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Opinions of Vendredi, 27 Juillet 2018

Auteur: Kand Owalski

Rue Ahmadou Ahidjo: scène malheureuse et choquante des enfants de la rue

Les enfants de la rue constituent un fléau pour les autorités au Cameroun. Les enfants de la rue constituent un fléau pour les autorités au Cameroun.

J'ai vécu hier une scène assez choquante qu'il faut que je vous raconte.

Rue Ahmadou Ahidjo, Yaoundé. Je marche pour me dégourdir les jambes et pour visiter un peu la capitale de mon pays. Voici bien longtemps que je n’y avais pas mis les pieds. Je suis un villageois. Quelque chose me frappe sur le trottoir de cette rue; c'est la présence d'un groupe composite d'enfants. De tous petits enfants. Le plus grand a sûrement dix ans. Ils tiennent tous dans leurs mains une petite assiette vide. Ils demandent à manger aux passants tels de pauvres mendiants. Je regarde ces enfants et je suis perdu au fond de moi-même. Je repense à ma vie; à toutes ces fois où je me suis cru au sommet de la misère dans mon enfance. Tout petit, j'avais des chaussures, j'avais des vêtements, des jouets.

Mais ce que j'avais encore plus, c'était trois repas par jours et la chaleur de mes parents. Ces enfants eux ils n'ont rien de tout çà. Les défroques qui couvrent leur nudité par endroits sont noires de plusieurs moi sans lessive. D'autres n'ont pas de babouches. Chez certains garçons je vois les phallus qui pendent entre les jambes par un trou de leurs culottes. Ils n'ont pas de repas, ils n'ont rien. Je me pose pleine de questions. Je me demande, comment ils font quand ils tombent malades ? Où sont leurs parents? Pourquoi sont-ils là? Ce qui est encore plus effarant c'est l'indifférence avec laquelle les usagers les traversent. Personne n'ose leur offrir ne serait-ce que ce regard compatissant. Et voilà un monsieur bien sapé, beau et élégant au fond de son costume bleu-nuit qui va traverser la route. Le groupe d'enfants l'aperçoit. Une fillette, l'une des plus petites, accoure vers lui avec son assiette.
-- tonton, tonton, pardon. . .
-- va travailler!!!!! Lui dira-t-il avec un ton féroce et sauvage. La gamine va reculer en sursaut mais n'abdiquera pas. Ventre affamé n'a point d'oreille. Elle va s'accrocher à sa veste et tenter de le convaincre.
-- tonton pardon j'ai faim.

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Elle a besoin de pain. Elle reçoit à la place une main sur sa joue. Une grosse gifle, une baffle sèche et retentissante qui va fragiliser son équilibre et l'écraser contre le sol. Quelle Inhumanité! Le monsieur est parti sans se retourner. J'en reviens pas. Je regarde autour de moi et je cherche une plaque. Sommes-nous vraiment au Cameroun? En Afrique ? J'y crois pas. La jeune fille va couler des larmes froides et silencieuses, sans sanglot. En essaim, le groupe des autres enfants viennent la relever, la consoler. "Il est temps de faire quelque chose" que je me dis. Je m'approche des gamins ; là à coté, il y'a un vendeur de beignets maïs. Je lui demande d'offrir à chacun 6 beignets de 25f. Il va le faire. Oupsss! Je me suis mépris. 150 fois 14 ça fait 2100f. Mon devant derrière c'est 1750. Que faire? Les enfants sont déjà entrain de manger. Le vendeur va constater ma gêne.

-- laisse tomber; j'endosse le reste, Qu'il me dit en souriant.
Ouffff! Merci Dieu tout pissant. Être si près d'eux me permet de mieux scruter leur corps. Ils ont presque tous au moins une balafre. Je vais interroger l'un d'entre eux. Il m'apprend qu'il n'a pas de parents. C'est tout ce qu'il me dit. Une autre me dit que c'est son père qui l'envoie dans la rue, elle avait déjà été violée une fois par un monsieur. Un troisième me fait savoir qu'il est orphelin de père et de mère et qu'il n'a nulle part où aller etc. . . évidemment je ne sais que faire. Je ne peux pas les adopter. Je n'en ai pas les moyens. Je suis rentré chez moi; à pied.

Le soir, couché dans mon lit, j'ai repensé à ces pauvres enfants; à leur visage, ces yeux creusés par la misère, ces lèvres en cassures, ces vêtements morcelés et étriqués, cette gifle inhumaine et le stoïcisme de cet enfant. Je me suis demandé combien de gifles comme celle-là elle en recevait au quotidien, combien d'insultes sur sa toute petite personne. J'étais heureux pour ce que j'avais fait. En fait, pour ce que le vendeur et moi avions fait. Mais j'étais aussi triste car aujourd'hui mm ou peut-être hier soir ils seraient encore là à souffrir de famine. Nos actes n'auraient donc été que de simples palliatifs de circonstance, bons pour sauver sa face devant la conscience, mais jamais pour résoudre durablement le problème de ces enfants. "Il faut agir!!!! Il le faut!". Que fait l'État camerounais pour ces enfants? En y pensant en vain, Il m'est venu à l'idée de parcourir le projet de société de Maurice Kamto, histoire de voir si le MRC qui aspire à diriger ce pays avait pensé à ces enfants. "Si ce n'est pas le cas, j'abandonne" que je me dis intérieurement.

En lisant le projet je tombe sur un titre: moderniser le système social. Et là je lis. Le Professeur Kamto n'a rien oublié. Il a fait du Cameroun d'en bas sa préoccupation majeure. Il dit que la société camerounaise ne doit pas se permettre de détourner son regard de cette situation qui est à la fois liée à l'irresponsabilité des parents et à la pauvreté ambiante. Dans la rue, ces enfants font fasse à des problèmes plus grands que leur âge et qu'ils ne peuvent résoudre. Ces problèmes concernent leur alimentation, leur santé, leur sécurité, leur éducation etc, toutes ces choses qui mettent à mal leurs droits les plus élémentaires. Le Président Maurice Kamto dit que s'il est élu le 7 octobre il résoudra ce problème à trois niveaux: agir sur la pauvreté qui en est la cause principale, travailler sur la responsabilité parentale et familiale et œuvrer à la formation et à l'insertion des enfants concernés.

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À le lire, j'ai compris qu'il existait encore des personnes sensibles et soucieuses de notre humanité. L'enfant est dans nos sociétés traditionnelles la plus grande richesse, le plus grand bien. Le préserver de l'adversité, faire de lui un homme ou une femme de valeur utile à la société de demain doit être notre mission. Le MRC l'a compris. Au bout de cette réflexion, je me suis glissé sous ma couverture et j'ai fermé mes yeux pour m'endormir. Le projet du MRC était resté sur mon coeur et le vent frais de Yaoundé filtrant à travers les fentes de la fenêtre le feuilletait délicatement à l'allure d'un souffle. . . le souffle de l'espoir !!!!