « Les révélations de Jean Fochivé ». L'auteur, Frédéric Fenkam révèle les dessous de sa rencontre avec le tout puissant Bienvenu Obelabout dans son bureau pour le convaincre de renoncer à publier son œuvre littéraire.

Ayant appris que Frédéric FENKAM travaillait sur la rédaction d’un livre sur Fochivé, le tout puissant patron des renseignements camerounais, fils spirituel de Jean Fochivé, le tout puissant Bienvenu Obelabout convoqua l’auteur dans son bureau pour le convaincre de renoncer à publier ses révélations sur Jean Fochivé . Avant de convoquer l’auteur, le chef des renseignements avait déjà lu le manuscrit.


Je suis aussi bien placé pour vous dire que s’il était publié aujourd’hui, il causerait des dégâts que vous ne pouvez encore imaginer. Supposez un moment que l’Opposition s’en empare.

Que pensez-vous qu’elle en ferait ? Laissez-moi vous dire : elle en exploiterait des passages comme ce chapitre sur les dessous du Coup d’Etat du 6 avril 1984 qui m’apparaît n’être que des affabulations. Elle s’en servirait pour exciter les gens du Nord et mettrait le pays à feu et à sang.

D’autre part, les enfants de M. Fochivé, vos cousins, ceux qui se cherchent encore et qui ont même recommencé à venir ici depuis que je suis là, ils ne vous le pardonneront pas.

Le Directeur Général marqua une pause pour observer l’effet de ses paroles sur moi. Je ne réagis toujours pas. Et il poursuivit :

Le pire dans votre livre est que vous citez des personnes qui sont encore en vie ou encore aux affaires et qui pourraient avoir des réactions qui vous mettraient dans une mauvaise situation. Nouvelle pause et toujours pas de réaction de ma part.

M. Fenkam, avez-vous un autre exemplaire du livre ? me demanda-t-il. Je sortis et lui brandit l’autre que j’avais fait faire avant de venir le rencontrer. Il s’en empara et commenta.

Celui que m’a remis mon collaborateur de votre Consulat est toujours au Secrétariat général de la Présidence. J’ai eu des instructions de la hiérarchie me recommandant de vous demander de faire recours à votre sens de patriotisme en suspendant la sortie de ce livre qui, je le reconnais une fois de plus, pourrait vous rapporter beaucoup d’argent et aussi beaucoup d’ennuis.

N’oubliez surtout pas que votre défunt oncle était un des piliers et bâtisseurs de ce pays auquel certaines personnes seraient bien contentes de mettre le feu. Nous appartient-il, à vous et à moi, qui sommes les enfants spirituels de M. Jean Fochivé, de leur donner cette opportunité parce qu’à un moment ou l’autre de notre vie, nous avons côtoyé un oncle qui nous faisait confiance et nous mettait dans les secrets des dieux ?

Je ne disais toujours rien et rien ne semblait pouvoir le décourager dans sa tentative.

Même en supposant, M. Fenkam, que votre oncle se soit ainsi réellement confié à vous, vous avait-il autorisé à publier et à commercialiser ses révélations s’il était encore en vie ?
Je fis non de la tête.

Qu’à cela ne tienne, vous êtes libre de publier votre livre, mais sachez que vous vous attaquez à des gens puissants qui voudront certainement se défendre.

Il me laissa réfléchir avant de me demander mon avis.

J’étais vraiment surpris de rencontrer cette espèce d’hommes ; je m’attendais au classique fonctionnaire camerounais terroriste et avais affûté mes armes. J’étais prêt, s’il s’avérait nécessaire, à ameuter tous les organismes de défense des droits des journalistes.

Battu d’entrée de jeu, je me contentai de lui demander ce que lui, en tant qu’aîné, me conseillait de faire. Il haussa les épaules en me disant que j’étais assez grand pour prendre mes responsabilités. Je lui fis savoir que j’étais vraiment embarrassé parce que je m’étais endetté et que mon éditeur avait déjà déboursé trois millions de francs CFA pour acheter des bobines de papiers.

Il va de soi, m’avait-il dit pour me rassurer sur ce point, nous allons vous rembourser cet argent. Quand comptez-vous repartir ? Dès que j’aurai fini avec vous, avais-je répliqué. Revenez donc me voir demain à treize heures.

Le lendemain, je fus ponctuel au rendez-vous à l’immeuble de la vallée de la mort.


La suite en lisant le livre « les révélations de Jean Fochive »