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Opinions of Jeudi, 3 Novembre 2016

Auteur: 237online.com

Que valent les lettres de Marafa ?

Marafa Hamidou Yaya Marafa Hamidou Yaya

Une affaire qui visait au fond à attenter à la vie de la famille présidentielle. Au-delà des apparences, ce scandale mêle à la fois les méandres miasmatiques d’un pillage névrotique des deniers publics et la mégalomanie de quelques collaborateurs aveuglés par leurs ambitions successorales.

Il apparait clairement qu’impatientes de pousser leur mentor à la porte de sortie, ’’certaines de ses créatures’’ ont voulu être calife à la place du calife. Sous d’autres cieux, le scandale de l’Albatros aurait donné lieu à des condamnations plus sévères.

De sa cellule du Sed, Marafa se découvre subitement investi d’une prétendue mission messianique. Il veut désormais expurger le Cameroun de tous ses maux. Son activité épistolaire aussi virulente que contradictoire, vise à s’absoudre face au jugement de l’histoire et à brocarder un chef de l’Etat qu’il a servi servilement.

Les philosophes définissent un accident comme la mise en commun de séries causales indépendantes.
Il est donc par nature imprévisible. Et en écoutant l’homélie de l’archevêque monseigneur Mbarga en hommage aux accidentés d’Eséka, on se doit d’observer méditation et compassion devant l’ampleur du drame. La récupération politicienne et le besoin narcissique de se mettre en orbite dont fait montre Marafa, ne peuvent que susciter pitié, dégoût et mépris.

Le passif

Le parcours de Marafa est éloquent à plus d’un titre. C’est en 1992 que cet ex cadre de la Snh fait une entrée fracassante au gouvernement, comme secrétaire d’Etat aux Finances, aux côtés d’un certain Inoni Ephraïm.

Remarquez que ce poste a disparu. Parachuté Sgpr, c’est là qu’il tisse sa toile en construisant un vaste réseau d’affidés dans tous les rouages de la machine administrative. Le poste de Sgpr a perturbé bien de ses prédécesseurs.

C’est en fait une fonction de pouvoir et d’influence. Fonction névralgique s’il en est. Lorsqu’il quitte la présidence pour l’administration territoriale, imbu de sa personne, il manifeste clairement une insubordination notoire envers le Premier ministre d’alors.

Marafa est donc véritablement un enfant gâté du Renouveau. Il aurait pu de sa posture dans la super structure politique, changer le cours des choses, en améliorant l’univers carcéral et le déploiement de la protection civile mise aujourd’hui à rudes épreuves dans la catastrophe d’Eséka. On a plutôt eu droit à l’étalement de son goût prononcé du lucre. Son domaine de Melen n’est-il pas un immeuble de l’Etat qu’il a acquis par un mélange de genre qui mêle trafic d’influence, clientélisme et affairisme ?

A la vérité, Marafa devrait se taire. Il en sait un peu trop sur le scandale des privatisations au Cameroun, des joyaux de notre économie (Oncpb, Snec, Sonel, Régifercam) ont été par pertes et profits cédés à des lobbies de crapulerie insoutenable, avec la bénédiction des Marafa et autres. Qui oserait donc danser sur la tombe des morts et des blessés d’Eséka ?

Mauvaise foi

Il y’a une communication en période de crise. Tous les spécialistes le savent. On ne peut donc pas instrumentaliser la détresse d’autrui pour assouvir des ambitions personnelles. Marafa demeure membre du Bureau politique du Rdpc.

Sa démission de ce parti, pour être cohérent avec lui-même, aurait clairement marqué son refus d’être solidaire de la gouvernance et du leadership actuel du Cameroun. Le déficit infrastructurel qu’il dénonce, est perceptible et compréhensible après les décennies d’ajustement structurel.

Et l’hydre de la corruption qui a paradoxalement vu la cascade des fonctionnaires milliardaires dans un pays en crise, est le mal actuel de ce pays. Des particuliers se sont bigrement enrichis au nez et à la barbe de l’Etat. En déclarant la guerre à tous ces prédateurs, le chef de l’Etat a pris une option pour le moins suicidaire.

Il doit être soutenu dans cette voie. Mais jusqu’où peut-il aller trop loin face à des prévaricateurs qui ont accumulé des trésors de guerre dignes des Emirs des Monarchies pétrolières arabes ? De sa position de bagnard, Marafa a-t-il encore la lucidité nécessaire ? Sa dernière sortie épistolaire trahit une appréciation superficielle et subjective des faits dont il est par trop éloigné aujourd’hui.

Si son dessein est de pourfendre et de brocarder le chef de l’Etat pour nous distraire de la gravité du moment, Marafa et ses conseillers viennent de frapper un mauvais coup. On peut multiplier la recherche des boucs émissaires, mais il faut conjurer le sort, se souder les coudes et explorer les balises d’une véritable reprise en main de notre destin commun. En clair, les grands peuples sont ceux qui tirent des leçons d’une catastrophe aussi grave.

Jusque-là, le transport ferroviaire avait été l’un des plus sûrs au Cameroun. En instituant une commission d’enquête dans laquelle on retrouve essentiellement les membres du gouvernement, le chef de l’Etat n’a pas omis de l’ouvrir à toute autre compétence susceptible de permettre la manifestation de la vérité. Il est de tradition, et cela se vérifie sous tous les cieux, que les résultats des commissions d’enquêtes sont d’abord destinés aux politiques et rarement au grand public. Marafa qui a l’expérience des affaires ne le sait que trop bien.

On peut pérorer sur les résultats des commissions d’enquêtes instituées dans le cadre des catastrophes du lac Nyos, de Youpwè, de Nsam ou de Mbanga Pongo. Mais constatons tout de même que le chef de l’Etat a donné 30 jours à la Commission Yang pour faire toute la lumière sur l’accident d’Eséka. De nombreuses familles ont été éprouvées par cette tragédie.

L’Etat lui-même veut savoir les causes de cette catastrophe, pour en tirer les leçons. Mais l’expert en transport ferroviaire Marafa, semble déjà avoir toutes les conclusions de l’enquête. Qu’il les publie donc. Il sera bien difficile de tirer des conclusions cousues de fil blanc.

Cette catastrophe a bouleversé bien des personnes au-delà du triangle national. Et il faut rester lucide, pour ne pas céder au catastrophisme ambiant devenu l’idéologie politique de Marafa et ses affidés.