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Opinions of Friday, 1 March 2024

Auteur: Wilfried Ekanga

'Non, ce n'est pas Song qui est responsable des coupures d'électricité au Cameroun'

Rigobert Song Rigobert Song

Mes chers parents, je pars…
Non, ce n'est pas Rigobert Song qui est responsable des coupures d'électricité au Cameroun (d'ailleurs personne ne l'a dit). Non, ce n'est pas lui qui a causé la flambée des prix du carburant (ça aussi, nul ne l'affirme). Et ce n'est pas lui qui empêche l'autoroute Yaoundé-Douala d'être achevée (ça non plus je ne l'ai lu nulle part). Ce type de raccourci débile est utilisé par les amoureux de la médiocrité et/ou les frères du village pour masquer la critique de fond qui, elle, est tout à fait factuelle, à savoir la balance négative des résultats ( 6 victoires, 9 défaites et 8 nuls en 23 matches ), en plus de l'absence totale de fond de jeu chez les Lions Indomptables depuis sa prise de fonctions.
Ça se limite à cela !

Le principal argument des amoureux de la médiocrité, c'est de dire que le sélectionneur du Sénégal Aliou Cissé aura attendu sept ans (depuis son arrivée en mars 2015), avant de soulever son premier trophée. Ils se servent de cet élément pour expliquer l'interminable « reconstruction » dont parle le sieur Bahanac depuis deux ans. Sauf qu'ils oublient de mentionner que pendant ces sept années, nos yeux ont vu l'équipe du Sénégal développer une identité de jeu claire, qui permettait de savoir précisément où le sélectionneur voulait aller. Rien à voir avec la navigation à vue et le jeu de hasard que nous a sans cesse livrés le staff camerounais, avec de pénibles qualifications de dernière minute ( Blida, Gambie... ) qui ont dû surprendre Dieu lui-même !

TÉNÈBRE, JE T'AIME

Même le quart de finale face au Cameroun lors de la CAN gabonaise de 2017 fut outrageusement dominé par le Sénégal, qui ne sera éliminé qu'à la faveur des tirs aux buts. On y entrevoyait déjà, en seulement deux ans d'Aliou Cissé, une qualité et une discipline technique de tous les instants. C'est pour cela que les autorités tutélaires sénégalaises ont eu la patience de garder Cissé aussi longtemps ( et la suite leur donnera raison en 2022 ). Bon, il est évident que vous allez me rappeler que le Cameroun avait même fini par remporter la CAN 2017; mais souvenez-vous surtout que cette année-là, le sélectionneur ne s'appelait pas Rigobert Song !

Dans l'absolu, Aliou Cissé compte 60 victoires pour 12 nuls et... seulement 13 défaites ! Autrement dit, il enregistre à peine 4 défaites de plus que Rigobert Song, alors qu'il a dirigé 114 ( CENT QUATORZE ) matches de l'équipe nationale !!! Cela signifie qu'à nombre de rencontres disputées équivalent, notre philosophe national aurait avoisiné les 50 défaites, puisqu'il tourne à environ 45 % de revers ! Vous auriez sérieusement souhaité que l'hécatombe continue ?
Dans la tête des petits esprits nés dans un pays médiocritement dirigé depuis 42 ans, s'insurger contre un bilan aussi pitoyable, c'est être « jaloux » et « aigri ». C'est d'ailleurs la première fois dans l'histoire que tout un président de fédération encourage ses partisans à traiter de « hiboux » ceux qui émettent des critiques objectives envers son management ! De stupides éléments de langage appris par cœur et programmés pour être récités à l'occasion, comme dans une loge pernicieuse portée par un illuminé, spécialiste en envoûtement villageois. Le culte de la médiocrité dans toute son inélégance.

DE LA MISÈRE MENTALE

Et non, le prochain sélectionneur n'aura pas que des victoires à son actif (ce n'est pas ce qu'on lui demande, et c'est d'ailleurs impossible). Et non, on ne veut pas forcément d'Achille Webo comme entraîneur ou de Geremi comme président de la FECAFOOT (encore qu'ils en ont le droit en tant que Camerounais). Et non, ce n'est pas une affaire de Bamileke qui veulent éjecter les Bassa (même s'il faut rappeler à vos pauvres neurones qu'il n'est pas interdit à un Bamileke de critiquer Song ou Eto'o !) Le perfide régime de Yaoundé vous a appris à tribaliser systématiquement les débats, afin d'éviter de traiter le nœud des problèmes, et c'est pour ça que le pays patauge dans la préhistoire et le sous-développement en plein XXIe siècle. Pour ma part, je me fiche royalement de vos délires sur les ethnies. Je dénonce le banditisme de Ngannou Djoumessi sur l'absence d'autoroutes de la même façon que je dénonce l'assassinat de Zogo par Amougou Belinga. Seuls les tribalistes compulsifs sont obsédés par l'angle tribal pour occulter leur propre tribalisme.
C'est le transfert de culpabilité ; une sorte d'effet miroir : projeter sur autrui ce qu'on est soi-même.

Mais c'est vrai, j'ai oublié que c'est Paul Biya ( un Bamileke aigri et jaloux ) qui a récemment annoncé qu'il avait ordonné à Mouelle Kombi ( un autre Bamileke aigri et jaloux ) de prendre les mesures nécessaires pour rectifier le tir, et donc d'acter le non-renouvellement du contrat du manager-platonicien-socratique. Et c'est normal que j'oublie, vu que moi-même, Wilfried Ekanga, Bamileke aigri et jaloux de mon état, n'ai qu'un seul souhait : voir Maurice Kamto sur le banc des Lions Indomptables, et Albert Dzongang à la tête de la fédération. C'est d'ailleurs parce que Vincent Aboubacar est Bamileke que nous avons autant déploré ses 25 minutes passées à s'échauffer. Et c'est parce que Nathan Douala s'appelle en réalité Nathan Baham que nous avons critiqué le fait qu'il ne soit pas entré en jeu ne serait-ce qu'une fois, pour faire valoir ses talents sur le pré. Ah, quand la tête est pleine de soya, c'est tout le corps qui est grillé.