Il est aisé d’appeler à une insurrection générale, d’évoquer des "millions de Camerounais" descendant dans la rue pour renverser un régime. Mais, lorsqu’on interroge ces mêmes voix sur les modalités pratiques d’une telle mobilisation, l’embarras s’installe et le silence se fait lourd. La critique devient un slogan, mais jamais une stratégie.
Ceux qui prônent aujourd’hui le boycott électoral, au motif que notre candidat Maurice Kamto a été arbitrairement écarté de la présidentielle, oublient une donnée essentielle : le régime n’a cure de notre abstention. Qu’on boycotte ou non, il organisera son simulacre avec les voix de ses affidés, les résultats fabriqués de ses administrations, et la caution de quelques candidats de façade. L’abstention à cette élection présidentielle, loin de fragiliser le système, ne fait que le renforcer en lui offrant le champ libre.
Or, l’élection présidentielle n’est pas une élection comme les autres. Elle constitue le seul moment de la vie politique nationale où l’ensemble des Camerounais, dans leur diversité, peuvent converger vers un objectif unique : la conquête du pouvoir par les urnes. C’est ce moment, et aucun autre, qui peut transformer la résignation en espérance, et l’espérance en force populaire.
Mais comment revendiquer une victoire que l’on n’a pas cherchée à obtenir ?
Comment appeler le peuple à défendre un résultat, si ce peuple n’a même pas pris part au processus électoral ? La légitimité de la contestation repose d’abord sur la participation. Revendiquer, c’est se battre pour ce que l’on a conquis, pas pour ce que l’on a abandonné.
Le boycott, présenté comme une stratégie, n’est en réalité qu’une démission. Une manière de se retirer du combat avant même qu’il ne commence, laissant au régime toute latitude pour imposer sa volonté. A contrario, la participation, même dans un contexte difficile, crée une dynamique : elle fédère, elle mobilise, et surtout, elle ouvre la voie à une revendication crédible et massive de la victoire.
C’est pourquoi l’élection présidentielle, loin d’être un piège, demeure l’arme la plus puissante entre les mains du peuple camerounais. Non pas parce qu’elle garantit automatiquement l’alternance, mais parce qu’elle offre le seul terrain sur lequel une mobilisation nationale, unitaire et populaire, peut déboucher sur la fin du système Biya.
En un mot : on ne renverse pas une dictature par l’inaction ou le retrait, mais par l’engagement et la conquête.
Voilà pourquoi il est impératif que chaque Camerounais prenne ses responsabilités dès aujourd’hui. La première étape du combat passe par un geste simple mais décisif: aller retirer sa carte d’électeur dans les antennes Elecam. C’est l’arme citoyenne par excellence, le ticket de participation à la bataille démocratique.
Celui qui s’abstient de voter abdique son pouvoir. Celui qui détient sa carte et s’en sert, au contraire, devient acteur de l’histoire.