Tentative d'évasion : Bazoum s'est pris pour Scofield

Mesdames et messieurs, bonjour. Nous sommes le vendredi 20 octobre 2023, et il est exactement 6 heures. Je vous présente ici MICHAEL SCOFIELD ; autrefois on l'appelait Mohamed Bazoum, et il était président du Niger jusqu'au 26 juillet dernier. Depuis, il était assigné à résidence par les nouvelles autorités, et interdit de quitter le territoire. Sauf que cette nuit, l'individu s'est subitement découvert des talents de cascadeur, et a tenté d'échapper à la vigilance du général Tchiani. Il a dû oublier qu'il se trouvait à Niamey, et il s'est soudain cru à Fox River. Et il a dû oublier que le M de son nom c'est pour « Mohamed », et non pour « Michael ».

C'est ainsi que cette nuit, au pays de l'uranium, un Scofield nous est né, un ninja nous est donné.

C'est effectivement autour de 3 heures que les Nigériens ont été réveillés par une information bizarre : alors qu'ils dormaient tranquillement - et que certains profitaient pour augmenter la démographie du pays et aider l'Afrique à atteindre les 2 milliards d'habitants avant 2050 -, le porte-parole du gouvernement, le colonel Amadou Abdramane, est apparu à la télévision nationale pour les informer que Michael Scofield avait tenté de s'évader avec sa famille, accompagné de ses deux cuisiniers et de deux bodyguards restés fidèles. Sauf que... l'évasion n'a pas réussi ! À force de regarder les séries américaines depuis deux mois et demi, Scofield a oublié qu'il lui manquait T-Bag, Fernando Sucre, Lincoln Burrows et consorts. Et que sans eux, c'était peine perdue.

OPÉRATION CATCHAM !

Et c'est ainsi que s'est terminée la courte cavale de l'homme le plus rigolo du Niger, qui nous rappelle un peu la capture du roi Louis XVI par les Français, dans la nuit du 21 juin 1791, alors qu'il tentait de fuir Paris avec sa femme après la Révolution de 1789, pour se rendre à l'Est, et lancer à partir de là une contre-révolution qui lui permettrait de récupérer le pouvoir. Nul doute que Michael Scofield ici présent espérait lui aussi reprendre des forces depuis l'extérieur du pays, et tenter ensuite une incursion avec l'aide de ses complices (notamment un très volubile monarque parisien), dans l'espoir de reprendre son trône perdu.

En effet, d'après les informations du colonel Amadou Abdramane, le plan de l'évasion consistait à rejoindre un point précis à la périphérie de la capitale dans une voiture banalisée, puis à rallier le Nigéria de son ami Bola Tinubu (l'homme qui souhaitait coûte que coûte l'intervention militaire de la CEDEAO, comme si sa femme lui avait posé cette condition pour continuer de le caresser dans la chambre). Deux hélicoptères attendaient la famille Scof... pardon, la famille Bazoum pour cette exfiltration. Des engins « appartenant à une puissance étrangère », selon les autorités, qui n'ont toutefois pas précisé laquelle. Mais bon, vous et moi avons une petite idée sur la question, n'est-ce pas ?
Quoiqu'il en soit, vous comprenez maintenant pourquoi l'homme était gardé bien au chaud par le général Tchiani. Le nouveau Boss du pays savait que son prédécesseur resterait un élément dangereux pour la République, aussi longtemps qu'il continuerait de vivre dans le déni, incapable d'accepter que le peuple nigérien ne veut plus entendre parler de lui. Plutôt que de se rendre utile en fournissant au général Tchiani les données en sa possession en tant qu'ex-président sur les différents sites d'uranium que possède le pays, plutôt que se joindre au Mali et au Burkina qui viennent de signer des accords de construction de centrales nucléaires avec le géant russe ROSATOM, plutôt que d'adopter une approche pragmatique pour son pays - le Niger étant le 4eme producteur mondial d'uranium et disposant de plus de 310 000 tonnes de réserves -, Michael Scofield s'obstine à jouer les cascadeurs corrompus. Un vrai délire !

MORCEAUX CHOISIS :

Personne n'a oublié cette interview du 26 mai 2023, où, plutôt que de galvaniser ses troupes et de les motiver à la défense de la patrie, Scofield déclarait carrément sur Jeune Afrique que ses militaires étaient « mal aguerris », et que par conséquent les djihadistes étaient mieux équipés que l'armée ! Imaginez donc un chef de famille qui dit à sa petite fille qu'il y a un gros cafard sur le mur et que « ce cafard est plus fort que papa ». Aucun père, ni aucun chef mentalement bien portant, ne sort ce genre d'absurdité de sa bouche ; au contraire il cherchera une solution vaille que vaille, et en parallèle, il s'assurera que les gens qu'il doit protéger gardent la tête haute en attendant.
Sauf que Scofield a remis ça le 4 août dernier, lorsqu'il a écrit à Joe Biden une lettre encore plus ridicule que lui-même dans le "Washington Post", dans laquelle il demande aux Américains de venir rétablir ce qu'il appelle alors « l'ordre constitutionnel ». C'est-à-dire que Biden doit envoyer ses Yankees tuer la population nigérienne, juste pour que Son Altesse Royale Mohammed Bazoum retrouve le luxe du palais, et que sa femme redevienne Madame la Reine. Voilà qui nous fait déjà deux cas de sorcellerie en l'espace de deux mois, de la part d'un homme complètement déconnecté de la réalité, toujours comme ce bon vieux Louis XVI qui, à force de s'agiter, ne fit que renforcer la colère de son peuple envers lui et sa femme, Marie-Antoinette.
Je ne vais pas rappeler ici comment tous les deux ont fini.

Et comme dit le proverbe, « Jamais deux sans trois ». Voici donc que, pour clôturer sa belle pièce de théâtre, Bazoum vient de nous sortir son joker ultime, sa carte maîtresse, le « Scofield Show ». C'est-à-dire que quand vous pensez avoir déjà tout vu et entendu, on vous propose un énième long-métrage qui vous fait comprendre que la sorcellerie, comme l'Univers, n'a pas de limites. À ce rythme, on nous annoncera demain soir qu'Ali Bongo a décidé de redevenir musicien et a recommencé les répétitions, afin de Make lui-même le maximum de Noise possible.