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Opinions of Thursday, 3 March 2022

Auteur: Boris Bertolt

Vladimir Poutine envisage la chute de Paul Biya avant 2025

La crise russo-ukrainienne a des répercussions en Afrique La crise russo-ukrainienne a des répercussions en Afrique

L’Assemblée générale des Nations Unies a procédé hier au vote d’une résolution condamnant l’agression russe en Ukraine. La résolution a été largement approuvée par 141 votes favorables, 5 contre et 35 abstentions. Cependant un fait marquant, le Cameroun n’a pas voté. Fidèle à sa tradition historique de non alignement dans les conflits internationaux, l’on aurait pu s’attendre qu’il s’abstienne tout simplement. Mais que non. Cependant, une analyse plus approfondie du tableau des votes permet de voir qu’en Afrique Francophone qui a toujours été considéré dans la stratégie diplomatique française comme supplétif des voix françaises au Nations Unies, les pays qui se sont abstenus ou qui n’ont pas voté contre la Russie sont ceux où soit les russes y sont déjà installés, soit se sont rapprochés de Moscou ou sont dans la ligne de mire de Moscou. C’est le cas du Burundi, du Congo, de la République Centrafricaine, du Mali, du Burkina Faso, de la Guinée Conakry ou encore de Madagascar.

WAGNER

Une conclusion frappe très rapidement à l’œil : la majorité des Etats de l’ancien pré-carré français ont refusé de soutenir la résolution portée par le président français, Emmanuel Macron contre la Russie. Une situation qui s’explique par le fait que depuis quelques années Vladimir Poutine a entamé une opération de séduction à l’égard du pré – carré français. Au-delà d’avoir monté une vaste campagne de diabolisation de la France sur les réseaux sociaux, contribuant ainsi à alimenter le sentiment anti-français au sein des opinions publiques africaines majoritairement constituées de jeunes, au cœur de sa stratégie, l’entreprise paramilitaire Wagner.

Constituée de mercenaires russes pour la plupart issue des rangs de l’armée et de la police, elle est déjà en Centrafrique où les russes ont réussi à expulser les français pour contrôler les mines et stabiliser le pouvoir de Faustin Archange Touadera. Ils sont déjà au Mali où ils ont réussi à convaincre la nouvelle junte militaire de demander le départ des forces françaises présentes sur le territoire depuis 2012 dans le cadre de la lutte contre le terrorisme au Sahel. Un tournant géopolitique majeur dans les relations françafricaines.

EVGUENY PRIGOJINE

Officiellement, à la tête de Wagner, un ancien officier du renseignement militaire russe, Dmitri Outkine, proche des milieux nazis. Mais, le véritable chef, le financier, celui qui permet après l’intervention militaire d’engager l’exploitation économique c’est le milliardaire Evgueny Prigojine, un oligarque proche du Kremlin. A la différence de nombre de ses homologues, il n’a pas fait fortune dans les secteurs de l’énergie et de la finance, mais dans celui de la restauration. Il ouvre notamment au début des années 1990 à Saint-Pétersbourg un restaurant fréquenté par l’élite locale, dont Vladimir Poutine, qui lui vaudra son surnom de « cuisinier de Poutine ». Par la suite, il emportera des contrats de restauration collective pour la fourniture des cantines scolaires, des hôpitaux et surtout de l’armée, avec son entreprise « Concord ».

AVANT 2025

Aujourd’hui, Evgueny Prigojine a un agenda secret, faire partie la France de ses anciennes colonies. C’est un secret de polichinelle, ces dernières années ont été marqué par des campagnes anti françaises sur les réseaux sociaux et des manifestations anti françaises à travers toute l’Afrique francophone. Dans deux documents internes du groupe Wagner, obtenus par des journalistes de l’agence CAPA et qui détaillent les objectifs du groupe paramilitaire en Afrique, les pays d’Afrique francophone constituent les premières cibles. Princiapalement pour leur richesse.

Le Cameroun figure en bonne place dans la stratégie russe. C’est une priorité. En terme de rang d’importance, pour les russes, il obtient une note de 7/10. Il est question désormais de renforcer la présence des entreprises russes. S’agissant de la perspective de fin de règne, le document indique : « un changement de pouvoir anticipé est possible ». C’est-à-dire même les russes pensent que Paul Biya peut tomber avant 2025. Mais une chose est sûre : ils attendront avant d’agir brutalement contre la France.