Opinions of Tuesday, 19 August 2025
Auteur: Gabriel Kom
À quelques semaines de l’élection présidentielle, le Cameroun vit une scène politique familière: une opposition nombreuse, divisée, mais qui rêve d’union. Onze candidats se dressent face au président sortant Paul Biya, mais tous savent qu’aucune victoire n’est possible sans un minimum de cohésion. D’où ces tractations fiévreuses, menées dans les coulisses, pour trouver le visage d’un candidat unique.
Les discussions en cours ne sont pas de simples marchandages. Elles portent sur des sujets lourds : la résolution de la crise anglophone à travers une conférence inclusive, la révision de la Constitution pour limiter le mandat présidentiel à cinq ans renouvelable une seule fois, et la redéfinition de la forme de l’État. Autant de chantiers qui dépassent la compétition électorale et qui relèvent d’un projet de société.
Dans cette quête, certains noms émergent avec insistance. Maurice Kamto, fort de sa base militante et de sa stature d’homme de droit, est l’un des plus convoités. Son ralliement, ou celui de son parti, pourrait peser lourd dans la balance. Akere Muna, lui, incarne l’ouverture et l’esprit réformateur, avec une vision de modernité qui séduit une partie de l’opinion. Quant à Bello Bouba Maïgari, vétéran de la scène politique, son expérience et son ancrage régional en font un atout stratégique, notamment dans le Nord, vivier électoral décisif.
La question n’est donc plus seulement qui incarnera l’opposition ?, mais l’opposition est-elle capable d’incarnation unique ? Car l’histoire camerounaise l’a montré : les ambitions personnelles et les rivalités partisanes ont souvent pris le pas sur l’intérêt collectif.
Le moment est critique. Soit Kamto, Muna et Bello Bouba réussissent à dépasser leurs égos et à se rallier autour d’un socle commun pour peser réellement dans l’élection ; soit ils se condamnent une fois de plus à jouer les figurants face à Paul Biya, maître incontesté du jeu politique depuis plus de trois décennies.
L’opposition n’a tout simplement pas le droit à l’erreur : si Kamto, Muna et Bello Bouba échouent à s’unir, ils offriront à Paul Biya sa plus belle victoire… sans même livrer bataille.
Et l’Histoire retiendra alors que l’opposition camerounaise n’a pas perdu contre Biya… mais contre elle-même.