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Opinions of Wednesday, 7 October 2015

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Pierre Semengué, la mémoire sous contrôle

Sous Ahidjo, cet officier a dirigé des opérations contre les combattants de l’UPC.

Il se souvient des dates, des lieux, des acteurs… Pierre Semengué, 80 ans, connaît tout des soixante dernières années de l’histoire du Cameroun. Depuis qu’il a été placé en « deuxième section » de l’armée – une semi-retraite très active -, cet ancien de Saint-Cyr s’épanche dans la presse et donne des conférences.

Il écrit aussi des livres, qui ne seront probablement jamais publiés car suspendus à l’autorisation du président, Paul Biya, qu’il rencontra sur les bancs du lycée Général-Leclerc, à Yaoundé. Semengué demeure astreint au devoir de réserve et ne peut livrer que la version officielle des événements qui ensanglantèrent le Cameroun après l’indépendance.

À l’époque, il était, en tant que capitaine, l’officier camerounais le plus gradé (le chef d’état-major de l’armée était encore français). Il a eu a à diriger des opérations contre les nationalistes, mais refuse de laisser dire que l’armée a failli à son devoir, qu’elle a torturé et tué des civils innocents.

« Ils étaient nos frères ! »

Les maquisards ? « Ils ont été débordés par les radicaux et les bandits. » Les massacres ? « Comment aurions-nous pu en programmer ? Ils étaient nos frères ! » Il dit n’avoir jamais eu de haine pour l’UPC et rappelle que son propre frère, Joseph Mballa, milita pour le parti interdit.

Semengué a choisi de servir l’État et il l’assume ; mais à l’entendre, il aurait pu lui-même virer nationaliste, à l’instar de ses camarades d’école Woungly Massaga et Samson Mondjengue… On sent même chez lui une pointe d’admiration lorsqu’il évoque les qualités de stratège militaire du chef rebelle Joseph Ngandié, alias « Château Dynamite ».