Opinions of Thursday, 14 August 2025

Auteur: William Bayiha

PCRN: un cadre accuse Kamto d'avoir lancé une fatwa gratuite contre Cabral Libii

Pourquoi Cabral Libii est-il pris pour cible par les anciens ministres devenus opposants à Paul Biya ? Les seuls trophées qu’Issa Tchiroma Bakary et Bello Bouba Maïgari brandissent ces dernières semaines sont des militants du PCRN (et d’aucun autre parti) qu'ils auraient débauché.

De leur côté, les partisans de Maurice Kamto (le glacis communautariste qui s’est déjà émancipé du MRC) a-t-il lancé une fatwa gratuite contre le député du Nyong-et-Kelle : « Tout sauf Cabral ! ».

Le tout est adossé sur une communication offensive par voie de presse qui suggère une alliance entre Bello Bouba, Tchiroma Bakary et Kamto.
L’émergence de Cabral Libii menace de rompre l’équilibre communautaire informel qui s’est mis en place au lendemain de l’indépendance dans la société plurale qu’est le Cameroun : le pouvoir doit toujours être une tension entre l’élite peule, les Fang-Beti-Bulu catholiques et occidentalisés et les milieux économico-affairistes Bamileke.

Dans cette configuration, les femmes sont exclues et ne sont tolérées que celles qui sont les épouses des pontes et celles qui peuvent être recyclées dans les groupes d’animation.

Tout ce qui ne cadre pas avec ces pôles désignés arbitrairement doit être éliminé quelque soit l’intérêt des propositions formulées.
C’est une variante de la théorie du triangle équilatéral du juriste Roger Gabriel Nlep de regrettée mémoire. Une alliance communautaire et sociologique inextricable caractéristique de l’espace politique camerounais.

L’urgence aujourd'hui est d’empêcher que le principal adversaire (et le potentiel remplaçant) de Paul Biya n’émerge d’une catégorie différente : ce serait la porte ouverte à toutes les fenêtres à court et à moyen terme.
Que Cabral Libii soit Bassa'a n’est qu'un accident. Qu'il aurait été Peul déclassé, Ekang ancré dans les réalités locales ou Bamileke débrouillard ou même femme qu'il subirait exactement la même bronca de ces héraults du statu quo.
Pour que rien ne bouge, on a oublié que le president sortant est Paul Biya et qu’après 42 ans de règne, son bilan est catastrophique. Pire que les « opposants » qui donnent des leçons de radicalisme à Cabral aujourd'hui ont en tout temps participé au pillage du pays.

Lorsqu'il s’agit du député, aucune fausse information n’est trop osée pour les machines à désinformer. Il suffit de dire que c’est un pion tout en assurant que les anciens ministres sont indépendants.

Signe que la volonté de maintenir les structures du triangle traverse les esprits, Tchiroma a sacrifié sans sourciller Jeanne Nsoga, une alliée de plus de trois décennies sous la pression des partisans de Maurice Kamto.

Sa faute politique était en effet très grave à l’aune de la théorie du professeur Nlep. Elle critiquait les « forces sociologiques » qui ont fait main basse sur les terres du Moungo dans les années 1960-1970. Pour ne rien arranger, c'est une femme.

L’attrait pour le statu quo est tel que même des personnalités en apparence ouvertes pour le « changement », ne serait-ce qu’en termes génerationnels, tels qu’Abdouraman Baba ou mon grand Guibai Gatama font le rang pour que rien ne bouge.