Le feu brûle encore dans notre unité de production de la Dibamba, ce dernier refuge de tout ce que nous avons tenté, de tout ce que nous avons bâti à la sueur du front et à la force du rêve.
N’étant pas au Cameroun, je ne peux qu’observer de loin, impuissant, et pleurer en silence. Les mots refusent de sortir, la gorge est lourde, le cœur aussi. On ne sait jamais vraiment ce que veut dire "perdre", tant qu’on n’a pas vu partir en fumée le fruit de ses années d’effort.
Après un mois de scellé par la gendarmerie avec le ministère des Mines pour des raisons étranges, après la saisie du matériel par une autre unité de gendarmerie pour des raisons de besoin de la bière du Chef, après, après, après, voilà l'enterrement funérailles ce soir.
Cette zone, déjà plongée dans le noir depuis des jours, sans électricité ni vie… D’où vient donc ce feu, à vingt-sept kilomètres de la ville ?
Comment un incendie peut-il naître au milieu des marécages, dans une obscurité où rien ne bouge ?
Il est vingt-deux heures, et la nuit a le goût du chagrin.
Je regarde les images, je cherche une explication, mais il n’y en a pas.
Il ne reste que des cendres, du silence et un immense vide.
Que les auteurs se réjouissent, s’il y en a.
Qu’ils se réjouissent, oui, car ils ont réussi à détruire des bâtiments, des machines et des produits, des années de travail, mais pas une âme.
Le feu a peut-être pris ce que j’ai construit, mais il n’a pas pris ce que je suis.
Je pleure seulement une cinquantaine de collaborateurs qui vont souffrir. Je pleure les partenaires et les poches.
Tant qu'on n'est pas mort, on va toujours essayer!










