Vous-êtes ici: AccueilOpinionsActualités2015 11 27Article 346011

Opinions of Friday, 27 November 2015

Auteur: Onana N. Aaron

Pourquoi le Cameroun n'a pas de rentrée littéraire ?

Rendez-vous important sous d’autres cieux, la rentrée littéraire est un moment important qui permet à l’éditeur de profiter pour assurer une large visibilité sur les nouvelles parutions auprès d’un maximum de lecteurs, tout en réduisant les coûts de communication. Elle lui permet également de positionner les nouvelles parutions dans la course vers les plus prestigieux prix littéraires. En France par exemple où la rentrée littéraire apparaît comme une référence mondiale en la matière, avec le prix Goncourt, la rentrée littéraire coïncide avec le lancement des principaux prix littéraires mondiaux.  

Au vu de tout ceci, l’on est curieux de constater qu’au Cameroun, la rentrée littéraire n’existe pas. Dans son édition n°4032 en kiosque jeudi 26 novembre 2015, le quotidien Mutations indique que l’inorganisation de la corporation des métiers du livre est pointée du doigt comme le premier obstacle à la tenue d’un tel rendez-vous au Cameroun.

Pour Hervé Madaya, auteur, la rentrée littéraire est une invention française que beaucoup de pays n’ont pas copiée. «Beaucoup n’y trouvent aucun intérêt et publient leur livre au compte-gouttes tout au long de l’année. Or, en France, c’est la période pendant laquelle paraissent des centaines de livres de fiction. Elle permet aux éditeurs de présenter leur parutions nouvelles: c’est alors la course à plusieurs prix littéraire dont l’obtention fait doubler les ventes».

Pour cet auteur, «pour organiser une rentrée littéraire, il faut réunir un certain nombre de paramètres qui n’existent pas dans beaucoup de pays où les éditeurs ne sont pas organisés. Car, disposant de très peu de moyens pour publier à leur propre compte. Combien de prix littéraire existent-ils au Cameroun ? J’admets que leur instauration ne dépend pas uniquement des éditeurs, c’est important pour le pays ! Mais que font les pouvoirs publics pour les encourager ?».

L’autre raison évoquée est «les camerounais n’aiment pas la lecture», selon Joseph Fumtin, auteur et directeur  de la collection des essais et biographies aux éditions Ifrikiya. La qualité des ouvrages est également un facteur qui détermine la réussite d’une rentrée littéraire. «Bien qu’une rentrée littéraire soit une opportunité de présentation de nouvelles parutions, il est nécessaire que ces parutions soient de bonne facture pour garantir l’attractivité de l’évènement. Dans le cas contraire, on court le risque de créer un effet contraire auprès du public cible», affirme Arthur Pango, directeur central de la maison d’édition Afrédit.