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Opinions of Friday, 13 October 2023

Auteur: Wilfried Ekanga

Un acteur politique envoie personnellement l'histoire de Sylvia Bongo à Chantal Biya

Chantal Biya Chantal Biya

En Europe occidentale, le vendredi 13 est considéré comme un jour de malchance. Et puisque nous sommes aujourd'hui un vendredi 13, nous avons voulu vérifier ça en posant la question à Sylvia Bongo. Et l'épouse du Faiseur de Bruit nous a répondu qu'en effet, ce jour maudit a empoisonné toute sa semaine, puisque ce sera la toute première semaine de sa vie qu'elle passera en prison. Autant dire que le 13 n'est pas près de devenir son chiffre préféré ; absolument pas !

Rappelons que Miss Make Noise est incarcérée depuis deux jours à la prison centrale de Libreville, après avoir été inculpée le 28 septembre dernier pour « blanchiment de capitaux, faux et usage de faux ». Placée en résidence surveillée depuis le coup d'État du 30 août, elle rejoint ainsi son fils bien-aimé, le sieur Noureddine Bongo Valentin, derrière le grillage, là où finissent tous les brigands d'État. Vous n'avez certainement pas oublié les effroyables valises d'argent retrouvées dans les domiciles de ce cher Noureddine et d'autres membres de la famille royale, au lendemain du putsch. Le président de la transition, le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, n'était donc pas fou quand il parlait de « corruption » et de « détournements massifs ». C'était simplement une évidence.

Par ailleurs, Nguema accuse Sylvia et Noureddine d'être devenus en coulisses les véritables dirigeants du Gabon depuis 5 bonnes années, c'est-à-dire depuis l'AVC du 24 octobre 2018, qui a fortement réduit les facultés motrices et cognitives d'Ali Bongo. Selon le général, la mère et le fils se sont tout bonnement amusés à... falsifier sans cesse la signature d'Ali, et à donner des ordres régaliens à sa place ! Quand vous avez de tels malfrats qui s'accaparent le pouvoir dans l'ombre d'un autre malfrat, il n'est donc plus surprenant de voir qu'en 2022, Transparency International a placé le Gabon à la 136eme place (sur 180) dans l'indice de confiance en matière de corruption.

Et c'est à cause de ces piètres individus qu'un pays d'à peine 2,4 millions d'habitants comme le Gabon continue de patauger dans un marasme économique sans nom, alors que les richesses disponibles suffiraient largement à en faire le Singapour du Golfe de Guinée.

QUI SE RESSEMBLE S'ASSEMBLE

Quand vous entendez le mot « Corruption », le mot « Cameroun » n'est jamais bien loin. D'ailleurs les deux termes se ressemblent beaucoup, puisqu'ils commencent par la même lettre, se terminent par le même lettre, et comportent le même nombre de syllabes. Pour faire simple, tout, mais absolument TOUT ce qui a été dit sur le Gabon, est applicable au pays de Barthélémy Biya bi Mvondo, Il vous suffit de changer les noms des acteurs, et vous avez exactement la même histoire ! Le Biyaland fait d'ailleurs pire que son petit voisin, en se plaçant à la 142eme place du classement de Transparency de 2022 (juste derrière le Pakistan). Et toi qui es en train de lire ce texte, je sais que ça ne te surprend pas le moins du monde.

Cela fait plusieurs années que Paul Biya n'existe plus ; le nonagénaire est réduit à l'état de légume dont il faut recharger les batteries pendant des semaines à Genève pour qu'il puisse tenir 3 minutes de discours sans s'évanouir. On se souvient que lors du deuxième sommet Russie-Afrique qui s'est tenu du 27 au 28 juillet 2023 à Saint Petersbourg, le pauvre avait mit un siècle et demi pour parcourir les cinq mètres qui le séparaient de la poignée de main de Vladimir Poutine. Et c'est précisément parce que la horde de malfrats autour de lui sait qu'il est désormais hors-service qu'ils utilisent exactement les mêmes stratagèmes que Sylvia et son rejeton au Gabon. Tout récemment, Oswald Baboke, directeur adjoint du Cabinet Civil, s'est même permis de publier sur la page Facebook de Biya, un message dans lequel il félicitait sa fille pour un mariage totalement factice ; le tout dans le but de promouvoir son album de cette dernière.

Bienvenue au Far West, nous sommes ici dans la CAMORRA, la mafia napolitaine !

Même les cartels des Favelas de Rio s'inclinent devant un cynisme aussi diabolique.

Voilà qui nous amène à notre duo de choc : Chantal Pulchérie, fille de Georges Vigouroux, et Ferdinand Ngoh Ngoh, vice-dieu national. Tous deux sont de très bons amis (ou plus, si affinités). L'un possède la délégation permanente de signature depuis le 5 février 2019, et il en est bien heureux, puisqu'il arrive que certains documents soient signés au nom de Biya et estampillés « Fait à Yaoundé le x/x/xxxx », alors même que le concerné se trouve en Suisse depuis des semaines. L'autre est l'épouse de dieu depuis le 23 avril 1994, et est à la tête d'un tas d'associations toutes plus dogmatiques les unes que les autres, où elle faut croire que les fonds publics qui y transitent sont des « dons » et des « élans de générosité » d'elle et de son mari. Une armada de fidèles la surnomment même « Mama Chantal Biya ».

Bien sûr, ils n'ont jamais cherché à savoir quel est son métier exact (le statut de Première Dame n'étant pas une fonction constitutionnelle), ni comment elle pourrait financer ces projets d'elle-même, avec le salaire perçu. Projets dont les trois quarts du budget sont par ailleurs davantage consacrés à l'exhibition pompeuse et à la propagande de la personne, plutôt qu'à un réel redressement social du Cameroun. Il y a un mot pour cela : ça s'appelle l'envoûtement.

EN BREF

En 2010, le sulfureux écrivain camerounais Bertrand Teyou (décédé le 22 janvier 2020) publie un livre de 192 pages intitulé : « La belle de la République bananière : Chantal Biya, de la rue au palais », qui lui vaudra, bien entendu, toutes les misères du monde, entre prison et interdiction de dédicace. Dans cet ouvrage, l'auteur retrace le parcours de notre Cendrillon locale, depuis son milieu modeste jusqu'au mariage avec le prince du château, alors qu'elle n'a que 24 ans (lui 61) et est déjà mère de jumeaux. Le basculement brutal de la vie des bas-fonds rouges de Yaoundé au faste du palais d'Etoudi, assorti de voyages à travers le monde et de sacs à main de luxe, va peu à peu transformer l'innocente princesse en lionne rusée et calculatrice, dont le cerveau a définitivement banni l'idée de perdre un jour ce pouvoir si sucré. Plus que jamais elle le désire ardemment, et elle fera tout pour s'en emparer pour de vrai ! Un crêpage de chignon musclé impliquant elle et son meilleur ami (ou plus si affinités) d'une part et la bande à Franck d'autre part, se profile alors dangereusement. Deux gangs de malfrats qui s'affrontent pour le gombo national. Ils en oublieraient même qu'une vraie opposition existe !

Et ils en oublient surtout que cela peut plutôt se terminer à la gabonaise. Quelques jours avant la descente aux enfers de la dynastie, Sylvia Bongo vantait encore les mérites de son époux sur les réseaux sociaux et exhortait les Gabonais à continuer de les accompagner, précisant alors : « Ne laissons pas les autres décider à notre place ». Elle ignorait à ce moment-là que les Gabonais avaient déjà choisi de ne plus laisser ce clan perfide décider à leur place.