Opinions of Sunday, 12 October 2025

Auteur: Cathy Yogo

Que le miracle sénégalais s’opère également au Cameroun ce 12 octobre

J'ai couvert une élection présidentielle la première fois, le 19 mars 2000 au Sénégal. J'étais journaliste- stagiaire au quotidien Walfadjiri. Je sortais à peine de l'Institut Supérieur des Sciences de l'Information et de la Communication (Issic), avec un Master en journalisme. J'avais comme camarade Thierry Ngogang et comme directeur le ministre Abdou Latif Coulibaly.

Alternance

J'étais très émue et surtout honorée de participer à ce challenge plein d'enjeux dans un Sénégal reconnu comme le premier état pluripartiste d'Afrique francophone.

La campagne électorale était préalablement musclée. Les programmes des huit candidats en lice tenaient la route. Le bien être du peuples était au cœur de tous. Ils avaient parcouru des milliers de kilomètres de pistes pour mobiliser leur électorat. Même Abdou Diouf, président du Sénégal depuis 12 ans, pour le compte du Parti socialiste qui lui, régnait depuis 40 ans au Sénégal. Mais, le peuple voulait l'alternance qu'offrait Abdoulaye Wade, le dirigeant du Parti Démocratique Sénégalais tout au long de sa campagne menée sous le slogan Sopi (changement en wolof).

Je me devais d'être impartiale. Pourtant, secrètement j'avais de la sympathie pour mon voisin Wade qui, m'appelait affectueusement la jeune journaliste camerounaise. La pertinence de mes questions lors des points de presse l'interpelait sans doute. (J’habitais Amitié 2 et mon école était au point E). J'étais séduite par sa témérité. Cet avocat s'était présenté 5 fois aux élections présidentielles du Sénégal. J'etais séduite par son programme politique baptisé la vague bleue du Changement. Beaucoup parmi mes collègues Sénégalais aurait également voulu que ce soit Wade le président.

Et comme si Dieu nous avait entendu, la vague bleue a submergé le Sénégal et le 20 mars, président Diouf a reconnu sa défaite face à son adversaire de toujours, le libéral Wade qui s'était battu depuis un quart de siècle pour provoquer l'alternance par les urnes dans un pays qui se veut un modèle de démocratie en Afrique. Challenge remporté avec plus de 60 % de voix. Je me revois coulant des larmes de joie face à la victoire de joie, pensant à mon Cameroun.
Comme hier, je revois également la foule en joie dans les rues scandant Sopi, Sopi.

Je note au passage que la victoire d'Abdoulaye Wade a été rendue possible par une prise de conscience des électeurs qui se sont inscrits en masse, surtout les jeunes, qui pouvaient cette fois voter à 18 ans au lieu de 21.
Elle a aussi été possible par l'union de l'opposition et le ralliement des 5 candidats du premier tours.

Que dire de l'apport crucial des radios privées qui bien que hors la loi, dès le premier tour, armés de leur téléphone portable ont donné les résultats.
N'oublions pas l'élégance de Diouf qui, au matin du 20 mars, passe un coup de fils à Wade et lui dit : Félicitations, je te souhaite plein de succès !
Tout ce long texte pour demander à Dieu que le miracle sénégalais s’opère également au Cameroun ce 12 octobre.
Respectons les gens qui ont vécu.